l’incroyable histoire de l’appartement resté figé dans le temps pendant près de 70 ans avec son trésor

Personne n’y avait mis les pieds depuis près de 70 ans… Autant dire que la surprise fut grande pour le commissaire-priseur qui pénétra dans cet appartement du quartier de la Nouvelle Athènes en 2010. Pigalledans le 9ème arrondissement de Paris, figé dans le temps depuis 1942 lorsque son occupant décide de quitter les lieux pour rejoindre le sud de la France sous l’Occupation.

« Dans l’appartement, tout était gris »

A l’origine, cet appartement appartenait à Marthe de Florian, actrice française et demi-mondaine de la Belle Époque qui accueillait alors le Tout-Paris de la Troisième République et notamment des personnalités marquantes telles que Georges Clemenceau, Raymond Poincaré ou encore Paul Deschanel.

Après son décès en 1939 à Trouville, c’est sa petite-fille, Solange Beaugiron, qui occupe les lieux avant de quitter les 140 mètres carrés pour l’Ardèche. Un jour, le commissaire-priseur Olivier Choppin de Janvry est contacté par un juge des tutelles pour procéder à un inventaire des biens d’une vieille dame qui mettait fin à ses jours dans une maison du sud de la France.

Avant d’entrer dans cet appartement, il ne savait pas ce qu’il trouverait en tournant la poignée. Lorsqu’il entre, le temps semble suspendu, comme si l’occupant des lieux avait claqué la porte un matin pour disparaître à jamais.

“L’endroit était figé dans un état de 1900, il y avait un coffre-fort, des tiroirs pleins de lettres, des bibelots de toutes sortes, des dentelles décolorées et même une extravagante autruche en peluche dans l’entrée”, a-t-il déclaré à l’agence. Figaro il y a quelques années.

Marc Ottavi, expert en peinture, qui l’accompagnait, a décrit plus tard la visite sur son site : « dans l’appartement, tout était gris : les murs, les tapis, les meubles, les lustres, la vaisselle. Les couleurs originales se sont fanées avant la couleur du temps.

Les deux hommes se rendent dans la salle à manger avec son mobilier classique du XIXème siècle, le buffet et son buffet, sa table et ses chaises assorties ainsi que le mobilier d’appoint surchargé de journaux et de lettres.

Un tableau vendu 1,8 million d’euros aux enchères

Dans le salon, encombré de meubles et de bibelots, ils découvrent un tableau représentant une femme grandeur nature en robe rose, de profil avec un collier de perles sur son cou nu. L’expert en peinture lâche après quelques minutes d’observation : « un chef-d’œuvre ».

« Sans le savoir encore, j’avais devant moi Marthe de Florian, l’une des plus belles femmes de Paris dont l’extrême élégance avait inspiré le peintre », explique-t-il. L’artiste est Giovanni Boldini, l’un des portraitistes les plus en vue du Paris du début du XXe siècle et dont on ignore précisément s’il a eu une relation avec son modèle. Pour Marc Ottavi, « Boldini l’avait captée dans la plénitude de sa beauté ».

Plus tard, la famille décide de tout vendre aux enchères. Marc Ottavi encore : « pour admirer le portrait, des acheteurs venaient du monde entier, l’examinant minutieusement, le commentant, le critiquant mezza vocce parfois dans le seul but de décourager les autres amateurs ».

Le jour de la vente à Drouot, la foule était au rendez-vous. Le Boldini a été vendu pour 1,8 million d’euros à un Italien. Quant à l’appartement, après avoir été rénové, il a trouvé de nouveaux propriétaires.

L’histoire a donné lieu à un livre de Michelle Gable, L’appartement oublié (Editions des Falaises).

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