La « Fête des Morts », le 2 novembre, est un moment de recueillement pour des millions de Français qui déposeront des fleurs sur les tombes de leurs proches. L’heure n’est plus aux calculs. Et pourtant, c’est une réalité : les frais d’obsèques pèsent lourdement sur le budget des familles. A tel point que la ville de Lyon a décidé de mettre en place un « tarification sociale » sans précédent pour ses cimetières. La proposition doit être soumise au vote du conseil municipal le 12 décembre pour une candidature en mars 2025. La municipalité souhaite proposer trois tranches tarifaires pour une concession funéraire de 15 ans : 360 € pour les familles modestes, 550 € pour les revenus intermédiaires. et 750 € pour les ménages les plus aisés. Contre 525 € pour tout le monde aujourd’hui.
Le prix des concessions est fixé par les collectivités selon la durée : entre 5 et 15 ans, 30 ans, 50 ans ou à perpétuité. A Lyon, il faut débourser 1 315 € pour une concession de 2 m2 vieille de 30 ans. À Marseille 728 €, à Lille 440 €, à Strasbourg 380 €. Et à Paris 3 196 € (et même 16 829 € en concession perpétuelle), quel que soit le cimetière intra-muros. Les prix chez les cimentiers parisiens périphériques sont en revanche bien plus bas : 1 442 € à Bagneux et 861 € à Thiais par exemple.
Des inégalités même dans la mort
« Les inégalités dans la société des vivants se prolongent jusqu’à la mortanalyse Lisa Carayon, avocate, maître de conférences à la Sorbonne Paris Nord, spécialiste du droit funéraire. Les cimetières parisiens ont des statuts différents, certaines parties du Père Lachaise sont même considérées comme monuments historiques. Pour autant, la question de la centralité n’est pas neutre quant à la place des morts dans la ville. Les riches Parisiens sont enterrés à Paris ou dans les cimetières les plus proches et les pauvres à Thiais. »
A Paris, plus encore que dans d’autres grandes villes de France, les cimetières intra-muros sont saturés. “Cette situation s’explique en grande partie par le fait que, jusqu’en 2007, les concessions funéraires vendues aux familles étaient toutes des concessions perpétuelles”, notait la Cour des comptes dans un rapport publié en 2018. Depuis, les choses n’ont pas beaucoup changé: le nombre de places est toujours très limité. Et les prix explosent. « Le système de l’offre et de la demande est indécent pour la mort, d’autant qu’il crée des inégalités. Toutefois, cet argent public sert à l’entretien des cimetières. reconnaît Lisa Carayon.
Là où il y a plus d’espace, c’est-à-dire dans les villes moyennes et surtout en milieu rural, les prix sont souvent plus abordables: 340 € pour une concession trentenaire à Dunkerque, dans le Nord, 200 € à Gérardmer, dans les Vosges, et même 150 € à Fromelennes, dans les Ardennes par exemple.
Les coûts des agences funéraires explosent
Le prix des concessions n’est pas toujours ce qui pèse le plus dans le budget des familles, rappelle le Collectif de la Sécurité Sociale Décès, qui milite pour les frais d’obsèques, “quant à la naissance”, souligne Jean-Loup De Saint-Phalle, l’un des fondateurs. « Les frais des agences funéraires sont souvent les plus chers. Depuis la libéralisation du marché en 1993, les prix se sont envolés. Entre 2014 et 2019, par exemple, ils ont augmenté trois fois plus vite que l’inflation. » note-t-il.
Selon la Cour des Comptes, Les frais d’obsèques s’élèvent en moyenne à 3 350 € pour un enterrement et 3 609 € pour une crémation mais ces chiffres datent de 2014. » Aujourd’huiadds Jean-Loup De Saint-Phalle, on est souvent plus proche de 6 000 à 7 000 €. Le Collectif de la Sécurité Sociale Décès propose également des services funéraires et «l’accord des entreprises funéraires à but non lucratif», explains Alban Beaudouin, co-founder. Les municipalités le font également pour les personnes à faibles ressources, mais les services peuvent varier d’une communauté à l’autre. »
A Lyon, outre la tarification sociale pour l’achat d’une concession funéraire de 15 ans, la mairie veut geler les tarifs des pompes funèbres publiques à partir de 2025.