Faute de candidats, un restaurateur du Lot engage un robot serveur – 28/05/2024 à 16h08

Faute de candidats, un restaurateur du Lot engage un robot serveur – 28/05/2024 à 16h08
Faute de candidats, un restaurateur du Lot engage un robot serveur – 28/05/2024 à 16h08

Geoffrey Ruamps, directeur du restaurant Cap 180, pose avec le robot serveur “Bella” dans son restaurant, à Cieurac, dans le Lot, le 14 mai 2024 (AFP / Matthieu RONDEL)

« Chers clients, votre commande est prête, merci de retirer vos plats du plateau ! » L’invitation ne vient pas d’un serveur paresseux, mais d’un robot, dernier recours d’un restaurateur lotois face aux difficultés de recrutement croissantes que connaît son secteur.

L’arrivée de la saison n’est pas tellement un problème pour Geoffrey Ruamps, 33 ans, dont le restaurant Cap 180 à Cieurac, près de Cahors, n’ouvre que le midi en semaine et accueille principalement des salariés des activités voisines. Il a besoin d’aide toute l’année pour desservir ses 60 à 70 sièges.

“Depuis le Covid, c’était très, très compliqué”, raconte-t-il. Les rares candidats, qui ont dû se faire tester malgré leur inexpérience, ont fini par jeter l’éponge. La restauration est, dit-il, un secteur « difficile », « qui ne fait plus rêver ».

Selon une étude récente du ministère du Travail, 75% des entreprises du secteur de l’hébergement-restauration déclaraient fin 2022 rencontrer des difficultés de recrutement.

Alors à défaut de serveurs en chair et en os, Geoffrey Ruamps s’est tourné vers ceux constitués de métal et de puces électroniques.

Le robot serveur « Bella » au restaurant Le Cap 180, à Cieurac, dans le Lot, le 14 mai 2024. Créé par la start-up chinoise Pudu, le robot est équipé de capteurs qui lui permettent d’identifier les obstacles et de reconnaître les tableaux (AFP / Matthieu RONDEL)

Pour 20 000 euros, il a retenu les services d’un BellaBot, sorte de tour blanche sur roues d’environ 1,30 mètre de haut, ornée d’oreilles de chat et d’expressions faciales, ainsi que surtout de quatre plateaux superposés grâce auxquels elle peut servir plusieurs tables. .

Son fonctionnement, en théorie, est très simple : après avoir scanné la disposition des tables dans la salle, le robot peut apporter les plats de la cuisine aux clients, qui se servent eux-mêmes. « Bella » détecte alors l’absence des plaques et peut repartir.

«C’est un gain de temps énorme», constate le patron. “Mais il ne prend pas de commandes, il ne s’occupe ni du bar ni des cafés… Cela reste de la pure robotique, donc un fonctionnement très, très limité.”

– « Réfractaires » –

Et puis, en pratique, ça se complique. Ce jour-là, Geoffrey Ruamps et son épouse Stéphanie Fourmy, 38 ans, formaient deux grandes tables pour les réservations. Perturbée par le changement de disposition des tables, Bella s’arrête à quelques mètres des convives. Le propriétaire des lieux doit donc l’accompagner pour assurer la prestation.

Le robot serveur « Bella » au restaurant Le Cap 180, à Cieurac, dans le Lot, le 14 mai 2024. Créé par la start-up chinoise Pudu, le robot est équipé de capteurs qui lui permettent d’identifier les obstacles et de reconnaître les tableaux (AFP / Matthieu RONDEL)

Il intervient également auprès d’autres clients, que le robot avait pourtant réussi à joindre. A la fin du service, le restaurateur aux bras tatoués et à la voix douce explique : « Certaines personnes sont un peu réticentes » à se servir.

La plupart des clients, souvent des habitués, comprennent « totalement » le processus. Après la surprise, ils s’y sont habitués et certains ont même trouvé amusant que Bella, quand on lui caressait les oreilles, se mette à miauler.

D’autres sont moins compréhensifs, comme Laurence Valentin, 58 ans, qui affirme : « Si on payait mieux les gens, on aurait peut-être de la main d’œuvre !

Le robot serveur « Bella » au restaurant Le Cap 180, à Cieurac, dans le Lot, le 14 mai 2024. Créé par la start-up chinoise Pudu, le robot est équipé de capteurs qui lui permettent d’identifier les obstacles et de reconnaître les tableaux (AFP / Matthieu RONDEL)

Cependant, Geoffrey Ruamps affirme avoir proposé 1 200 euros net pour 25 heures par semaine, soit près de 2 000 euros par rapport au temps plein. « Finalement, on ne parlait même plus de salaire. Si quelqu’un avait besoin de 100 ou 150 euros de plus, on faisait la queue, on n’avait pas le choix », confie-t-il.

Face au « désarroi » du secteur, le président de l’Union des métiers et industries de l’hôtellerie du Lot (UMIH 46), Quentin Pivaudran, dit aussi comprendre l’usage des robots serveurs. « C’est triste, mais ça a le mérite de marcher », dit-il.

Mais selon lui, le phénomène n’a pas vocation à se généraliser. “Il y a certains types de restaurants où cela ne fonctionnera jamais.”

 
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