Côte-d’Or – Tué par un pneu de camion sur l’A6 en 2017 : qui est responsable ?

Côte-d’Or – Tué par un pneu de camion sur l’A6 en 2017 : qui est responsable ?
Côte-d’Or – Tué par un pneu de camion sur l’A6 en 2017 : qui est responsable ?

Deux personnes, un homme et une femme, comparaissent devant leur procès pour homicide involontaire après un terrible accident remontant au 16 janvier 2017. Alors qu’il roulait sur l’autoroute A6, à proximité de Beaune et du passage à niveau à cinq voies, Nicolas J., 39 ans, habitant de Talant dans la métropole dijonnaise, a été heurté de plein fouet par un pneu et est décédé. immédiatement. La roue vient d’être perdue par un camion grumier, qui transportait des troncs d’arbres et qui circulait dans l’autre sens, parti dans la matinée de la Haute-Saône et devait rejoindre l’Allier. Le pneu a traversé les voies et le terre-plein central, faisant un mort et deux blessés.

Après sept ans et demi d’enquête, l’audience a eu lieu lundi 7 octobre 2024 devant le tribunal correctionnel de Dijon. Le chauffeur et le chef d’entreprise sont jugés. Deux grandes questions sont au cœur de l’essai : comment ce pneu a-t-il pu se détacher ? Et surtout, à qui la faute ?

« Négligence, insouciance et dilettantisme rare ! »

Les expertises le prouvent, même si elles suscitent de longs débats techniques : les écrous ont été dévissés au niveau du cinquième essieu du camion, et le pneu s’est détaché. Ou plutôt les pneumatiques, puisqu’un second est également sorti du matériel, mais avec moins de dégâts, terminant sa course derrière une clôture.

Comment est-ce possible ? La solidité du vissage des écrous a-t-elle été suffisamment vérifiée ? Pourquoi le camion était-il surchargé, avec neuf tonnes de bois au-delà de la réglementation ? Et avec une charge dépassant la longueur réglementaire ? Pourquoi ce poids lourd, acquis quelques mois plus tôt par l’entreprise, roulait-il avec un problème mécanique (un problème de verrouillage) qui n’avait pas été détecté jusqu’alors ?

Pour le procureur, les causes de l’accident peuvent se résumer en trois mots : « Négligence, insouciance et dilettantisme rare ! ». De son côté, l’avocat de l’entreprise et son président s’interroge sur la nature des causes de l’accident. S’il est possible de comprendre ce qui peut provoquer le desserrage d’un pneu, il est difficile de savoir précisément ce qui a causé ce desserrage particulier. “Nous sommes certains que rien n’est sûr”il résume.

Qui est responsable ?

Ce qui est difficile dans cette affaire, c’est que la responsabilité découle de la cause. À qui la faute ? Le chauffeur ? Ce grand gaillard, taciturne, buste direct au bar, père de trois enfants, 25 ans de métier ? Et à qui reprocher de ne pas avoir effectué tous les contrôles de sécurité ? «J’ai respecté ce que mon employeur me demandait» dit-il. Son avocat défend : « Il a effectué les contrôles au mieux de ses capacités, avec les moyens dont il disposait ». “Si vous aviez fait votre travail, monsieur, il n’y aurait pas eu d’accident” rétorque le procureur. « Sept ans que ce pneu s’est dévissé, sept ans que je me suis posé des questions »regrette le chauffeur, qui précise avoir “il a fallu trouver un psychiatre” . Aujourd’hui, il conduit toujours des poids lourds, mais plus dans le secteur du bois. Il a démissionné de cette entreprise.

“Et c’est aussi votre responsabilité.” Cette fois, le procureur vise le dirigeant de cette entreprise, reconnue dans le secteur et basée dans les Vosges, qui employait le chauffeur et était propriétaire du camion. “Pas de formation pour les conducteurs, alors que nous nous targuons d’être la grande prêtresse de la sécurité des transports ?”. En effet, celui qui a fondé cette entreprise en 1990 a travaillé fort pour faire évoluer les normes et règles dans le secteur du transport du bois. “Prête à tout pour sauver sa peau et sa réputation dans le monde des transports”dénonce l’un des avocats des parties civiles, tandis que son confrère évoque «une accumulation de négligences ». Les conseils de l’entrepreneur rappellent encore une fois qu’en termes de causes de l’accident, “Rien n’est sûr mais hypothétique”.

Y a-t-il donc eu un manquement de la part de l’employeur ? Si oui, à quel stade ? Dans les informations ? En formation ? Dans la fourniture d’outils et d’équipements ? Ou faut-il imputer uniquement la faute au conducteur, qui doit inspecter et contrôler quotidiennement son camion ? Alors que les deux camps se renvoient les responsabilités, les larmes des proches de la victime – venus nombreux à l’audience – continuent de couler abondamment, sept ans et demi après le drame. « Ce qui me choque le plus, c’est qu’ils se déchargent de leurs responsabilités ». Digne, le père de Nicolas J. prend la parole, décrivant les séquelles encore présentes chez ses petits-enfants. « Les années n’ont rien effacé, rien ne s’est effacé. Notre famille vous demande justice.il a dit au tribunal.

Le parquet requiert un an de prison avec sursis et une forte amende pour l’entreprise

A la fin de l’audience, le chauffeur du camion et le gérant de l’entreprise de transport se tournent pour la première fois vers la famille. En larmes, face aux deux enfants de la victime, aujourd’hui âgés de 9 et 12 ans, ils s’excusent.

Pour le chauffeur du camion, le parquet requiert un an de prison avec sursis, et une suspension du permis de conduire de trois ans. Pour le président fondateur de l’entreprise qui l’a embauchée : un an de prison avec sursis, 32 000 euros d’amende. Et aussi près de 35 000 euros d’amende pour son entreprise, jugée comme personne morale. Pour les deux prévenus, les avocats demandent la libération. Le jugement est mis en délibéré et la décision sera rendue le 2 décembre 2024.

 
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