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Lundi soir, les agriculteurs de l’Ariège ont restitué à la préfecture les 200 panneaux de sortie de ville volés la semaine dernière. Une action symbolique pour souligner une nouvelle fois la crise à laquelle est confronté le monde agricole.
A l’initiative de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA) de l’Ariège, près de 200 agriculteurs se sont rassemblés dans la soirée du lundi 21 octobre pour remettre au préfet Simon Bertoux autant de panneaux de sortie de ville déverrouillés au cours de la semaine dernière.
Dans le calme, au moins 200 panneaux ont été déposés devant la préfecture ou accrochés aux portes. Au-dessus, de grandes bâches étaient étalées où l’on pouvait lire : « Pas de pays sans paysans » et « Les paysans ma passion, mais quelle déception ». Plutôt que de retourner à nouveau les panneaux d’entrée et de sortie de la ville comme ils l’ont fait l’hiver dernier, ils ont cette fois préféré les voler pour appuyer leur colère et demander à l’Etat des « mesures concrètes ».
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Dix mois après la mobilisation historique dans toute la France, le score n’est clairement toujours pas là, déplore Sébastien Durand, vice-président de la FDSEA 09. « Nous attendons toujours des mesures. Nous voulons montrer à l’État que nous sommes unis et l’opinion publique dit que nous n’en pouvons plus. Nous vivons pour l’agriculture, nous travaillons 90 heures par semaine et nous ne pouvons plus nous nourrir ni gagner un salaire minimum.
Même s’il tient encore à souligner le soutien du préfet de l’Ariège au monde agricole, l’enveloppe budgétaire est loin d’être suffisante pour faire face, entre autres, aux conséquences de la maladie hémorragique épizootique (MME), et plus récemment pour le remboursement de vaccins contre FCO8 et FCO3. « Il ne faut pas oublier que l’Occitanie est la région où on a les revenus les plus faibles de France, poursuit Sébastien Durand. Dans nos fermes, nous avons des avortements, des problèmes de production de lait. En mouton, on en produisait 500 grammes il y a dix ans, aujourd’hui nous n’en sommes qu’à 200 grammes.
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Il devient même de plus en plus difficile de donner envie aux jeunes agriculteurs de s’installer, renchérit Kévin Audouy, président des JA de l’Ariège. « Il n’y a aucun changement. Nous connaissons chaque année des crises sanitaires, sans oublier le problème de l’eau. Cette année, nous allons avoir besoin de vous, Monsieur le Préfet.
Par cette action symbolique, les agriculteurs, venus nombreux, ont voulu manifester leur inquiétude. « Beaucoup de choses ont déjà été faites », explique Simon Bertoux, notamment l’annonce d’un fonds de soutien aux élevages touchés par le FCO8, très répandu en Ariège, ainsi que la prise en charge du vaccin contre le FCO3. “Toutes ces annonces sont importantes et permettront de remédier à l’essentiel des dégâts économiques”, poursuit le préfet. Nous avons également des questions très techniques sur la PAC (politique agricole commune) qui sont abordées. En tout cas, l’Etat est mobilisé, nous œuvrons pour leur apporter des réponses.»
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Concernant l’accès au vaccin FCO3 pour les agriculteurs, le préfet ajoute qu’il a été rendu gratuit pour le département de l’Ariège et que les vétérinaires peuvent le commander depuis quelques jours.