“Ce qui compte, c’est d’être dans les bois”

Nous sommes près de Cornille, à une dizaine de kilomètres au nord de Périgueux. Pour trouver la cabane, il faut emprunter un chemin peu engageant qui s’enfonce dans la forêt. Puis une cabane apparaît au sommet d’un petit terrain légèrement en pente. Deux chiens viennent vers vous. Le premier est Deleuze, le chien de Paul : «C’est un épagneul français.« Deleuze veut des caresses. Il veut surtout te lécher le visage. Il saute. Derrière lui, il y a Lascaux, un chien noir, il appartient au voisin : «C’est la star du bois. C’est probablement croisé avec une chauve-souris», rigole Paul. Lascaux se lèche les genoux, tente d’enlever les tiques et traîne son derrière par terre. Il a des vers.

Paul, 48 ans, employé d’une grande entreprise de Périgueux vient ici le week-end. La semaine, il travaille, il remplit ses missions. Le week-end, il coupe du bois, se promène et écoute les oiseaux. Sa cabane n’a ni électricité ni eau courantesimplement “un petit lit, une petite cuisine et des toilettes sèches.« Il essaie aussi de cultiver des fruits et légumes : »Là-bas, c’est des asperges. Il faut ajouter du sable, ce n’est pas facile. Voulez-vous goûter mes raisins? Ça pique un peu, mais ça va.

Ces trompettes de la mort attendent les amis de Paul © Radio-France
Etienne Choles

Avant d’arriver ici, Paul a zigzagué. Né en Belgique, a grandi entre Nantes et Paris. Une partie de sa jeunesse en Angleterre. Etudes de chimie. Un métier exigeant : près de quinze ans dans la grande distribution. Dont quelques années de voyages entre pays en avion, pour le travail. Peu de temps avant le Covid, un cancer l’a attrapé. Lymphome des ganglions lymphatiques. “La récupération m’a donné le temps de réfléchir. J’ai abandonné ma situation. Je suis venu ici en vacances, puis je suis resté ici.« Il achète une maison à Périgueux et ça »parcelle de terre« .

Champignons de la passion

Sur la table dehors, du café chaud et un livre sur les champignons. Il vient de trouver un bolet qui l’intrigue. “On dirait…« Il tourne les pages. Paul sort son couteau. Il coupe les cèpes. La chair devient bleue. Il prend une photo et la partage sur un groupe Facebook : «Les mycologues m’aideront.« Il connaît les noms latins. Bientôt, il ira les chercher.Cantharellus cinereus, girolles grises.

Depuis des jours, il remplit les paniers des trompettes de la mort : «Je les sèche et les donne à des amis.« La cueillette des champignons, c’est son truc. Il y passe du temps tous les week-ends en ce moment.Ce qui compte, c’est d’être dans les bois.« Les chiens le suivent partout. Face à cette vieille souche d’arbre recouverte de mousse qui exhibe les trompettes de la mort, Deleuze la passe sous ses bras. Près de ces sapins, appuyé sur des pattes de mouton, Lascaux tente un coup de langue.

Comme tout le monde amateurs de champignonsPaul a ses obsessions : «Les cèpes bien sûr. Nous sommes servis ici en Périgord. Trouver un beau bolet, très jeune, bien rond, c’est le Graal. Je suis aussi fan des girolles.« Son plaisir coupable est moins connu : les oronges, aussi appelées amanitas de César. Jaunes, de la même famille que les phalloïdes, les champignons qui tuent le plus chaque année, il faut les connaître.C’est tellement bon. Très bien. Mais je ne mange que ce que je connais. Et je ne me considère pas comme un expert.

La sélection de Paul et France Bleu Périgord © Radio-France
Etienne Choles
 
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