Genève dit « stop »

Une classe d’école primaire. Anne Hiltpold en encart.images : clé de voûte

La cheffe de l’Instruction publique genevoise, Anne Hiltpold, s’oppose à un questionnaire sur le sexe et le genre des élèves du primaire, a-t-on appris. Watson. Les critiques sont fortes.

Aucune question ne sera posée sur le genre aux écoliers genevois. Ainsi en a décidé la chef du Département de l’Instruction publique (DIP), Anne Hiltpold, a appris Watson ce mercredi. Cette décision intervient deux jours après nos révélations relatives à des recherches menées par la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Genève (Unige) auprès d’élèves de l’école primaire Carl-Vogt.

Cette recherche est un test visant à mesurer la « mémoire de travail » des élèves, c’est-à-dire leurs capacités cognitives. Il a été demandé aux parents la semaine dernière de consentir ou non à la participation de leur(s) enfant(s). Pour l’instant, rien de problématique. Le problème est apparu avec un questionnaire accompagnant la demande de consentement, destiné à « décrire » l’échantillon testé.

Les questions posées

Que demande le questionnaire, dont nous parlions lundi dans un premier article ? Soumise à l’autorité parentale par les enfants fréquentant l’école primaire Carl-Vogt, elle demandait aux parents d’élèves des classes 1P à 4P (âgés de 5 à 10 ans) de réagir sur les sentiments de genre de leur fille ou garçon, ainsi que sur le « sexe de votre enfant à la naissance », ce qui pourrait laisser penser que le sexe de votre enfant a peut-être changé entre-temps. Les parents étaient libres de répondre ou non à ces questions.

Le questionnaire remis aux parents

Dr.

Par ailleurs, les élèves de 5P et plus (à partir de 10 ans), sans autorisation parentale, ont été invités à répondre eux-mêmes à ce questionnaire à choix multiples. Jugeant la démarche « intrusive », les parents ont créé un groupe Whatsapp pour exprimer leur mécontentement.

Le conseiller d’État met son veto

La conseillère d’État Anne Hiltpold leur donne aujourd’hui raison. Le DIP écrit :

«Le DIP a autorisé une étude de l’Université de Genève axée sur la mémoire et non sur les questions d’identité de genre. Le questionnaire de consentement destiné aux parents souhaitant participer à l’étude posait des questions sur le sexe et le genre des enfants. Ces questions préoccupent Anne Hiltpold, qui les considère comme non pertinentes, et elles seront à nouveau discutées avec ses services.

La Faculté de psychologie désavouée

Mardi, c’était le service communication de l’Unige, sollicité par Watsonqui rapportait la position de la direction de l’Université sur le questionnaire critiqué :

« La formulation choisie (ndlr : telle qu’elle apparaît dans le questionnaire envoyé aux parents) n’a malheureusement pas été perçue comme problématique (ndlr : par ceux qui l’ont rédigée), les questions liées aux questions de genre étant régulièrement abordées au sein de l’Université. Elle peut évidemment clasher en dehors des cercles spécialisés et est effectivement maladroite. L’Université accordera une attention accrue à la collecte de ce type d’ et à la manière dont elle est effectuée.

Marco Cattaneo, directeur de la communication de l’Unige

Questions « hors sujet », formulation « maladroite » : la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation est désavouée non seulement par le pouvoir politique, mais par l’Unige elle-même, au moins sur la partie questionnaire, le test relatif à la « mémoire de travail », sans rapport avec la le genre ou le sexe des écoliers, étant maintenu.

« Préjudiciable et peut-être répréhensible »

Sceptique quant au travail mené sur les questions de genre, Pierre Conne, député PLR au Grand Conseil de Genève et médecin professionnel, estime que le questionnaire demandant des informations sur le sexe des élèves d’une école primaire est « dommageable » et « potentiellement répréhensible ».

“Il y a une instrumentalisation de l’enfant placé sous l’autorité scolaire”

Pierre Conne, député cantonal PLR (GE)

Pierre Conne développe :

« On peut suspecter un abus de pouvoir de la part de l’école sur l’enfant soumis à l’autorité. L’école a confié à l’enfant la responsabilité de remettre à ses parents un questionnaire intrusif pour la vie privée de la famille et celle de l’enfant. Les parents peuvent dire qu’ils ont intérêt à donner leur consentement au questionnaire, ils peuvent conclure que ne pas le faire risquerait de retomber sur le dos de leur enfant dans le cadre de sa scolarité. C’est ce qu’on appelle introduire un biais de désirabilité.

Pierre Conne, député cantonal PLR (GE)

L’hypothèse de Pierre Conne est proportionnelle à la nature du questionnaire. Le député et médecin est d’avis que « c’est à l’enfant de poser à l’adulte des questions relatives à son intimité ou à sa personnalité. Ce n’est pas à l’adulte d’interroger l’enfant dans ces domaines, du moins pas en priorité.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le questionnaire, avec ses questions abruptes, applicables aux enfants, à un âge de la vie où l’identité se construit peu à peu, ne fait pas l’unanimité, y compris parmi les partisans des études de genre.

Conseils donnés à Watson dans l’entourage du Comité d’éthique et de déontologie de l’Unige :

« Il faut contacter la protection de la jeunesse pour leur demander si ce questionnaire ne nuit pas à l’enfant »

La Commission d’éthique et de déontologie de l’Unige suit les grandes orientations de l’institution. Elle ne vise pas a priori des travaux de recherche comme celui sur la « mémoire de travail » de l’enfant. Cependant, cette étude, avec son questionnaire associé sur le sexe et le genre, a bel et bien reçu le feu vert des services compétents, « Unige et DIP », nous dit-on.

C’est la deuxième fois en deux semaines, après l’affaire de la Fête des mères, que la cheffe du DIP, la libérale-radicale Anne Hiltpold, s’oppose à une décision d’un service placé sous sa tutelle. Ces défis, avec des enjeux académiques et politiques bien plus importants en matière de genre, annoncent un changement dans les orientations sociétales prises ces dernières années dans les écoles, gymnases et universités, et pas seulement à Genève. mais ailleurs en romande ?

 
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