L’artiste suisse-brésilien Guerreiro do Divino Amor représente la Suisse à la 60e édition de la Biennale d’art de Venise, qui s’est ouverte le 20 avril. Avant l’inauguration, nous avons eu accès à son installation, avec l’artiste lui-même comme guide.
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10 mai 2024 – 07h35
Eduardo Simántob
Né à São Paulo, Brésil, travaille au sein de la rédaction portugaise de swissinfo.ch où il est responsable de la culture. Diplômé en cinéma, en gestion et en économie, il a été journaliste à Folha, un grand quotidien de São Paulo, avant de s’installer en Suisse comme correspondant de diverses presses brésiliennes. Basé à Zurich, Eduardo Simantob a travaillé dans les médias imprimés et numériques. Il a également participé à des coproductions internationales de films documentaires, à des événements dans le domaine des arts visuels (3e Biennale de Bahia ; Musée Johann Jacobs de Zurich) et a été conférencier invité sur le thème de la narration transmédia à la Haute école de Lucerne.
Carlo Pisani
Réalisateur d’origine italienne qui a grandi en Afrique, Carlo se considère désormais comme chez lui en Suisse. Il a étudié la réalisation en Italie à l’École nationale de cinéma et a travaillé comme monteur, réalisateur et producteur de films documentaires à Berlin et à Vienne. Il développe des histoires multimédias captivantes.
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Pavillon sveytar « superficiel » dans la région vénitienne tous les deux ans
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La Biennale de Venise, qui se déroule jusqu’au 24 novembre, n’est pas sans rappeler les expositions universelles du XIXe siècle. Son format permet aux pays de projeter l’image qu’ils ont d’eux-mêmes. Aujourd’hui, trente pavillons nationaux présentent les œuvres de leurs artistes dans les Giardini (Jardins de Venise). Elles ont lieu parallèlement à la grande exposition présentée à l’Arsenale, un monument vénitien emblématique et un ancien complexe de chantiers navals et d’armureries, qui ont fait de la République de Venise une puissance navale pendant des siècles.
C’est la deuxième fois consécutive que la Suisse choisit des artistes issus de l’immigration. En 2022, c’est la Suisse-marocaine Latifa Echakhch qui représentait le pays. Cette année, Antoine Guerreiro Golay, alias Guerreiro do Divino Amor, ou guerrier de l’amour divin, sera le visage de la Suisse.
Né à Genève, Guerreiro do Divino Amor vit à Rio de Janeiro depuis plus de dix ans. « C’est là que je me sentais le plus à l’aise pour créer, et aussi le plus accepté », dit-il.
Guerreiro do Divino Amor pose devant la «Fontaine Helvétia», qui fait partie de l’installation du Pavillon Suisse à Venise.
KEYSTONE/KEYSTONE/GAÉTAN BALLY
« Des étrangers partout »
L’édition 2024 de la Biennale est organisée par le Brésilien Adriano Pedrosa. Il est le premier directeur artistique originaire du Sud. Intitulé « Les étrangers partout » (des étrangers partout), elle est marquée par plusieurs expositions mettant en lumière les enjeux de la décolonisation, des migrations et de la guerre.
La Biennale a commencé à faire des vagues avant même son ouverture. Ruth Patir, l’artiste représentant Israël, a refusé d’ouvrir le pavillon israélien jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu soit conclu à Gaza. Une grande manifestation pro-palestinienne a également eu lieu devant le pavillon israélien.
Dans ce contexte de tensions, le travail de Guerreiro do Divino Amor apporte une perspective originale, sans être en contradiction avec les tendances générales de la Biennale. Il présente les 7e et 8e chapitres de l’ouvrage qu’il développe depuis ses études d’architecture, « L’Atlas superfictionnel du monde » (l’atlas superfictionnel du monde). Cette fois, il se concentre sur la Suisse elle-même avec «Le miracle de l’Helvétie» (le miracle suisse) et sur Rome avec « Rome Talisman » (le talisman de Rome).
Ces deux œuvres peuvent être décrites comme des installations transmédia, c’est-à-dire des histoires différentes sur des supports variés composant chacune un « monde narratif », où des thèmes et des concepts similaires interagissent pour créer ses « superfictions ».
Le terme « superfiction » a été inventé par l’artiste écossais Peter Hill en 1989 et fait référence à une œuvre d’art visuelle ou conceptuelle qui utilise la fiction et l’appropriation pour brouiller les frontières entre les faits et la réalité des organisations. , les structures commerciales et/ou la vie d’individus inventés. Cette définition s’applique parfaitement à l’œuvre de Guerreiro do Divino Amor.
L’artiste s’approprie des images d’institutions religieuses, d’entreprises, d’agro-industries et de gouvernements et les transforme en allégories, créant une sorte de défilé de carnaval. Dans sa pratique, Guerreiro do Divino Amor décontextualise ces images et icônes et les recadre dans ses récits, dans un mélange de fantasy et de science-fiction. « Mais ils sont tous hyperréalistes à la fois », explique-t-il.
Andrea Bellini, directeur du Centre d’art contemporain de Genève et commissaire désigné de l’exposition suisse, situe l’œuvre de Guerreiro do Divino Amor dans la perspective de la Biennale dans son ensemble. Paraphrasant le titre de la Biennale, Foreigners Everywhere, il souligne qu’«avec le pavillon suisse, nous invitons nos visiteurs à se sentir étrangers à leurs propres vérités».
Guerreiro do Divino Amor est notre invité dans ce nouvel épisode de « On the Record ».
Le « Talisman de Rome », la deuxième partie de l’installation de Guerreiro, accueille les visiteurs avec un hologramme de l’artiste trans brésilien Ventura Profana.
KEYSTONE/KEYSTONE/GAÉTAN BALLY
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Traduit de l’anglais par Emilie Ridard/sj