Nouvelle étape franchie pour l’intégration possible des adjoints au médecin au Québec. La Faculté de médecine de l’Université Laval amorce le développement d’un programme de maîtrise pour former ces professionnels, les Forces armées canadiennes. Une initiative saluée par les fédérations de médecins.
Ce que vous devez savoir
- L’Université Laval amorce le développement d’un programme de maîtrise pour former des adjoints au médecin.
- Ces professionnels, supervisés par des médecins, effectuent entre autres des examens physiques des patients, posent des diagnostics et prescrivent des traitements.
- Les adjoints au médecin exercent depuis longtemps dans les Forces armées canadiennes et dans plusieurs provinces canadiennes.
- Au Québec, un projet pilote de deux ans est en cours à la Baie James.
Les adjoints au médecin sont présents au sein des Forces armées canadiennes depuis une quarantaine d’années. Ils sont arrivés dans les réseaux de santé publique au Canada il y a une vingtaine d’années, d’abord au Manitoba, puis en Ontario. Ils exercent désormais dans plusieurs provinces.
Leur rôle ? Procéder à un examen physique du patient, effectuer des diagnostics et des suivis, prescrire des tests et des traitements ou assister un spécialiste – un orthopédiste par exemple – en consultation ambulatoire ou encore lors d’opérations. Le tout sous le contrôle d’un médecin (voir l’encadré « Quelle est la différence avec un IPS ? »).
Au Québec, la profession n’est pas reconnue. Mais un projet pilote a été lancé en avril à la Baie James. Et un autre est « en bonne voie » en orthopédie en Montérégie, indique le cabinet du ministre de la Santé Christian Dubé.
Le modèle des adjoints au médecin est une idée très intéressante. Nous offrirons évidemment toute notre collaboration pour soutenir le développement rapide de la formation des adjoints au médecin ici au Québec, en français.
Cabinet du Ministre de la Santé
Selon l’Université Laval, le futur programme de maîtrise serait le premier offert en français au pays. Les soldats et les civils pouvaient s’inscrire.
Une initiative qui réjouit Jean-Nicolas Chagnon, directeur pour le Québec de l’Association canadienne des adjoints au médecin (ACAM). Son groupe compte 1000 membres. « Des études nous montrent une augmentation de près de 30 % de l’efficacité du médecin qui travaille avec l’adjoint au médecin », dit-il.
Projet pilote à la Baie James
Lancé en avril, le projet pilote à la Baie James a décollé il y a quelques semaines. Cinq adjoints au médecin travaillent dans des cliniques de médecine familiale sous la supervision de médecins.
«Ils feront eux-mêmes les suivis et s’en chargeront même», précise le D.r François Prévost, directeur des services professionnels au Conseil Cri de la santé et des services sociaux de la Baie James. Grâce à leur formation en traumatologie et en soins intensifs, ils pourront travailler par quarts aux urgences.
En Montérégie, le chirurgien orthopédiste Michel Leroux se dit prêt à mettre sur pied un projet pilote en orthopédie. Consultant pour les Forces armées canadiennes depuis 20 ans, il travaille avec les adjoints au médecin de la base militaire de Saint-Jean-sur-Richelieu.
« Un adjoint au médecin est formé pour penser comme un médecin », explique le chirurgien orthopédiste qui exerce également à l’Hôpital du Haut-Richelieu.
« Quand nous avons beaucoup de travail à faire dans la journée, nous sommes deux pour faire notre travail. Je peux déléguer au moins 60 % des tâches que je dois effectuer à une clinique externe. » Le Dr Leroux a formé un adjoint au médecin pour effectuer des infiltrations sous échographie.
Les syndicats de médecins favorables
Les syndicats de médecins se disent favorables à l’intégration des adjoints au médecin au Québec. «Tous les professionnels qui peuvent venir contribuer à améliorer l’accessibilité en première ligne, nous nous mobilisons», affirme le président de la Fédération des médecins généralistes du Québec, le Dr.r Marc-André Amyot.
Même discours à la Fédération des médecins spécialistes du Québec. « Pour nous, tout ce qui augmentera l’accès à la médecine spécialisée, nous sommes partants », affirme son directeur professionnel, le Dr.r Rafic Ghali.
Le Collège des médecins estime que « la contribution des adjoints au médecin est une solution possible à considérer » à l’heure où règne une pénurie de main-d’œuvre, ce qui a un impact sur l’accès aux soins. Il collabore au projet pilote dans le Grand Nord, une « région mal desservie du Québec », écrit-il.
« Ce projet pilote contribuera à la réflexion sur la place des adjoints au médecin dans le réseau de la santé au Québec et les mesures d’encadrement de ces professionnels », écrit-on. Le projet dure deux ans.
Quelle est la différence avec IPS ?
L’adjoint au médecin, titulaire d’un baccalauréat en sciences de la santé (ex. : ergothérapie ou physiothérapie) et d’une maîtrise dans ce domaine, est supervisé par un médecin, ce qui n’est pas le cas d’une infirmière praticienne spécialisée (IPS). Sa formation est « calquée » sur celle des étudiants en médecine, selon Jean-Nicolas Chagnon. « Son champ de pratique est extensible », dit-il. C’est le miroir de celui des médecins avec lesquels il travaille. » Les IPS exercent huit activités professionnelles, telles que le diagnostic des maladies et la prescription de traitements, dans leur spécialité spécifique : première ligne, santé mentale, néonatalogie, soins à l’adulte ou à l’enfant.