Le linge sèche tant bien que mal sur une sangle tirée entre deux arbres. Les pulls humides tendent les manches au chariot métallique et aux deux tentes dont l’une, déstructurée, enserre un matelas en mousse. Assis sur sa chaise, Mamadou, 29 ans, mange dans un bol en plastique tout en observant les passants, les joggeurs et une rivière brune qui gonfle au fil des heures. “Je ne partirai pas d’ici tant que je n’aurai pas un endroit où vivre.” L’eau va monter mais où vais-je aller ? »maudit froidement celui venu du Mali pour trouver du travail en France.
Pourtant, dans quelques heures, il n’aura plus le choix. La Loire aura pris possession de son camp de fortune installé il y a neuf mois.
De fortes pluies tombent en amont de la Loire
” Là-bas (towards La Riche) il y avait trois personnes »fait remarquer Mamadou. Ils n’avaient pas d’autre solution que d’abandonner les chauffe-mousse devenus la propriété des cygnes naviguant par ici.
En l’espace d’une journée, la Loire est montée d’un mètre. Les inondations continueront pendant deux jours. La rivière devrait atteindre 3,87 m dans la nuit du mercredi 23 octobre au jeudi 24 octobre 2024. Une crue automnale due à de fortes pluies en amont de la Loire et qui pousse les sans-abri vivant au bord du fleuve à trouver un autre logement.
Dès l’annonce de l’inondation, la police municipale de Tours a fait le tour des campements de fortune pour avertir les sans-abri qu’il fallait les évacuer. Une mission répétée jusqu’à ce que les personnes vivant dans les refuges puissent être directement contactées.
Une mission que la Croix-Rouge a également accomplie lors de ses maraudes. « Notre rôle était de faire de la prévention. Nous invitons les gens à aller plus haut »précise Cloé Guinedot, responsable de l’équipe sociale du Samu. Recommandations répétées à chaque maraude : « Ce sont des publics moins vigilants. Ils se disent qu’ils ont le temps mais l’eau monte vite. » Un message reçu cinq sur cinq par l’un des sans-abri, qui a déplacé son campement un bon mètre plus haut, entre le pont Wilson et le pont Napoléon.
Un chiffre difficile à estimer
Combien de personnes vivent chaque jour sur les bords de la Loire ? Impossible de donner un chiffre précis. « Début septembre, il y avait quatre à cinq tentes qui se trouvaient du côté Paul-Bert.says Cloé Guinedot. Ici (mardi 22 octobre 2024)nous avons reçu une photo d’une des tentes qui se trouvait au milieu de la Loire. » Les occupants, qui ont trouvé un logement, avaient plié bagage depuis plusieurs semaines.
Maintenant que le fleuve est monté, où sont les habitants éphémères des bords de Loire ? La plupart d’entre eux ont disparu dans la nature. « Certains ont planté leurs tentes ailleurs. Il y en a beaucoup, on ne sait pas où ils sont.reconnaît le patron du Samu social. Vont-ils réapparaître lorsque le niveau de l’eau baissera ?