Accusé d’avoir agressé sexuellement sa sœur, il s’enfuit à cause d’un doute sur son âge

Accusé d’avoir agressé sexuellement sa sœur, il s’enfuit à cause d’un doute sur son âge
Accusé d’avoir agressé sexuellement sa sœur, il s’enfuit à cause d’un doute sur son âge

Le jeune homme, accusé d’avoir agressé sa fille cadette pendant les fêtes de fin d’année, a atteint sa majorité en novembre de la même année. La victime a pu identifier cette date, puisqu’elle avait en sa possession une tablette électronique que sa famille avait reçue, selon elle, le vendredi précédant Noël. Le plaignant croyait que l’appareil avait été restitué à l’entreprise vers le 2 janvier.

Pourtant, au lendemain du procès de son fils, le père de la victime et l’accusé ont présenté comme nouvelle preuve un email mentionnant que cette fameuse tablette électronique aurait été en possession de la famille en octobre… alors que l’accusé était encore mineur.

«La présence de cet appareil au domicile de l’accusé peut paraître banale», a déclaré le juge Jean-Guillaume Blanchette dans sa décision de 12 pages. Mais ce n’est pas le cas. Pour la plaignante, il s’agit d’un événement marquant, puisque l’arrivée de cet objet chez eux, conjuguée aux vacances de Noël, l’aide à situer dans le temps l’agression qu’elle dit avoir subie. L’accusé étant mineur entre le moment où son père reçoit le courriel et [la date du 18e anniversaire de l’accusé]se pose alors une question de compétence.

Crédibilité

Pour le juge, l’accusé n’était pas crédible lors de son témoignage. «Sa version n’est pas crue et, en soi, ne soulève pas de doute raisonnable dans l’esprit de la Cour», a assuré la juge Blanchette.

Selon le magistrat, l’accusé “a très peu de détails à fournir sur la journée litigieuse”. « Dans la grande majorité de ses réponses, il répète machinalement qu’il n’a aucun souvenir », rapporte-t-il.

“Cela paraît assez surprenant”, a estimé le magistrat. En effet, il raconte avoir proposé à sa sœur de le dessiner explicitement […] ce qu’elle aurait accepté. Ils se sont rendus dans la chambre de cette dernière et elle aurait alors baissé son pantalon « legging » alors qu’ils se retrouvaient face à face. Ce serait la seule et unique fois qu’une telle situation se produirait. Cependant, comment une situation aussi inhabituelle, voire tordue, a-t-elle pu laisser si peu de mémoire à l’accusé ?

Il a qualifié la mémoire de l’accusé de « sélective », citant quelques exemples.

C’est le témoignage du père de l’accusé qui a convaincu le juge. Le père « a donné un témoignage désintéressé et il a semblé soucieux de bien informer la Cour », a estimé la juge Blanchette. Il ne s’est pas contredit et il a été cohérent.

« Ces éléments de preuve sont susceptibles de soulever un doute raisonnable dans l’esprit de la Cour quant à la date des événements. […] Il n’est pas frivole de penser qu’il est possible que l’appareil se soit trouvé chez eux avant que l’accusé ne devienne majeur. La certitude du plaignant quant à la date à laquelle il a pris possession de l’appareil est donc ébranlée par cette preuve », a-t-il tranché.

Pour le reste

En théorie, puisque l’acte d’accusation a été retiré et que l’individu n’a pas été acquitté, le jeune homme pourrait être de nouveau inculpé devant un tribunal de la jeunesse, confirme l’avocat de l’Aide juridique, Me Samuel Bouchard. De plus, il n’y a pas de délai de prescription. « La Couronne pourrait porter des accusations dans 10 ans. Mais je ne pense pas que l’accusation mettrait autant de temps à prendre sa décision. Je crois qu’il sera proactif. Une fois la décision prise, on constate très rarement un changement de position, sauf en cas de nouvelles preuves ou d’éléments complémentaires », a résumé l’avocat de la défense.

La procureure chargée des poursuites criminelles et pénales dans cette affaire, Me Raphaëlle Samson, a désormais deux choix : déposer une nouvelle accusation à la Chambre de la jeunesse ou abandonner les poursuites. “C’est une décision que je devrai prendre dans les prochains jours”, a-t-elle confirmé.

En tant que jeune, l’accusé serait passible d’une peine beaucoup moins lourde. À la Chambre criminelle, la peine minimale est de cinq ans lorsqu’une personne est reconnue coupable d’inceste. Chez les jeunes, il n’y a pas de peine minimale. Pour l’avocat de l’Aide juridique Me Samuel Bouchard, « ce sont des enjeux majeurs ».

« Si mon client est finalement accusé en tant que jeune, il ne fera pas face à cette peine », a analysé Me Bouchard. On peut considérer cela comme une victoire certaine. C’est au moins un stress en moins.

En défense, nous pensons que ce dossier contenait plusieurs particularités. Le fait que des doutes sur l’âge aient été soulevés après le procès est extrêmement rare. « La plupart du temps, nous le saurons dès le départ. Souvent dans ces situations, c’est une fête qui a lieu pour le 18e anniversaire de l’accusé et on se demande si l’infraction aurait été commise avant ou après minuit », a-t-il décrit.

 
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