La FNSEA et les JA ont lancé un appel à la mobilisation dans toute la France. Dans la Nièvre, les mêmes syndicats ne sont contre rien, mais vont s’organiser dans un premier temps. Les autres syndicats agricoles ne marcheront pas à leurs côtés.
Les agriculteurs sont appelés à descendre dans la rue vendredi 15 novembre. Cet appel émane de la coalition syndicale de la FNSEA et de la JA. Dans la Nièvre, leurs homologues départementaux pourraient rejoindre le mouvement, mais plus tard. En cause, le congrès départemental de la JA58 et de la FDSEA. Interrogés sur leurs motivations à rejoindre le mouvement, les deux syndicats sont convaincus : « trop de choses ne vont pas ».
Le congrès sera également l’occasion pour les deux syndicats de s’organiser. Mais pour l’instant, personne ne commente la date de la manifestation locale.
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Cependant, les raisons pour lesquelles ils retournent dans la rue sont nombreuses. Chez les JA58, Benjamin Maillot est toujours en colère depuis la dernière mobilisation : « On n’a rien eu comparé aux grandes manifestations. Les flux de trésorerie agricoles sont secs. »
Avant de retourner dans la rue, nous allons nous organiser. Nous ne serons pas deux à y aller.
Certains agriculteurs se sont rendus au Conseil régional le 18 octobre pour faire entendre leur colère. « Si rien n’a changé d’ici le prochain conseil, nous serons devant, avec les tracteurs, et non pour déposer le foin. Ce sont les plus calmes qui ont fait le déplacement », raconte l’agriculteur de JA58 avant d’ajouter : « de toute façon, on sait qu’ils n’auront rien fait ».
Cette animosité envers la Région, pour l’agriculteur, vient principalement « de leur incapacité à distribuer les aides de l’Europe. C’est un manque de compétence. »
Pour Benjamin Maillot, la maladie des agriculteurs est aussi une maladie française : « Si tout le monde pouvait manger correctement, nous n’aurions pas de problème dans l’agriculture. Si on descend dans la rue, c’est pour que les Français puissent manger correctement. Quel manager est capable de dire « mange de la merde » ?
Un accord qui ne passe pas
L’agriculteur fait notamment référence à l’accord du Mercosur qui est à nouveau sur la table. Cet accord prévoit l’importation de produits originaires d’Amérique du Sud, mais fabriqués, selon des règles très différentes, depuis la France et l’Europe. Pour les agriculteurs français, « c’est une concurrence déloyale. »
Le problème, c’est le pouvoir d’achat. Si les Français pouvaient acheter nos produits, il n’y aurait aucun problème. Les contraintes sur nos modes de production sont lourdes et cela se répercute sur le panier du consommateur. Malgré cela, nous voulons juste vivre de notre passion.
« Je veux juste vivre de mon métier sans aller manifester. Si je gagne un salaire minimum par mois et que je vis tranquillement, je signe pour une vie comme ça et j’arrête de me syndiquer. Mais nous n’en sommes pas là. »
Emmanuel Bernard de la FDSEA, sur le Mercosur, déplore « le décalage entre les politiques et l’opinion publique. Cet accord a été imaginé il y a 25 ans. Rien n’a changé à l’intérieur. Si quelqu’un avait du bon sens, il verrait que les réalités de l’agriculture ne sont plus les mêmes. »
Le représentant de la FDSEA évoque également les difficultés financières des exploitations, notamment dues aux conditions climatiques qui ont fragilisé les rendements et la qualité des récoltes.
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Pour lui, le combat est avant tout législatif. « Nous attendons avec impatience la loi de finances. Cela devrait simplifier les aspects réglementaires. Aujourd’hui, le mille-feuille administratif est trop compliqué. Il y a aussi des aberrations en matière de fiscalité, certains agriculteurs ne sont pas imposables sur le papier, mais se retrouvent imposés sur toutes les normes et obligations demandées », explique Emmanuel Bernard.
Ce que souhaite la FDSEA, c’est « plus de flexibilité départementale. Pour la récolte ou le broyage, nous sommes contraints par les dates nationales. Mais la réalité est néanmoins bien différente entre le sud et le nord de la France. »
C’est particulièrement le cas du loup. « Tout le monde s’accorde à dire que le loup présent dans la Nièvre est déviant. Mais les législations nationales nous empêchent d’agir efficacement. Si les décisions avaient pu être prises localement, des solutions auraient pu être trouvées. Il faut s’en donner les moyens. »
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Ce qui attriste Emmanuel Bernard, c’est « la perte certaine de plusieurs agriculteurs. Le préfet devrait avoir le pouvoir de changer les choses. Nous savons que nous allons perdre des éleveurs de moutons. Ils abandonneront. Ces dirigeants ne cherchent pas partout. Le préfet devrait avoir le pouvoir de changer les choses. »
Pour lui, avant de retourner dans la rue, il doit d’abord rencontrer la nouvelle préfète de la Nièvre et espère qu’elle sera présente à leur assemblée générale.
Les autres syndicats ne suivent pas
La Confédération Paysanne pourrait également redescendre dans la rue, mais pas aux côtés de la FNSEA. Sylvain Ratheau tient à souligner « les contradictions de ces syndicats. Ils blâment les choses, mais ils ont toujours pu participer aux décisions.
Ils parlent de normes, nous sommes plutôt de rémunération. Les dirigeants de la FNSEA se moquent de leurs adhérents, nous sommes dans la même situation. Ce ne sont pas les normes qui dérangent mes voisins qui sont à la FDSEA, mais leurs revenus. C’est de notre indépendance agricole dont nous devons discuter.
Pour Sylvain Ratheau, cette manifestation « est un coup de force pour mobiliser les troupes avant les élections dans les chambres d’agriculture et faire oublier leur bilan dans ces dernières. »
Bernard Blondeau, de la Coordination rurale, est sur la même ligne. Il déclare que son syndicat ne participera à aucune manifestation avec la FNSEA « Si nous sommes ici, c’est entièrement de leur faute. »
Simon Dubos