images inédites de la laiterie La Viette exhumées à Vouhé

Lorsqu’elle a définitivement fermé ses portes sur 126 ans d’histoire laitière le 25 novembre 2022, il a été véritablement navrant de constater qu’aucun événement, même symbolique, n’est venu saluer la mémoire de plus d’un siècle de vie coopérative à la laiterie La Viette, aux limites des communes de Vouhé et Saint-Pardoux-Soutiers.

“C’est la mémoire des lieux et de tous ces gens qui est en jeu”

On sait désormais que l’enterrement secret d’un tel beurre phare AOP Poitou-Charentes n’a pas eu lieu dans l’indifférence générale. La preuve avec tous ces trésors de la vie autour de La Viette qui viennent d’être exhumés à Vouhé.

Grâce au vaste travail ethnologique de Jean-Louis Neveu qui a rassemblé des témoignages oraux et photographiques, des archives et même cinq films anciens, des documents inédits pourront être présentés au public le vendredi 8 novembre 2024 à Vouhé. Presque exactement deux ans après la fermeture de ce pan du patrimoine industriel et agricole gâtinois.

Jean-Louis Neveu, 68 ans, parmi les pionniers de Geste éditions et du Cerdo, près de trente ans de vie professionnelle à l’UPCP-Métive, poursuit ensuite son chemin vers les archives publiques. Ce n’est finalement pas un hasard si l’on retrouve cet habitant de Vouhé comme un formidable transmetteur de mémoire, tant son travail d’ethnologue, sa passion pour la recherche documentaire et son goût pour l’histoire locale et le patrimoine industriel prennent tout leur sens avec cette belle somme exhumée et mise en valeur par lui.

« L’annonce de la fermeture m’a alerté même si j’étais déjà intéressé par cette laiterie. Le fait que La Viette soit fermée sans rien me dérangeait. Et encore plus imaginer la disparition de toutes les archives avec cette fermeture », camp Jean-Louis Neveu.

Six mois avant la fermeture, il a fait les démarches. La laiterie n’a accédé à sa demande… qu’une semaine avant le rideau final. « Les archives avaient disparu et les chaînes d’usines démantelées, mais je voulais filmer les derniers gestes » il confie.

Alors qu’il effectuait simultanément des recherches sur le patrimoine religieux de Vouhé, il tombe sur un véritable trésor dans la famille d’Étienne Couturier, descendant de Paul Couturier, qui fut le premier directeur général des Laiteries du bocage gâtinais, qui faisaient partie de La Viette, au carrefour du 19^e et 20^e siècles. “C’est Jules Antoine Couturier, père de Paul et maire de Vouhé, qui a donné l’autorisation pour l’ouverture de La Viette”, il explique. Parmi ces documents familiaux, on retrouve l’acte de création de la coopérative La Viette en 1927.

Jean-Louis Neveu a pu mettre la main sur des séquences filmées par les caméras de Michel Boinot (sur montages de Pierre Coulais) et à travers les yeux de Raymond Michaud qui, avec son frère Robert, composait si jeune un duo sur la turbine laitière, à la époque de ceux qui « géraient la maison » de la laiterie pendant la guerre.

L’appel du 8 novembre

D’une tournée de collecte de lait avec une charrette tirée par une chèvre à un match de football d’entreprise entre les laiteries de La Viette et de Mazières au printemps 1965, en passant par le camion en boucle dans la campagne jusqu’à la cour du Château de La Guyonnière pour remplir ses canettes, ces films sont des trésors.

“C’est la mémoire du lieu et de tous ces gens qui est en jeu et si on n’en prend pas soin, elle disparaîtra avec cette dernière génération”, soutient Jean-Louis Neveu. Il espère que cette première soirée du vendredi 8 novembre servira de chambre d’appel aux photos, documents et témoignages encore enfouis sur ce sujet vibrant qui touche la mémoire collective de La Gâtine plus qu’on ne le pense.

Vendredi 8 novembre 2024, à 18h30, salle des fêtes de Vouhé, projection de films sur la laiterie La Viette et conférence de Jean-Yves Carou, ancien maire de Vouhé qui fut directeur de la laiterie. ENTRÉE LIBRE.