Au Maroc, un restaurant met « en lumière » les personnes handicapées mentales

Au Maroc, un restaurant met « en lumière » les personnes handicapées mentales
Au Maroc, un restaurant met « en lumière » les personnes handicapées mentales

Fadoua Lamrani se souvient de sa joie lorsqu’elle a été embauchée il y a huit ans comme serveuse dans un restaurant près de Rabat, au Maroc, qui employait des personnes handicapées mentales et s’était donné pour « défi » de les en sortir. invisibilité.

“J’adore ce métier, j’étais très heureuse quand on m’appelait à travailler ici alors que je passais mes journées à la maison”, raconte cette femme de 33 ans, juste avant le service du déjeuner dans ce restaurant situé dans une ferme de Salé.

Elle fait partie de la soixantaine de personnes handicapées mentales qui travaillent dans cet espace du Centre d’insertion et d’aide par le travail (Ciat), après deux ans de formation adaptée.

Tandis que certains ont choisi d’être aux fourneaux ou d’assurer le service en salle, d’autres travaillent à la ferme en cultivant des légumes ou en s’occupant des animaux, accompagnés de personnes valides.

Le projet Ciat, créé en 2016 et soutenu par des partenaires publics et privés, vise à dépasser les « considérations sociales et culturelles » pour aider les personnes en situation de handicap cognitif à se faire une place sur le marché du travail, explique son directeur, Said Beqqal.

Les employeurs “ont peur d’embaucher des personnes handicapées ou de ne pas savoir comment gérer cette situation”, regrette-t-il auprès de l’AFP.

Au Maroc, le taux de chômage des personnes handicapées est de 47,65%, selon l’enquête nationale handicap de 2014.

Particulièrement touchées, les personnes handicapées mentales bénéficient depuis 2010 de formations professionnelles adaptées dans la restauration, la vente en magasin ou encore l’agriculture, à l’initiative du Centre national Mohammed VI pour les handicapés.

– « Changez votre regard » –

« Nous sommes déjà venus ici parce que le cadre est agréable mais aussi parce que c’est bien si nous pouvons participer à des initiatives comme celle-là », salue Mohammed Hommani, un client.

Dans la ferme d’où proviennent les produits utilisés en cuisine, Imad Moufid, 31 ans, confie avec enthousiasme sa capacité « à cultiver tous types de légumes ou de fruits ».

Employé par le Ciat après une formation en agriculture et en élevage de volailles, il peut désormais « aider (financièrement) sa mère », confie-t-il fièrement, disant vouloir « continuer à travailler » à la ferme.

Même si elle est heureuse, Fadoua rêve de travailler « dans n’importe quel autre restaurant comme n’importe quelle autre serveuse », tandis que son collègue Ismaïl El Tabaa, 33 ans, ambitionne d’ouvrir son propre restaurant.

Depuis 2016, six autres centres de formation ont vu le jour avec 228 étudiants actuellement, et 42 de ses diplômés « ont été intégrés dans des entreprises extérieures », selon le directeur du Centre Mohammed VI pour handicapés, Abdellatif Mouatadid.

Ces efforts « restent insuffisants pour répondre aux besoins des personnes handicapées mentales au niveau national », concède sans désespérer M. Beqqal.

Le Ciat a sponsorisé un autre restaurant à Temara, au sud de Rabat, et travaille à l’ouverture d’autres établissements, tout en participant à des salons et autres activités publiques pour mettre ses recrues « en lumière », selon le gérant.

L’idée est de « changer le regard de la société sur le handicap », résume Dounia Zine El Abidine, responsable des réservations du restaurant. “C’est un défi qui nous attend.”

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV A Yverdon, un compromis de la Commune sur le parking de la gare
NEXT test transformé pour les internes en médecine dans le Gers