VIREMENTS INTERAC | Les fraudeurs se moquent de votre question de sécurité

Depuis plusieurs mois, Philippe St-Pierre est à la recherche d’une voiture d’occasion pour son fils. Récemment, le Québécois croyait avoir trouvé le véhicule parfait sur la plateforme Marketplace, un Suzuki Grand Vitara 2009, à un prix bien inférieur à ce qu’il envisageait de payer.

Après quelques courriels et même une conversation téléphonique avec le vendeur, le directeur marketing des Coops de l’information a compris qu’il avait affaire à un fraudeur.

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Le véhicule d’occasion, Suzuki Grand Vitaea 2009, était à vendre à bon prix sur Marketplace. (Capture d’écran)

« Nous avons convenu de nous rencontrer pour finaliser la transaction, afin que je puisse voir le véhicule. Mais il m’a demandé de lui transférer le montant total à l’avance via Interac, sans que je lui transmette la réponse à la question de sécurité», raconte l’ancien directeur des communications de CAA-Québec.

Une fois le transfert de 2 400 $ effectué, le vendeur prétendant habiter Sherbrooke s’est proposé de venir lui montrer le véhicule chez lui à Québec. Si tout était correct et qu’il souhaitait quand même l’acheter, il lui suffirait de fournir la réponse à la question de sécurité pour finaliser le paiement.

«Il a dit qu’il voulait s’assurer que j’avais l’argent parce qu’il avait eu de mauvaises expériences dans le passé. Lorsque j’ai clairement fait savoir que je ne le ferais pas, l’annonce a disparu de Marketplace.

— Philippe St-Pierre

Le stratagème des questions de sécurité est fréquemment utilisé par les fraudeurs, confirme David Décary-Hétu, spécialiste en cybersécurité et professeur agrégé à l’Université de Montréal. En faisant cela, l’escroc espère que sa victime potentielle ne se rendra pas compte que le virement automatique est activé – donc que le destinataire n’aura pas à répondre à une question de sécurité – et qu’elle enverra quand même le montant demandé.

“Les fraudeurs donnent un faux sentiment de sécurité en disant de ne pas envoyer de réponse”, explique le criminologue.

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David Décary-Hétu est spécialiste en cybersécurité et professeur agrégé à l’Université de Montréal. (Université de Montréal)

Dans le cas de cette fraude en ligne, la cible a même parlé face à face avec le faux vendeur au téléphone. C’est relativement courant, observe le professeur Décary-Hétu.

« Je ne sais pas pourquoi les escrocs aiment parler au téléphone. Cela me laisse perplexe. Cela montre à quel point il existe un sentiment d’impunité.»

Les fraudeurs ne se limitent pas à attirer les acheteurs de véhicules d’occasion. Le marché du pneu d’occasion est particulièrement prisé.

Il existe plusieurs stratagèmes frauduleux impliquant le service Interac. Dans certains cas, les fraudeurs envoient simplement un faux courriel provenant d’Interac ou de l’institution financière de l’acheteur, demandant au client de confirmer sa question de sécurité. La tromperie permet à des personnes malveillantes de mettre la main sur la réponse. Et à propos de l’argent.

Dans le monde numérique, les failles se multiplient au même rythme que la croissance de l’efficacité des services, observe l’universitaire. « Dès que l’on ajoute de l’efficacité, une faille de sécurité se crée. Faut-il arrêter le progrès ou le limiter ?

Comme avec de l’argent

Entre 2021 et 2023, la valeur de la fraude impliquant le service Interac est passée de 17,7 millions de dollars à 24,4 millions de dollars, selon le Centre antifraude du Canada. Ce n’est que la pointe de l’iceberg, puisque seulement 5 à 10 % des fraudes sont signalées à l’agence fédérale.

Invité à commenter l’utilisation de ses services par des fraudeurs, Interac Canada s’est limité à une déclaration écrite.

« Dans les cas où l’on ne connaît pas bien l’autre partie, […] « Les particuliers doivent prendre les mêmes précautions qu’ils prendraient normalement lorsqu’ils utilisent de l’argent liquide. »

— Interac Canada

Au Québec, la majorité des institutions financières offrent les services Interac, incluant le virement automatisé sans questions de sécurité.

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La valeur des fraudes impliquant le service Interac a atteint 24,4 millions en 2023. (Archives de - canadienne)

C’est le cas de Desjardins, qui a activé le transfert automatisé sur ses plateformes il y a quelques mois. Conseillère principale en prévention de la fraude chez Desjardins, Valérie Parente n’est pas en mesure de dire si le nombre de fraudes a augmenté depuis l’implantation de cette fonctionnalité. Il reconnaît toutefois que les fraudeurs utilisent des stratagèmes visant à exploiter les failles de sécurité du service Interac.

« Nous faisons beaucoup d’efforts de sensibilisation auprès de nos adhérents », assure-t-elle. Nous les encourageons à ne pas transférer d’argent avant de voir la propriété.

La Banque Nationale est également consciente que ce stratagème est utilisé par les fraudeurs. Danny Huang, conseiller principal au programme de gestion des risques de fraude, explique qu’un bandeau jaune apparaît, tant sur le web que sur l’application mobile, lorsqu’un client s’apprête à envoyer de l’argent à une personne ayant activé le virement automatique.

“Nous prévenons qu’une fois le transfert effectué, il ne sera plus possible de l’annuler.”

  • Payez votre article uniquement lorsque vous l’avez en main.
  • Évitez de faire un virement pour démontrer votre intérêt.
  • Dans le cas d’un virement automatique, prenez le temps de vérifier et confirmer que le nom de la personne inscrite correspond à celui de la personne à qui vous souhaitez envoyer de l’argent.

Source : Desjardins

 
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