Décès de Jean-Claude Gaudin, le dernier baron de Marseille

Décès de Jean-Claude Gaudin, le dernier baron de Marseille
Décès de Jean-Claude Gaudin, le dernier baron de Marseille

Gaudin est mort. Cela faisait déjà plusieurs années que l’ancien maire de Marseille (de 1995 à 2020), malgré toute son expérience, n’avait plus d’influence ni dans sa ville ni dans la vie publique en général. Monument politique rarement réalisé, Jean-Claude Gaudin est décédé ce lundi à son domicile varois, à l’âge de 84 ans, comme l’a annoncé Emmanuel Macron sur X.

Au crépuscule de sa carrière, l’homme, si souvent vêtu de son costume bleu foncé à fines rayures, aimait se décrire avec malice comme un « dinosaure ». Une flatterie pour lui-même : exaltation du cuir épais de celui qui a gravi les échelons et d’une longévité dans les affaires qui en ferait pâlir plus d’un.

Né en 1939, le fils de Mazargues, quartier populaire de la cité marseillaise, avait commencé tôt. Il a 25 ans lorsqu’en 1965, il est élu pour la première fois conseiller municipal de Marseille, sur les traces du géant de l’époque, Gaston Defferre. Le jeune Gaudin continue à travailler comme professeur d’histoire et de géographie dans le secteur privé pendant une quinzaine d’années, mais c’est par la politique qu’il cherche véritablement à embrasser les annales.

À 39 ans, il entre à l’Assemblée nationale, drapé d’une nouvelle écharpe tricolore. Puis, pêle-mêle, le fils du maçon devient conseiller général puis patron de région, maire du 4e secteur de sa ville, entame une carrière agitée de sénateur avec laquelle il ne rompt qu’en 2017.

“C’était quelqu’un qui arrondissait les angles, un arrangeur”

La loi sur le cumul des mandats lui impose alors de choisir entre le Palais du Luxembourg, dont il est devenu vice-président, et son fauteuil de maire de Marseille, avec vue sur la Bonne Mère. La question ne s’est pas vraiment posée. Sous Jacques Chirac, il fut également un éphémère ministre de l’Aménagement du territoire (1995-1997). Comme Gaston. Issu de l’UDF, il participe à la fondation de l’UMP en 2002 et en devient l’un des vice-présidents.

Que faut-il en tirer ? « C’était un sénateur très politique, pas un technicien, quelqu’un qui arrondissait les angles, un arrangeur », se souvient son collègue le sénateur LR des Hauts de Seine, Roger Karoutchi. Un politicien fou, courtois et qui n’hésite jamais à dire un bon mot. Le Sénat s’est levé à l’unanimité pour l’applaudir lors de la dernière session qu’il avait présidée, faisant couler des larmes sans précédent à cet homme connu pour être modeste et secret.

« Un pur opportuniste », disait un jour Patrick Mennucci, figure socialiste marseillaise. Gaudin n’avait-il pas pactisé avec le Front National pour prendre la région en 1986 ? « Un accord technique », a toujours écarté l’intéressé, généralement peu content de ce rappel des faits.

A Marseille, Jean-Claude Gaudin a eu plusieurs dauphins, de l’éternel Renaud Muselier à Bruno Gilles et Martine Vassal. Aucun n’a pu lui succéder ; certains diront qu’il a travaillé dur pour les faire échouer.

“Je n’ai pas tout bien fait, je sais, mais j’y ai mis du cœur”

Passionné d’histoire, il a toujours été extrêmement soucieux de l’empreinte qu’il laisserait dans la mémoire collective. Une inquiétude devenue obsession au moment de remettre les rênes de « sa » ville. Le drame de la rue d’Aubagne en novembre 2018, l’effondrement de ces immeubles vétustes qui a fait huit morts, servira de tache indélébile à son bilan. Un nuage noir qui l’accompagnera jusqu’au bout sous forme de cauchemars, même après son départ de la politique.

« Je n’ai pas tout bien fait, je le sais, mais j’y ai mis du cœur », nous a-t-il déclaré de sa voix grave, à la fin de la course, laissant toujours transparaître l’angoisse de sa mémoire : « J’aimerais qu’ils disent J’étais un bon maire. »

Dans sa deuxième maison de Saint-Zacharie (Var), il s’est ensuite retiré pour donner sa propre version des faits (« Maintenant je vais tout vous dire… », 2021) : un testament partiel en vue de réhabiliter, surtout En tout, vingt-cinq années passées au service des Marseillais.

«Ma vie a été politique», nous a-t-il encore dit. Et maintenant Gaudin est mort. Il ne laisse derrière lui aucun autre héritier que Marseille, qui se souviendra de ce personnage au style très païen. Un morceau de son histoire.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Chaumont remporte la Coupe de l’Oise aux tirs au but contre Choisy
NEXT le match que vous n’avez pas vu – .