En Guadeloupe, un nouvel élan pour la filière canne à sucre

En Guadeloupe, un nouvel élan pour la filière canne à sucre
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Dans une plantation de canne à sucre à Basse-Terre (Guadeloupe), en 2018. HÉLÈNE VALENZUELA / AFP

Sauvée in extremis après deux mois de conflit (et donc tant de retard), la campagne sucrière en Guadeloupe métropolitaine va enfin pouvoir avoir lieu. Face à la menace d’une année blanche et d’un blocage pendant plusieurs jours dans la principale zone économique de l’archipel, un accord a été signé vendredi 27 avril : 2 millions d’euros ont été débloqués, dont 1,5 million d’euros versés par l’État, la région et le département. Et la promesse arrachée par les pouvoirs publics d’ouvrir enfin les chantiers d’une refonte du secteur qui, au dernier décompte en 2018, comptait 10 000 emplois directs.

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Depuis plusieurs années, chaque début de récolte de canne à sucre apporte son lot de blocages, de manifestations d’agriculteurs, de transporteurs, ou de coupeurs de canne, signe de la crise permanente qui anime cette filière moribonde.

“C’est la passion qui nous pousse à ne pas nous arrêter”, ont affirmé les membres du Collectif paysan (KDA), stationnés devant Gardel, la sucrerie, alors qu’ils protestaient contre le prix d’achat de la canne par l’industriel, début mars. Ce secteur, hérité de l’esclavage, est soutenu par l’argent public qui bénéficie, selon le ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Forêts, de « un soutien public très important (aides nationales et européennes) » : 80% des revenus du producteur de canne dépendent de ces aides, et toute la filière est soutenue afin d’être compétitive sur les marchés.

Teneur en sucre de la plante

Selon les données de ce service de l’État, en 2010, la Guadeloupe métropolitaine comptait 2 779 planteurs. Dix ans plus tard, ils n’étaient plus que 1 967 et leur nombre continue de diminuer. Sur cette période, 28 % de ses exploitations ont disparu et 13 % de la superficie agricole cultivée en canne (environ 11 000 hectares aujourd’hui) a été anéantie.

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La production sucrière diminue chaque année, en raison des rendements à l’hectare (45 tonnes par hectare en moyenne contre 60 à 80 attendues), du changement climatique, de la pression foncière, de la pyramide des âges des agriculteurs mais aussi de la richesse saccharine, en constante diminution, au cœur de conflits réguliers autour du prix de la canne.
Car c’est notamment la teneur en sucre de l’usine qui détermine le prix d’achat à la tonne, payé par l’usine et fixé par un document-cadre pluriannuel, signé par les acteurs de la filière et par ses financiers.

En 2023, date du renouvellement de cet accord, le prix a été fixé après un long conflit social, à un maximum de 113 euros la tonne de canne (au lieu de 84 euros pour le précédent accord qui courait de 2017 à 2022). Le document restait ouvert sur un certain nombre de domaines, qu’il s’agisse de la réorganisation de la filière ou de la possibilité de réviser la formule saccharimétrique utilisée pour fixer le prix de la tonne de canne. Instaurée en 1983, cette formule est régulièrement remise en cause, non pas tant dans sa méthode que dans les paramètres utilisés : teneur en sucre de la canne, teneur en fibres, coefficient de capacité d’extraction de l’usine, etc.

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