Camps pour sans-abri à Granby | Dès qu’ils s’installent, dès qu’ils en sont chassés – .

Granby désavoue son approche des lieux de tolérance


Publié à 1h22

Mis à jour à 5h00

Esther Dabert

Collaboration spéciale

« Ils veulent qu’on soit moins à l’aise pour qu’on ait envie d’aller en appartement, mais il n’y en a même pas ! »

Ce cri du cœur est celui de Danny. C’est derrière un cimetière, près de la rivière Yamaska, qu’il établit son camp. Une tente, une cabane en bois, une petite cheminée entre quelques briques, mais surtout de nombreux objets divers que l’homme a récupérés aux quatre coins de la ville. Une installation de fortune dont Danny sait qu’elle est temporaire.

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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Danny, qui a installé son campement au fond d’un cimetière

Dans deux jours, quelqu’un viendra certainement me demander de partir.

Dany

Si l’homme en est convaincu, c’est parce que Granby a décidé de mettre fin aux zones de tolérance où pouvaient s’installer des personnes en situation d’itinérance. Aujourd’hui, ils se retrouvent contraints de voyager fréquemment.

Depuis la fermeture des lieux de tolérance, Danny se retrouve régulièrement expulsé par les autorités. « Nous n’avons pas le droit de monter plus de trois tentes et ils viennent environ deux fois par semaine nous demander de déménager », raconte son ami Jean, avec qui il partage une cigarette.

Un projet d’accompagnement

Cet abandon des lieux de tolérance fait partie des mesures du plan d’action de la Ville sur les sans-abri, annoncé la semaine dernière. «On s’est rendu compte que ce n’était pas la meilleure solution pour les gens», explique la mairesse de Granby, Julie Bourdon.

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PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Julie Bourdon, mairesse de Granby

Nous avons vu une augmentation des problèmes de violence, d’agression, de consommation de drogue, donc cela a explosé même dans les lieux de tolérance.

Julie Bourdon, mairesse de Granby

C’est sur les organismes communautaires et divers services sur lesquels la Ville souhaite mettre l’accent afin de favoriser un accompagnement plus durable. « Nous sommes parvenus à mettre en place un plan d’action qui déterminera véritablement un continuum de services pour les personnes vulnérables en situation d’itinérance », a déclaré le maire. Nous travaillons notamment à mettre en place un répit et aussi à permettre à la soupe populaire de servir 365 jours par année, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. »

Un ensemble de services dont Francis se dit « reconnaissant » de pouvoir bénéficier. Parmi eux, l’organisme SOS Dépannage, la soupe populaire Partage Notre-Dame et le centre d’hébergement Le Passant. « Nous avons de la chance, les personnes impliquées sont très compréhensives. »

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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Francis, 29 ans, s’est retrouvé à la rue il y a peu.

L’homme de 29 ans, récemment à la rue, est en train de préparer son campement pour éviter de se faire surprendre par la pluie. Si c’est avec fierté qu’il présente ses dernières trouvailles, il ne cache pas non plus son soulagement de pouvoir enfin sortir de la précarité de sa situation.

«J’avais 35 anse sur la liste d’attente du centre d’hébergement, mais maintenant je suis le prochain, se réjouit-il. Une fois là-bas, je peux y rester trois ans et retrouver un travail et une routine. »

Un manque de logements

La question du logement est au cœur des interrogations depuis l’annonce du plan par la Ville. À Granby, il existe quatre centres, deux pour hommes et deux pour femmes. Ces établissements, souvent très demandés, disposent de peu de places. C’est notamment le cas au centre Le Passant, qui compte une quinzaine de lits, selon Karine Lussier, directrice du Groupe d’action solutions pauvreté (GASP), qui regroupe plusieurs organismes communautaires dont la mission est la lutte contre la pauvreté en Haute-Yamaska. . .

Une pénurie plus visible dans les services destinés aux femmes. « Au centre Entret’elles, il y a environ quatre ou cinq lits, explique M.moi Lussier. Bien sûr, ce n’est pas beaucoup car on a constaté une forte augmentation du nombre de femmes sans abri ces dernières années, donc évidemment, là aussi, il y a des listes d’attente. »

Mélanie est une habituée de ces centres. Aujourd’hui, elle espère pouvoir y prendre une douche. Mais au-delà de l’hygiène, si le quadragénaire s’y rend souvent, c’est surtout pour des raisons de sécurité.

Le premier besoin à satisfaire est la sécurité. Il est arrivé plusieurs fois que des gens voient leurs tentes incendiées. La semaine dernière encore.

Mélanie

Des enjeux de sécurité que Danny connaît bien aussi.

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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

John et Danny

« Trois fois, j’ai eu tout ce que j’avais volé. […] Je ne peux pas aller au centre, car si je ne surveille pas mon stock, tout sera volé », explique-t-il.

Manque de fonds

Au-delà du manque de places, le problème du logement à Granby repose aussi sur le manque de fonds. «On a des organismes communautaires qui ont présentement des lits vides, mais qui ont des listes d’attente parce qu’ils n’ont pas assez de financement pour avoir d’autres employés pour gérer ces lits», explique Karine Lussier.

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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Les lieux de tolérance ne sont plus en vigueur à Granby.

Selon le responsable du GASP, il y aurait une cinquantaine de personnes en situation d’itinérance à Granby, à laquelle s’ajoute l’itinérance invisible, qui concerne une centaine de personnes. Et le directeur est catégorique : « Il n’y a pas 150 places disponibles à Granby en ressources pour les personnes en situation d’itinérance. Nous sommes très loin du compte. »

C’est pour répondre à cette problématique que la Ville a prévu, dans le cadre de sa politique du logement, la création de 300 logements abordables d’ici deux ans, dont 90 dès l’automne prochain.

Des annonces qui laissent perplexes les principaux acteurs, qui accusent souvent la Ville et certains centres d’hébergement de les infantiliser ou de les traiter de manière « robotisée ». « Vous arrivez une minute en retard au centre et vous n’entrez pas », déplore Jean. « Et si tu veux prendre une douche, c’est à une heure précise », ajoute Danny.

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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Camp où se reposent Danny et Jean

Pour les deux hommes, la fin des camps est synonyme d’augmentation de la précarité. « Je n’ai même pas le temps de m’installer pour être à l’aise alors qu’ils me demandent déjà de partir », déplore Danny.

Ils veulent nous disperser pour que nous soyons moins visibles. Je me sens déshumanisé.

Dany

S’il y a une chose sur laquelle Jean et Danny ont le même point de vue, c’est le fait que ces désaccords avec la municipalité sont principalement liés à un manque de représentativité politique. « Il faudrait que la personne qui nous représente vienne de la rue, car aujourd’hui, c’est un policier », explique Danny. Et nous donnons toutes nos idées aux travailleurs de rue, mais elles sont toujours rejetées lorsqu’elles arrivent d’en haut. »

Même si les deux hommes savent qu’ils vont bientôt devoir à nouveau quitter le camp, ils profitent de la douceur du début d’après-midi pour simplement discuter en toute quiétude. Danny réfléchit déjà à quelques endroits où il pourrait installer son prochain camp.

 
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