les coulisses du 17 avec les gendarmes de Dordogne

les coulisses du 17 avec les gendarmes de Dordogne
les coulisses du 17 avec les gendarmes de Dordogne

C’est le centre nerveux. A un étage de la caserne de Périgueux, un endroit bien particulier se cache derrière une porte protégée par un code. Il s’agit du Centre opérationnel et de renseignement de la Gendarmerie (CORG) de Dordogne. Il s’agit du standard téléphonique recevant tous les appels d’urgence passés au 17 pour le secteur de la gendarmerie, soit l’ensemble du territoire départemental à l’exception des agglomérations de Périgueux et Bergerac. « Et ce, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept », rappelle l’adjudant-chef Sylvie (1), chef par intérim du CORG.

Chaque jour, deux militaires sont en poste : de 7h à 19h, puis de 19h à 7h. Au total, l’effectif est de 13 personnes. Dans les CORG des grands départements, il existe un chef d’équipe détaché qui gère le système. Pas en Périgord : le chef d’équipe fait partie du binôme au travail. C’est à lui de déterminer si et quels moyens sont utilisés. En 2023, 109 500 appels y ont été reçus. Seulement 13 % ont donné lieu à des interventions. On comprend donc que le reste concerne des appels qui ne doivent pas forcément parvenir aux secours.

Seulement 13 % des appels ont abouti à des interventions en 2023

Pas vraiment d’urgence

« Sud Ouest » a été autorisé à suivre, le temps d’une matinée, les « CORGistes », comme ils se nomment eux-mêmes. Et effectivement, les appels non urgents sont fréquents. Comme cet homme qui appelle pour un accident de la route. Il n’a pas souhaité appeler les pompiers “pour ne pas les déranger”. Ou un infirmier qui travaille au domicile d’un patient hémiplégique : il n’arrive pas à le faire lever, alors il appelle le 17. « C’est médical, monsieur. Ce ne sont pas les gendarmes qui vont intervenir, mais le 15″, rappelle l’opératrice.

Environ un appel sur dix nécessite le concours de la gendarmerie. Comme cet homme qui est arrivé chez sa mère, abandonnée depuis un an, et qui a découvert la porte d’entrée défoncée. Il manque des outils de jardin et une tronçonneuse. « Vous ne touchez plus à rien, monsieur, nos collègues vont arriver », guide l’opératrice. Immédiatement, ce dernier a appelé par radio la patrouille la plus proche des lieux. «Grâce à un écran, on peut suivre leur position en temps réel», précise l’adjudant-chef. Nous suivons leur intervention car notre métier est aussi de sécuriser leurs interventions. S’ils ne donnent pas de nouvelles, nous veillons sur eux. Nous pouvons envoyer des renforts si nécessaire, comme un hélicoptère, des plongeurs ou une équipe cynophile. »

« On ne sait jamais ce qui va se passer. Et nous sommes au cœur du service public »

Et parfois, il est difficile de faire la part des choses, comme dans le cas des violences conjugales : « Avant d’envoyer une patrouille, il faut vérifier si l’agresseur est potentiellement dangereux », précise le chef d’équipe. Nous le transmettons ensuite aux hommes qui s’y rendent, pour qu’ils sachent à quoi s’attendre. »

Selon leurs formules, les opérateurs sont comme « un phare dans la nuit ». Il y a toujours quelqu’un qui répond au téléphone. Même pour un vol de pot de fleurs, qui ne nécessite pas de passer par le centre d’urgence, mais peut attendre que la brigade de terrain s’en charge.

Les CORGistes se souviennent d’autres demandes folles : quelqu’un qui a perdu son téléphone portable et qui demande que son appareil soit géolocalisé ; une femme qui s’ennuie, à 3 heures du matin, et qui appelle le 17 pour parler à quelqu’un ; un homme qui a mal à la tête et qui demande ce qu’il doit faire ; un automobiliste qui appelle en pleine nuit pour savoir combien de points il lui reste sur son permis… « J’aime toujours autant ce métier », insiste le chef d’équipe. On ne sait jamais ce qui va se passer. Et puis nous sommes au cœur du service public : nous répondons aux attentes des citoyens. De plus, nous avons toujours un lien avec le terrain, même si nous n’y sommes pas. »

« Il faut faire le tri »

Justement, la difficulté est de savoir si des moyens doivent être engagés lorsque les opérateurs ne sont pas sur place. « Il faut faire le tri dans les urgences », résume l’adjudant Sylvie. Nous n’avons que nos oreilles pour évaluer une situation et prendre une décision avec notre bon sens. Alors certes, on ne risque pas de se prendre une balle comme nos camarades, mais il y a une certaine violence verbale qui peut se ressentir lorsqu’on explique qu’on ne viendra pas. »

Contrairement aux gens qui appellent pour rien, certains appelants sont un peu frivoles. Comme le gérant d’un bureau de tabac qui a mis en fuite les cambrioleurs à 5 heures du matin, mais qui n’a appelé le 17 qu’à 8 heures du matin, empêchant les gendarmes de prendre les suspects en flagrant délit et compliquant l’enquête.

(1) Par mesure de sécurité, seuls les prénoms des gendarmes sont indiqués.

 
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