Le nombre d’euthanasies en Belgique continue de croître avec une augmentation de 15% par rapport à 2022
Les derniers chiffres transmis ce mardi par la Commission fédérale pour le contrôle et l’évaluation de l’euthanasie confirment cette hausse.
Publié le 27/02/2024 à 10h22
Le nombre d’euthanasies pratiquées en Belgique ne cesse d’augmenter, année après année. Ils étaient 3.423 l’an dernier (+15%), pour 2.966 en 2022 et 2.699 en 2021, selon les derniers chiffres transmis mardi par la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie. 3,1% des décès enregistrés en 2023 en Belgique étaient dus à l’euthanasie.
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L’année a été marquée par l’euthanasie d’une mineure, une jeune fille de 16 ans atteinte d’une tumeur au cerveau. « Nénette », qui a choisi de faire don de ses organes après son décès, a partagé son histoire avec les médias avant de partir. L’euthanasie des mineurs reste rare en Belgique. « Nous avons connu 5 cas » depuis que la loi l’a autorisé en 2014, indique Jacqueline Herremans, avocate et co-présidente de la commission.
La première « justification » de l’euthanasie pratiquée reste le cancer. Dans plus de la moitié des cas (55,5 %), une ou plusieurs tumeurs, sans perspective de guérison, étaient à l’origine de la demande. Mais, derrière les cancers, les polypathologies gagnent en importance dans les conditions provoquant l’euthanasie. Ils sont passés de 19,6 % des cas en 2022 à 23,2 % en 2023. Les affections psychiatriques sont également de plus en plus souvent avancées, mais représentent une part marginale du total : 1,4 %, soit 48 personnes. Ces cas nécessitent souvent un examen plus long de la demande, entre autres parce qu’une mort naturelle n’est pas attendue à court terme. L’avis de deux médecins externes est requis.
«Nous constatons une augmentation des demandes de patients hors Belgique»
Autre évolution : « nous constatons une augmentation des demandes de patients qui ne résident pas en Belgique », observe Jacqueline Herremans. Ainsi, 110 personnes domiciliées à l’étranger sont venues spécialement en Belgique pour y être euthanasiées, principalement des Français (101). La commission a eu connaissance de 61 cas en 2022. « Et il y a beaucoup de gens que nous devons décevoir. Les demandes affluent», constate l’avocat, également président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité. En France, l’euthanasie est interdite.
La Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie est chargée d’évaluer les dossiers de chaque euthanasie réalisée en Belgique, et de vérifier que toutes les conditions légales ont été respectées. Si elle soupçonne la violation d’une condition essentielle, elle transmet le dossier à la Justice. Cela reste très rare, et ne s’est pas produit en 2023.
Une grande majorité des déclarations d’euthanasie transmises à la commission sont en néerlandais (70,8 %). Ces chiffres reflètent le langage du médecin, pas nécessairement celui du patient. Mais cela reste l’indice d’une pratique plus répandue chez les Flamands que chez les francophones, même si l’écart est moins marqué qu’au début de l’euthanasie légale. La tranche d’âge la plus représentée est celle des 70-79 ans (28,6%), devant les octogénaires (27,8%).
Seules 19 euthanasies (0,6 %) en 2023 ont fait l’objet d’une déclaration anticipée. Via un tel document, une personne demande une future euthanasie, si elle se trouve atteinte d’une maladie grave et incurable et dans un « état d’inconscience irréversible ». « De fait, le champ d’application de la déclaration préalable est très restrictif », explique le coprésident de la commission.
Si la commission a accès au détail des euthanasies pratiquées, elle ne dispose pas de chiffres sur toutes les demandes refusées. Des données qui seraient néanmoins éclairantes, estime Jacqueline Herremans : « Il serait très utile d’avoir une étude transversale concernant toutes les décisions de fin de vie », commente-t-elle.