A Rabat, ces étudiants marocains rêvent d’une école de commerce française

A Rabat, ces étudiants marocains rêvent d’une école de commerce française
A Rabat, ces étudiants marocains rêvent d’une école de commerce française

Le soleil a fait fuir les quelques ombres qui patientaient devant la façade bleue Majorelle. Les élèves du lycée français Descartes, à Rabat, retournent progressivement en classe après avoir acheté des barres chocolatées à un épicier ambulant, adossées à son parasol de fortune. Parmi eux, plusieurs centaines de collégiens, de lycéens mais aussi quelques préparationnaires. Car l’établissement qui surplombe la capitale marocaine accueille l’une des dernières classes préparatoires françaises aux grandes écoles (CPGE) de commerce à l’étranger.

Un bastion bien caché, au dernier étage du lycée, qui passerait presque inaperçu. Fondée il ya plus de 20 ans, cette formation accueille chaque année plusieurs dizaines d’étudiants marocains. «Pour moi c’était la seule façon de garder une vraie polyvalence après le bac. J’avais besoin de solidifier ma culture générale sans me fermer aucune porte»explique par exemple Selma, étudiante en première année de prépa après avoir obtenu son bac français à Rabat. «Je suis tombé amoureux du principe de la prépa dès que je l’ai découvert, complète Sélim, lui aussi originaire de la capitale marocaine. Il n’y a aucune formation équivalente au Maroc».

En étant diplômé d’une école du Top 10, vous triplez facilement le salaire que vous pourriez percevoir si vous étiez diplômé d’une école marocaine.

Yassine, étudiant marocain en prépa au lycée Descartes

Cependant, depuis plusieurs années, le pays s’est concentré sur la formation de ses meilleurs éléments pour éviter une fuite des cerveaux. La création de l’Université Polytechnique Mohammed VI en 2017, également surnommée “UM6P” en est l’exemple parfait : un campus ultramoderne en plein désert censé rassembler les futurs dirigeants et élites de l’ingénierie et du business. Le Maroc compte également des Ecoles Nationales de Commerce et de Gestion (ENCG). Mais pour Gita, en première année de prépa Descartes, rien ne marche : « Pour accéder à des postes élevés ici, il faut soit être très riche pour aller dans une école très chère, soit être un vrai génie. Quand on est moyen, il est plus intéressant de viser une école internationale et notamment française.

Une longueur d’avance en mathématiques

Les élèves du lycée Descartes sont déjà issus d’un milieu social privilégié – une année scolaire qui coûte environ 6 000 euros là où le salaire moyen du pays est de 340 euros par mois. « Bien sûr, nous faisons partie des Marocains chanceux. Mais cela ne suffit pas. En obtenant un diplôme d’un Top 10 des écoles , on triple facilement le salaire qu’on pourrait obtenir si on sortait d’une école marocaine. Sans oublier le cadre de vie, l’ouverture sur les autres pays, les libertés individuelles. développe Yassine, le sourire aux lèvres. D’autres, comme Selim, envisagent de retourner au Maroc une fois leurs études terminées : « Ce diplôme me permettra d’être reconnu et d’être réellement compétent pour aider mon pays à se développer ».

En maths, ce qu’on voit en première année de prépa a déjà été étudié en dernière année, donc ça nous aide évidemment beaucoup.

Gita, élève en prépa marocaine au lycée Descartes

Comme leurs prédécesseurs, tout le monde pense à HEC et peut raisonnablement espérer rejoindre l’EM Lyon, l’Edhec ou encore Skema. Mais depuis Rabat, les entraîneurs craignent le niveau de leurs concurrents en France. « On travaille beaucoup mais évidemment on se dit qu’ils ont un excellent niveau, notamment dans les prépa parisiennes », explique Selma. Les étudiants de Descartes n’ont pourtant pas à rougir : certains ont été admis en CPGE en métropole mais ont préféré rester proches de leur famille pour se concentrer. Ceux qui ont obtenu le baccalauréat marocain peuvent aussi s’appuyer sur un atout majeur pour se démarquer : leur excellent niveau en mathématiques. « Notre programme au secondaire est très exigeant. Dans la filière « sciences mathématiques » nous avons plus de 10 heures de cours par semaine. Ce qu’on voit en première année de prépa a déjà été étudié en dernière année, donc forcément ça nous aide beaucoup”explique fièrement Gita.

La prépa lycée Descartes est située au dernier étage de l’établissement.Jeanne Paturaud

Au Maroc comme en France, la classe prépa peine encore à convaincre les bons élèves. « L’évolution des bacheliers, comme celle desEssec à Rabat ou Ecole de Commerce de Toulouse à Casablanca, attire les bonnes personnes qui souhaitent intégrer directement une école de commerce française, analyse Christophe Viscogliosi, professeur d’histoire en prépa depuis un an. D’autres se tournent également vers une formation au Canada ou en Asie.. De quoi donner envie à toute l’équipe pédagogique de redorer l’image de cette formation, inspirée par leurs confrères français. « Nous avons visité de nombreuses écoles, rencontré des familles et des lycéens et menons une véritable campagne de communication car cette formation mérite d’être connue.», insiste Frédéric Steiner, professeur de mathématiques à Descartes.

 
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