Électrifier la ville par Pete Rose

Les promesses sont énormes.

Transportée sur près de 1 500 km depuis les barrages de la Baie James jusqu’au cœur de la plus grande ville d’Amérique du Nord, l’hydroélectricité québécoise doit fournir un cinquième de l’énergie de la Grosse Pomme à partir de 2026.

Le contrat de 25 ans entre Hydro-Québec et l’État de New York rapportera plus d’un milliard de dollars par année au trésor québécois.

Qui plus est, l’ajout massif d’énergie propre rendra l’air de New York plus respirable en réduisant la pollution atmosphérique de 25 %. Dans une ville où 90 % de l’électricité provient de sources fossiles, principalement du gaz naturel.

« Nous allons en transférer 20 % vers une Source propre. C’est énorme!” s’exclame notre interlocuteur, enthousiasmé par ce projet auquel il participe d’une manière ou d’une autre depuis plus de 10 ans.

Aidez vos amis

Les États-Unis, c’est Hydro-Québec. Il est directeur des relations avec les parties prenantes d’Hydro-Québec aux États-Unis. Le représentant de notre société d’État dans les États de New York, du Vermont et de la capitale Washington.

Le gars est Peter « Pete » Rose. Pas le joueur de baseball. Plutôt le petit bonhomme né et élevé à New York, qui a appris le français à Paris, s’est marié avec une Marocaine et travaille pour la diplomatie québécoise depuis plus d’une décennie.

Il est né en 1979. frère aîné a supplié ses parents de donner au bébé le nom du frappeur légendaire, alors au crépuscule de sa renommée.

>>>>>>

La construction de la station de conversion Astoria emploie environ 100 travailleurs. (Énergie Champlain Hudson Express)

« Les émissions de gaz à effet de serre ne connaissent pas de frontières. Le Québec devrait être très fier de ce que nous faisons ici. Très peu de juridictions sont capables de décarboniser à cette échelle », a déclaré ce sympathique homme assis autour d’une salade dans un restaurant grec du quartier du Queens il y a deux semaines.

«Non seulement décarboner le Québec, mais aider ses amis», poursuit-il. Les États-Unis sont le premier partenaire du Québec et l’État de New York est le premier parmi les États. Et il n’y a pas que l’énergie qui traverse les frontières. C’est un partenariat très intéressant d’un point de vue économique et politique.»

À Con Edison

Le soleil venait de visiter le chantier de construction de la future centrale de transmission électrique dans le quartier d’Astoria, le long de l’East River. Un secteur très industriel du Queens où sans les gratte-ciel aperçus au loin, ce serait comme n’importe quelle ville grise.

C’est ici que la nouvelle installation du Champlain Hudson Power Express (CHPE), surnommée par son surnom, recevra le courant continu haute tension ayant parcouru 600 km depuis le poste Hertel, au Québec, pour le retransformer en courant alternatif et le redistribuer. aux foyers et aux entreprises de New York.

En septembre, le premier ministre François Legault était présent pour l’inauguration officielle en compagnie de la gouverneure de l’État de New York, Kathy Hochul, du patron de Con Edison, Tim Cawley, ainsi que du grand chef des Mohawks de Kahnawake, Kahsennenhawe Sky. -Cerf.

>>>>>>

François Legault discute avec la gouverneure de l’État de New York, Kathy Hochul, lors de la cérémonie d’inauguration de la station CHPE. Ils sont accompagnés du président de Con Edison, Tim Cawley. (Adrian Wyld/Archives de la Presse Canadienne)

La Consolidated Edison Company de New York, Con Edison pour les locaux, est une entreprise pionnière de production et de distribution d’énergie née à New York il y a 200 ans et devenue un géant de l’énergie aux États-Unis.

Son nom vient en partie de l’époque où l’inventeur et homme d’affaires Thomas Edison dirigeait l’entreprise en 1882, où il créa le premier réseau de distribution électrique au monde.

1250 MW de notre part

La centrale CHPE n’occupe qu’une petite partie de l’immense terrain de Con Edison, qui a d’abord reçu des livraisons de charbon, puis de pétrole, maintenant de gaz naturel et bientôt d’hydroélectricité.

>>>>>>

Un tronçon d’un des deux câbles qui vont de la station Hertel, à Québec, à la station Astoria, à New York. (Olivier Bossé/Le Soleil)

Deux énormes câbles sont enfouis sur presque la totalité des 600 km qui séparent la gare d’Astoria de la frontière canadienne. Sauf à un endroit, à l’arrivée, sur les 365 mètres (1200 pieds) de la station de conversion elle-même. Le sol s’y révèle trop contaminé.

Il s’agit de la plus longue ligne souterraine à courant continu à haute tension des États-Unis. La majorité est située sous le lit de la rivière Hudson, sauf dans un secteur où il a fallu contourner une frayère à esturgeons.

La demande régulière de l’État de New York est d’environ 15 000 mégawatts, dont 5 500 MW pour la ville de New York. De ce montant, 1 250 MW proviendront bientôt de l’hydroélectricité québécoise.

Les surplus énergétiques du Québec ont fondu au cours des dernières années et la bidirectionnalité de la ligne de transport pourrait également être utilisée pour importer de l’électricité au Québec lors des périodes de pointe hivernales, par exemple.

À partir du 29 mai 2026.

>>>Le compte à rebours est clairement visible sur la paroi de la roulotte de chantier.>>>

Le compte à rebours est clairement visible sur la paroi de la roulotte de chantier. (Olivier Bossé/Le Soleil)

Quand Le soleil passé, il restait 777 jours. Ce lundi, nous en sommes à 760. Exactement 25 mois, top chrono.

Le responsable du chantier, Gregory Pitts, veille à respecter le planning à la lettre. Il gère une fourmilière d’une centaine de salariés. A terme, une quinzaine exploiteront la station.

Ils ont dû démonter en toute sécurité six vieux réservoirs de pétrole d’une capacité totale de 40 millions de litres. Et faire face à la présence d’un spaghetti de 9 000 m (30 000 pieds linéaires) de canalisations.

Sans oublier que toute la zone a été construite sur des tonnes de décombres provenant de bâtiments détruits à Brooklyn et à Manhattan. Les ouvriers ont déterré des morceaux de briques marqués du sceau Evans & Howard, un fabricant de briques du milieu des années 1800. Des pierres de la période glaciaire ont également été trouvées.

Le tronçon américain de 600 km de la ligne de transport traverse moins de 1 200 installations, tunnels, gazoducs, vieilles canalisations en bois. Cela nécessitait l’obtention de nombreux permis et autorisations en tout genre.

>>>Gregory Pitts, responsable du site CHPE>>>

Gregory Pitts, responsable du site CHPE (Olivier Bossé/Le Soleil)

“Cela représente 10 ans de ma vie!” s’exclame M. Rose, qui s’est impliqué directement ou indirectement dans ce projet depuis son passage à la délégation québécoise à Washington, puis à celle de New York.

« Le plus dur est celui qui nous attend. Pour creuser quatre milles [6,4 km] dans les rues de New York où vivent 1,8 million de personnes», prévient M. Pitts en désignant la ville.

Bienvenue à Allée de l’asthme

Nous sommes dans un secteur appelé Allée de l’asthme, allée de l’asthme. Le quartier du sud du Bronx, séparé d’Astoria par seulement deux îles et le fleuve, présente le taux d’asthme le plus élevé des États-Unis.

Non loin des grandes cheminées qui remplissent le ciel des quartiers défavorisés environnants se trouve le plus grand complexe de logements sociaux des États-Unis, Queensbridge Houses. Le lieu est connu pour avoir vu grandir plusieurs rappeurs, dont Nas.

Le représentant d’Hydro-Québec, et sa collègue du CHPE, Laura Gibson, expliquent avoir effectué plusieurs tournées d’information auprès des citoyens des quartiers environnants, où auront lieu des travaux majeurs.

>>>Vue des quartiers autour du chantier du CHPE.>>>

Vue des quartiers autour du chantier du CHPE. (Olivier Bossé/Le Soleil)

« Les gens du quartier vivent dans un nuage de fumée. Alors quand ils réalisent que c’est pour avoir de l’énergie propre, ils sont contents», assure M. Rose.

« Je vais rencontrer des New-Yorkais. Dès que je dis que ça va aider leur santé, les gens me disent : ah oui ? C’est super! Nous sommes pour. Nous ne disons pas : c’est de l’énergie canadienne, nous n’en voulons pas.

— Pete Rose, directeur des relations avec les parties prenantes d’Hydro-Québec aux États-Unis

Les seuls défis auxquels ont dû faire face le CHPE et Hydro-Québec provenaient des « producteurs qui perdront des parts de marché ». Pour des raisons commerciales. Mais pour les New-Yorkais ? Pas de soucis», assure M. Rose.

Les problèmes liés aux peuples autochtones ont également été soulevés plus tôt dans le processus. Mais les Mohawks de Kahnawake ont depuis obtenu une part des bénéfices.

«Je ne dis pas que c’est facile, mais ce projet coche toutes les cases», résume Pete Rose, qui ne voit pas émerger de nouveaux projets d’exportation aux États-Unis pour Hydro-Québec.

Actuellement, 26 % de l’électricité utilisée dans l’État de New York provient de sources propres telles que l’énergie solaire et éolienne, qu’elles soient intermittentes, nucléaires, controversées ou hydroélectriques. L’objectif est de 70 % pour 2030 et de 100 % en 2040.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Démissions en série à Estavayer
NEXT Européennes : Bardella lance le compte à rebours vers une victoire annoncée à Perpignan : Actualités