les municipalités prennent des mesures pour l’éliminer

les municipalités prennent des mesures pour l’éliminer
les municipalités prennent des mesures pour l’éliminer

MONTRÉAL — Certaines municipalités ont commencé à utiliser leur pouvoir de taxation en matière d’écofiscalité pour prélever de l’argent dans les poches de leurs contribuables qui chauffent leur maison au mazout.

Ces systèmes de chauffage disparaissent au Québec et leur remplacement est assez généreusement subventionné, mais ces municipalités – dont le geste sera sans doute imité par d’autres – ont décidé d’ajouter le bâton à la carotte, même s’il s’agit ici d’un tout petit bâton.

Dans la plupart des cas, les municipalités concernées ont annoncé l’imposition d’une taxe de 100 $ par année, certaines un peu plus, d’autres un peu moins.

Symbolique

«C’est plus symbolique qu’autre chose», explique Danielle Pilette, experte en fiscalité municipale au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’UQAM. C’est un peu comme un rappel au propriétaire qu’il faudra éventuellement faire quelque chose à ce sujet. Nous ne lui donnons donc pas une grosse tape sur les doigts, juste une petite tape symbolique pour lui rappeler que nous pouvons peut-être l’aider dans n’importe quelle transition et qu’il existe déjà des programmes qui pourraient l’aider.

De son côté, le fiscaliste Tommy Gagné-Dubé, spécialiste de la fiscalité des collectivités locales à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke, n’est nullement surpris de voir apparaître cette nouvelle fuite. « Il s’agit d’une nouvelle possibilité dont disposent les communes depuis 2018 qui leur a été accordée avec le pouvoir général de taxation et c’est une mesure que l’on peut qualifier d’écofiscalité. Peu de municipalités l’ont encore adopté, mais on s’attendait à ce que les municipalités adoptent des mesures comme celle-ci lorsque le cadre réglementaire et le cadre juridique ont été modifiés.

Des approches disparates

Un bref aperçu de La Presse Canadienne révèle qu’il n’y a pas d’uniformité dans l’approche des municipalités. Certains, comme Saint-Hyacinthe qui réclame 100 $, imposent cette taxe sans offrir d’aide financière outre celle offerte par les gouvernements ou Hydro-Québec pour la conversion.

D’autres, comme Joliette, Beloeil, Gatineau, Granby ou Repentigny, n’ont que la carotte, soit une aide supplémentaire à celle versée par les pouvoirs publics pour le démantèlement des systèmes de chauffage au mazout allant de quelques centaines à quelques milliers de dollars, sans exiger aucune taxe. que ce soit.

Enfin, des municipalités comme Rosemère, Laval, Sainte-Julie ou Varennes utilisent à la fois la carotte et le petit bâton avec une taxe de 50 $ à 100 $ selon les cas, accompagnée d’une aide financière qui peut être substantielle. Il est à noter que les résidents de Varennes qui chauffent au mazout ont reçu un avis de la Ville leur indiquant que la taxe de 100 $ serait appliquée à compter de 2025, mais nulle part dans la lettre qui leur a été envoyée et dont La Presse Canadienne a obtenu copie, n’est il n’est pas mentionné que la Ville offre également d’augmenter de 25 % les subventions reçues par les différents programmes des gouvernements fédéral et provincial et d’Hydro-Québec. Comme la subvention maximale de ces trois entités est de 6 275 $ pour la conversion des systèmes de chauffage au mazout à l’électricité, l’aide de la municipalité peut ainsi atteindre 1 568,75 $.

Manque de transparence

«La lettre aurait dû mentionner les mesures incitatives», estime le professeur Pilette. Les communes ne communiquent pas toujours de manière optimale pour le citoyen ou le contribuable. Je dirais même que ce n’est pas très transparent.

Une chose est cependant claire, affirme Tommy Gagné-Dubé : les municipalités qui imposent une telle taxe ne rempliront certainement pas leurs coffres avec cette mesure, encore moins si elles subventionnent à un niveau qui le dépasse largement. « Ce ne sont pas des mesures qui rapportent grand-chose, surtout si elles sont liées à des subventions. Ce sont vraiment des mesures pour changer les comportements. C’est avant tout un signal qui est envoyé.»

Par ailleurs, il est impossible de savoir combien de municipalités ont adopté des mesures – de la carotte ou du bâton – liées au chauffage au mazout. Le ministère des Affaires municipales affirme ne disposer d’aucune donnée à ce sujet. Même réponse de la part de l’Union des municipalités du Québec (UMQ).

Des pouvoirs fiscaux élargis

L’UMQ s’est toutefois empressée d’affirmer que les villes peuvent certainement imposer ce type de taxe sans offrir le moindre service en retour. « Les municipalités disposent de pouvoirs fiscaux qui leur permettent de diversifier leurs sources de revenus afin de maintenir et d’améliorer la qualité des infrastructures et des services essentiels à tous les citoyens », nous écrit le service des relations avec les médias de l’Union.

Le ministère des Affaires municipales ne dispose pas non plus de statistiques et est d’accord avec l’UMQ. « Depuis 2018, les communes disposent d’un pouvoir général de taxation (PGT) pour financer leurs activités. Le pouvoir général de taxation habilite les communes à imposer par voie réglementaire tout impôt direct sur leur territoire. Les municipalités ne sont pas tenues d’informer le ministère de la mise en place d’une telle taxe », nous a-t-on indiqué.

Quant à la ministre Andrée Laforest elle-même, son cabinet a d’abord rappelé que le ministre de l’Environnement avait adopté un règlement visant à éliminer complètement le chauffage au mazout sur l’ensemble du territoire au cours des prochaines années, mais on s’est bien gardé de commenter le bien-fondé de l’approche municipale. « Certaines municipalités ont décidé d’imposer une taxe aux citoyens utilisant un système de chauffage au mazout. Cette décision relève de l’autonomie communale, c’est donc aux élus municipaux de justifier ce choix », nous a-t-on indiqué.

Les ménages modestes pénalisés ?

Une question demeure : convertir un système de chauffage résidentiel au mazout en un système électrique est une opération coûteuse. Même si les subventions peuvent atteindre quelques milliers de dollars, l’investissement requis par le propriétaire implique des sommes beaucoup plus importantes. Doit-on en conclure que ceux qui persistent à utiliser le fioul n’ont pas les moyens de convertir leur système et seront donc davantage pénalisés par une taxe ?

« Il faut avoir un portrait précis de ces personnes », prévient le professeur Gagné-Dubé. Ces personnes ont-elles des revenus plus faibles ? Est-ce que ces gens qui sont habitués à ces systèmes de chauffage et qui n’ont pas forcément envie de se lancer dans ces rénovations, ces changements ?

En l’absence d’une étude plus approfondie, ce sont des conclusions qui ne peuvent être tirées.

Une disparition programmée

Depuis le 31 décembre 2021, il est interdit d’installer un appareil de chauffage au mazout dans les nouvelles constructions au Québec et depuis le 31 décembre 2023, toute installation d’un appareil de chauffage alimenté par n’importe quel combustible fossile est interdite. Depuis cette date, il est également interdit de réparer un appareil de chauffage au mazout installé avant 2003 ou un chauffe-eau au mazout installé avant 2013. Autrement dit, le refus de changer un système de chauffage au mazout vieux de plus de 20 ans expose un propriétaire à devoir convertir l’ensemble du système en cas de panne, même en plein hiver.

Selon le ministère de l’Environnement, quelque 200 000 foyers québécois possèdent encore un appareil de chauffage au mazout, sur un total, selon l’Institut de la statistique, de 3,75 millions de foyers privés. Ces appareils génèrent environ un million de tonnes de CO2 par année au Québec, soit l’équivalent de 300 000 véhicules légers. Le chauffage au mazout est responsable de plus du quart des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur résidentiel, selon le ministère de l’Environnement.

 
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