Alberto Velasco comme président du Grand Conseil de Genève

Alberto Velasco comme président du Grand Conseil de Genève
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Un ancien clandestin sur le perchoir

Publié aujourd’hui à 21h10

À 76 ans, ne serait-il pas opportun de céder la place à quelqu’un de plus jeune ? « Les présidents sont rarement de jeunes élus », constate Alberto Velasco. C’est plutôt un poste où il faut avoir une expérience des gens, du village politique, des règlements, des coutumes. On y accède en fin de carrière, ce qui est mon cas.

Arrivée de Tanger

Premier citoyen genevois depuis un an, Alberto Velasco réalise un incroyable parcours personnel. Il est né à Tanger, au Maroc, en 1947, ville autonome alors sous administration internationale. « Ma mère était originaire de Tanger, elle appartenait à la communauté juive. Mon père était un républicain espagnol parti en exil après la victoire de Franco. Mais en 1956, Tanger – qui jouissait jusqu’alors d’un statut particulier – est rattachée au Maroc qui devient indépendant : la famille quitte le pays pour Genève.

Mais pas toute la famille ! Alberto est resté chez sa tante à Tanger et n’est arrivé qu’un an plus tard, clandestinement, car le regroupement familial n’était pas un droit à l’époque. La famille a déjà quatre enfants et c’est beaucoup. A 12 ans, le plus jeune est placé dans une famille paysanne près de Chavannes-des-Bois.

Un choc? “Certainement pas. J’étais avec des Bâlois très ouverts, très accueillants, beaucoup moins racistes que les paysans vaudois d’à côté, qui avaient peur pour leurs filles”, se souvient-il, avant de poursuivre : “Je vivais comme la famille : je faisais l’école, je travaillais à la ferme. Le soir, il n’y avait pas de chauffage ; nous nous réunissions autour du poêle et la mère racontait des histoires, parlait des animaux de la ferme. Pour un enfant, c’était le paradis.

A 15 ans, c’est l’apprentissage. « Au début, ils ne voulaient pas que je devienne maçon. On m’a dit que j’étais limité. Il trouve alors un apprentissage de mécanicien à l’atelier des Charmilles et travaille dans les turbines hydrauliques. Ensuite, c’est l’école technique du soir, un demi-diplôme de physique, un troisième cycle à l’EPFL. « A mes frais, ces études », soupire-t-il. Quand j’y pense, je n’avais pas de jeunesse.

Un jour en prison

Au tournant des années 1960, il est à Genève et actif au sein de la Jeunesse communiste espagnole. “Manifestations, transport de journaux dans des valises à double fond en Espagne.” La police genevoise est aux aguets : « Je suis allé un jour en prison pour une manifestation et ils ont menacé de m’expulser. »

La deuxième partie de sa vie sera entrepreneuriale. Dans les années 1980, il a déclaré avoir fondé deux ou trois sociétés d’éoliennes en Espagne. “Quand cela a fonctionné, j’ai donné mes actions aux salariés et j’ai fondé une autre entreprise.” L’histoire est-elle trop belle pour être vraie ? “Oui, ce sont mes convictions”, assure-t-il.

Puis vient le divorce, le déménagement définitif à Genève. Entrée en politique dans les années 90, adhésion à l’Association des Locataires qu’il préside, entrée au Grand Conseil, où il se spécialise dans le logement, l’énergie et la finance. Au cours de sa carrière, il a également siégé à l’Assemblée constituante et au Conseil communal de la Ville de Genève.

Marc Breton est journaliste à la Tribune de Genève. Il a travaillé au sein de la section nationale et suit les questions politiques et économiques pour la section genevoise depuis 2004.Plus d’ @BrettonMarc

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