Agricultrices, violences faites aux femmes, accès aux soins, financement… La secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Salima Saa, a exposé ses priorités en Corrèze ce vendredi. Un département où elle a été préfète entre 2020 et 2022.
La secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes Salima Saa est en Corrèze ce vendredi 25 octobre. Une visite qui l’emmène de Chameyrat à Sainte-Fortunade en passant par Objat et Brive. Rencontre avec l’ancien préfet du département, venu prendre le pouls du terrain et soulever les besoins en matière d’égalité.
Pourquoi avoir choisi la Corrèze pour votre premier voyage en Province ? C’est un département dans lequel j’ai été préfet et auquel je suis extrêmement attaché. Il était important pour moi de mettre en avant les femmes rurales, les agricultrices. Il y a des spécificités pour les femmes lorsqu’elles travaillent dans des exploitations agricoles comme ici et il est important d’être en contact avec elles, de les écouter, de comprendre leurs difficultés. J’ai rencontré des jeunes femmes motivées pour reprendre des exploitations agricoles, qui sont accompagnées par la Chambre d’Agriculture composée ici de manière assez égalitaire.
Que ressortez-vous de ces échanges ? Il y a encore des obstacles, comme ils l’ont dit. Des freins psychologiques avec parfois moins de crédibilité qu’un homme lorsqu’ils vont voir le banquier. Il y a aussi un sujet que je n’ai pas mesuré : c’est l’adaptation des machines agricoles aux femmes. Je pense que les fabricants de ces machines doivent être accompagnés par des femmes ingénieurs pour prendre en compte les morphologies et adapter les machines aux femmes. Nous aurons alors fait de grands progrès. Autre marge de progrès, aide à la prise en charge des enfants, accès aux soins, aux services publics, il faut développer le « aller vers ».
Êtes-vous également venu aujourd’hui parler des violences faites aux femmes, tristement illustrées ces jours-ci par le procès pour viol de Mazan ? Selon vous, que va-t-il en ressortir ? Les violences faites aux femmes sont un sujet majeur qui nous touche au quotidien et ce procès Mazan choque tout le monde par ce sentiment d’horreur, de dégoût et d’étonnement. Il met en avant la soumission chimique, la notion de consentement et s’il doit y avoir un débouché politique à ce procès, c’est de travailler sur cette définition du viol.
Etes-vous favorable à l’introduction de la notion de consentement dans la loi ?
Nous y travaillons avec le Garde des Sceaux. Il faut être prudent avec la formulation et veiller à ce qu’elle reste dans l’intérêt des victimes. C’est là le souci : faire attention à la manière dont cela sera écrit dans le texte pour que les victimes restent toujours protégées.
La maison de la soie de Brive accueille les victimes de violences conjugales
Comment pouvons-nous garantir que les plaintes pour violences sexuelles soient davantage traitées ? Il y a un sujet sur la collecte de preuves et un sujet sur le montage des dossiers. J’aimerais travailler à une meilleure formation des policiers ou des associations qui accueillent ces victimes pour que les dossiers soient bien préparés et permettent de mener à bien la procédure.
Faut-il éduquer les garçons différemment aujourd’hui ?
L’éducation est pour moi la matière clé. Il ne s’agit pas seulement des garçons, mais aussi de l’éducation de tout le monde. Il y a cette loi de 2001 avec ces trois sessions scolaires obligatoires, qui n’est pas appliquée. Je travaille avec le ministre de l’Éducation nationale pour les mettre en place. Pour moi, il s’agit bien d’éducation et du triptyque : protéger, éduquer et agir.
La cause de l’égalité entre les hommes et les femmes peut-elle être entravée par les restrictions budgétaires ?
La bonne nouvelle pour mon secrétariat d’État, qui est un secrétariat d’État de combat, c’est que j’ai réussi à avoir une augmentation budgétaire de 10 %. Nous continuerons le combat et les actions.
Concernant les associations, nous en discuterons également avec le préfet chargé des enveloppes départementales, pour les financer, mais aussi pour évaluer les actions, corriger ce qui ne fonctionne pas, poursuivre celles qui fonctionnent. C’est important d’évaluer, car c’est de l’argent public.
Recueilli par Laetitia Soulier