Bernard Perez, un président prônant une « pêche durable » mais jugé pour non-respect des règles

Bernard Perez, un président prônant une « pêche durable » mais jugé pour non-respect des règles
Bernard Perez, un président prônant une « pêche durable » mais jugé pour non-respect des règles

Pendant près de quatre heures devant le tribunal correctionnel de Narbonne, le président du comité régional des pêches d’Occitanie, Bernard Perez, a tenté de prouver son innocence dans une affaire liée à sa profession, à son bateau et au capitaine de ce dernier. Explications.

Bernard Perez se positionne au fond de la salle d’audience, il préfère s’éloigner de la tribune jusqu’à ce que la présidente, Clémence Caron, prononce son nom de famille. Le président du comité régional des pêches d’Occitanie traîne les pieds. Il porte une chemise blanche à rayures bleu clair. Le tribunal correctionnel de Narbonne l’accuse d’une pléthore d’infractions liées à sa profession, ce jeudi 16 mai. Un dossier épineux dans lequel il serait impliqué en tant qu’armateur. Retour en arrière.

Le 6 juillet 2022, le chalutier « Edouard François » a particulièrement attiré l’attention de la brigade de surveillance côtière de Port-La Nouvelle. Il appartient à Bernard Perez, mais ce dernier ne peut plus prendre la mer en raison de problèmes de santé. C’est Johnny Grember qui en est le capitaine et ce jour-là, il n’a signalé aucune capture, n’a pas pris la peine de signaler son retour au port alors même qu’il avait l’obligation de le faire. Impair.

Les gendarmes effectuent un contrôle et découvrent des cirés de marin « dissimulant plusieurs tas de caisses en polystyrène à l’intérieur desquelles étaient congelées et rangées par taille des queues de merlu commun et de baudroie ». Lors du contrôle, Bernard Perez se serait emporté en criant et en touchant l’un des gendarmes avec son index. Dans ces cartons, la brigade maritime note une taille de merlu commun européen « bien en dessous de la réglementation ». La taille minimale est de 20 cm, ces poissons mesuraient entre 11 et 16 centimètres. 50 cartons pesant 154 kg ont également été découverts. Même son de cloche pour 14,30 kg de queues de baudroie – qui se sont révélées étêtées et décortiquées – leur poids varie entre 30 à 60 grammes alors que le poids minimum est de 200 grammes.

Un chalutier associé à la somme de 22 013,20 €

Les constatations à bord du chalutier vont plus loin. Les enquêteurs ont contacté le directeur de la criée de Port-La Nouvelle, Stéphane Puech, qui leur a fourni : « Des notes de vente ont été communiquées pour les périodes du 1euh Mai 2021 au 6 juillet 2022″. Stupeur encore, le chalutier « est associé à la vente de 4 369 kg de merlus sous-taille représentant 1 115 caisses de poissons pour un montant total de 22 013,20 € ». Pour se défendre, Bernard Perez dénonce les cris qui seraient à la base de ce délit : «Ces poissons de petite taille y étaient souvent vendus.»

Un capitaine qui n’est pas

Autre chose, deux personnes sur le bateau « ne possèdent pas de qualifications de matelot de pont ni de formation de base en matière de sécurité ». Bernard Perez a déjà été condamné pour ces mêmes faits en 2021. « Vous avez raison, c’était à moi de vérifier. Mais quand on appelle les renseignements administratifs, ils ne sont pas en mesure de nous répondre »souligne Bernard Pérez. «Lorsque nous embauchons, nous vérifions si la personne possède les qualifications appropriées»décide le président.

Si plusieurs marins ne possèdent pas les qualifications requises, les enquêteurs se sont également penchés sur le cas de Johnny Grember, le capitaine qui en fait n’en est pas un. « Vous avez un brevet de mécanicien mais pour assumer ce titre de capitaine, vous devez prévoir d’avoir un poste de patron mécanicien avec un brevet de capitaine 200 pêcheries et un brevet de mécanicien 750 kW », déplore le tribunal. Johnny Grember n’en a jamais parlé. « Vous avez votre attestation depuis 2024 »se souvient Clémence Caron.

Jonction avec un autre dossier

Bernard Perez a comparu pour une deuxième affaire. Celle-ci date du 7 août 2023 lorsqu’un camion frigorifique espagnol est intercepté par la police. A l’intérieur, ils ont découvert des poissons trop petits provenant du chalutier de M. Perez pour des produits achetés aux enchères pour environ 4 000 €. « Nous, c’est-à-dire l’armateur Perez et le capitaine Grember, ne vendons pas de poissons sous-taille. C’est peut-être la criée qui a vendu des poissons sous-taille sans avoir vérifié. Nous transmettons le poisson et eux, ils vendent”, assure le président du comité régional des pêcheurs. Et pour conclure : “Je me bats pour changer les choses, j’ai mon fils qui quitte l’école en juin, j’essaye de lui apprendre des choses pour qu’il y ait une pêche durable et responsable.”

Le tribunal a réservé l’affaire et rendra son verdict jeudi 20 juin.

Six mois de prison requis contre Bernard Perez

Lors de ses réquisitions, le procureur de la République a requis six mois de prison avec sursis simple à l’encontre de Bernard Perez. Elle a décidé d’aller plus loin que les précédentes fois où il a été condamné (cinq condamnations à son casier judiciaire, ndlr). “Ses convictions ne disent pas qu’il s’inscrit dans une pêche durable. Passer devant vous fait partie de leur organisation, un schéma que nous répétons. Nous payons notre amende et recommençons. Etre scandaleux devant les gendarmes notamment», jejustifie le procureur de la République. Et d’ajouter une peine supplémentaire de 3 ans d’inéligibilité et de confiscation de son chalutier à hauteur de 380 000 €.

Concernant Johnny Grember, le parquet a requis une amende pénale de 4 000 €.

 
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