Le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) a appelé jeudi les pouvoirs publics à rendre “accessibles et remboursables” les tests de détection des soumissions chimiques, y compris sans dépôt de plainte, pour améliorer la prise en charge des victimes potentielles. .
L’assujettissement chimique consiste en l’administration de substances psychoactives à un individu, souvent une femme, à son insu, à des fins telles que l’agression et le viol.
Aujourd’hui, le coût des « tests et analyses » pour détecter ces substances peut « atteindre 1 000 euros », et « le seul moyen d’obtenir le remboursement de ces tests est de porter plainte », déplore le Cnom dans un communiqué.
« Cependant, les personnes victimes de soumission chimique le font rarement, en partie à cause de l’amnésie qui peut survenir lors de l’administration. De nombreux facteurs compliquent considérablement le processus de dépôt de plainte et rendent d’autant plus nécessaire une intervention de détection précoce accessible à tous les patients, sans conditions de ressources », poursuit-il. Par ailleurs, ces tests « ne peuvent être réalisés que dans des laboratoires experts en toxicologie ».
« Les médecins, souvent en première ligne pour accueillir et accompagner ces victimes, doivent être formés pour identifier les signes de soumission chimique, mais surtout disposer des outils nécessaires pour confirmer leur présence », argumente encore l’Ordre.
Payer ces tests sur prescription médicale via l’Assurance maladie « inciterait davantage de victimes à se faire dépister rapidement, et renforcerait ainsi leur accès à la justice et aux soins adaptés », insiste-t-il, soulignant « la gravité et l’urgence » de ce « problème de santé publique ».
L’emblématique procès Mazan, dans le sud de la France, où sont jugés 51 hommes, dont Dominique Pelicot – un septuagénaire qui a recruté des dizaines d’hommes sur Internet pour venir violer sa femme droguée aux anxiolytiques depuis dix ans au domicile du couple. – mettre en lumière la soumission chimique.
Le phénomène s’est également fait connaître lorsque la députée centriste Sandrine Josso a porté plainte en novembre 2023 contre Joël Guerriau, sénateur (centre droit), qu’elle accuse de l’avoir droguée en vue de l’agresser sexuellement.