le monde ostréicole de Charente-Maritime est en crise

le monde ostréicole de Charente-Maritime est en crise
le monde ostréicole de Charente-Maritime est en crise

Le 25 septembre, ils n’avaient surtout pas prévenu les médias, dont ils se méfient depuis les épisodes de contamination d’huîtres aux norovirus l’hiver dernier. Une quarantaine d’ostréiculteurs de Charente-Maritime et de Bretagne ont été invités chez plusieurs chargeurs et courtiers de l’île d’Oléron pour protester contre “les stocks vendus à prix cassés”. Une action sans publicité menée par de jeunes producteurs, en grande difficulté depuis plus d’un an, qui voient se profiler un avenir sombre.

Les huîtres ne sont plus populaires. Frappé en décembre 2023 par les fermetures temporaires des zones de production du bassin d’Arcachon, du Calvados et de la Manche, le secteur est en berne sur toute la façade atlantique. La faute au consommateur qui a joué la précaution. Malgré les contrôles et analyses positives des huîtres de Charente-Maritime, peu de gens se sont aventurés à goûter ce produit phare des vacances, qu’il vienne de Marennes ou d’ailleurs. L’offre et la demande ne s’équilibrent plus. Les ostréiculteurs voient les prix de vente baisser, tandis que les coûts de production continuent d’augmenter. C’est une mainmise, un étranglement pour ceux qui, il y a deux ans, vendaient leur douzaine d’huîtres à 3,50 euros, contre 1,50 à 2 euros aujourd’hui.

L’exception sanitaire charentaise

«Ça a explosé avec la crise des norovirus fin décembre 2023», explique Philippe Morandeau, président du Comité régional de conchyliculture (CRC) de Charente-Maritime. Mais le déclin de la consommation avait déjà commencé. Nous en parlons depuis environ deux ans. Mais jusque-là, les prix résistaient année après année. » Victime collatérale de l’inflation, l’huître, produit de plaisir et de fête, n’est pas une denrée essentielle dans les ménages. « Le marché est très fébrile, très tendu », réagit Laurent Champeau, directeur du CRC 17. « Les trois prochains mois s’annoncent très compliqués. Nous devons parler de nous de manière positive. »


Philippe Morandeau dans ses clairières de son parc ostréicole au Château-d’Oléron.

Jean-Christophe Sounalet / SO

Soyez vu et entendu pour rappeler que la Charente-Maritime possède un avantage face à la contamination : l’affinage des eaux claires et l’effet d’évacuation des marées. Dans le bassin de Marennes-Oléron, les huîtres sont immergées dans des cuves à leur arrivée des parcs ostréicoles pendant au moins trois semaines. Si ces anciens marais salants sont alimentés en eau par un réseau de canaux et de ruisseaux eux-mêmes alimentés par les marées, le circuit peut être fermé. Néanmoins, en cas de fortes pluies et de débordements d’eaux usées, le temps minimum d’affinage est suffisant pour purifier l’huître des éventuels virus.

C’est plus difficile pour les jeunes qui ont déjà beaucoup de pain sur la planche. Ils supportent moins bien le choc

En janvier 2024, 77 cas d’intoxications alimentaires collectives (TIAC) ​​ont été signalés à la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) suite à une consommation d’huîtres de Charente-Maritime, soit « sept dynamiques de diffusion ». Cela n’a pas eu un grand impact», rassure Clara Marcé, directrice adjointe de la DDPP.

Les jeunes ostréiculteurs saignent

La Charente-Maritime plus épargnée oui, mais pas sauvée. « Il faut trois ans pour produire une huître, rappelle Philippe Morandeau. Quand on constate une contamination, ils sont déjà en production. Si nous ne les commercialisons pas, ils continuent de croître et deviennent trop gros, au-dessus de la catégorie qui se vend le plus, le numéro 3. »

Les crises dans le monde ostréicole ne sont cependant pas nouvelles. « Les aînés sont habitués aux hauts et aux bas. C’est plus difficile pour les jeunes qui ont déjà beaucoup de pain sur la planche. Ils supportent moins bien le choc. Cet été, la météo n’a pas été des meilleures. En juillet, les cabines de dégustation n’ont pas bien marché. Les banques sont prudentes. Tout cela combiné, ça remonte vraiment le moral. Il y en a qui ne passeront pas l’hiver. »

Les marges de la grande distribution

Les négociations avec la grande distribution et leur marge sacro-sainte sont gelées. « En décembre, les grandes surfaces écoulent 60 % de la production, contre 40 % le reste de l’année », explique Philippe Morandeau. Un kilo de numéro 3 s’achète 5 euros et est revendu entre 10 et 12 euros dans les grandes surfaces. Sur les 670 entreprises ostréicoles de Charente-Maritime, 120 ne disposent pas de label sanitaire, ce qui signifie qu’elles ne font pas de vente directe et n’approvisionnent pas les grossistes. Ce sont eux qui trinqueront le plus.

Les bassins ostréicoles de Charente-Maritime produisent environ « 35 000 à 40 000 tonnes par an ». Pour les fêtes de fin d’année, une chose est sûre, les huîtres seront sur les étals. Les producteurs croisent les doigts pour qu’ils soient également dans les assiettes.

 
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