Le ministère de la Santé et des Services sociaux a réalisé un exercice dans la nuit du 23 au 24 avril pour mieux comprendre « l’itinérance hébergée ». Le rapport complet sur l’utilisation des ressources d’hébergement à l’échelle provinciale sera publié à l’automne. Plusieurs organisations s’interrogent sur la pertinence de cet exercice, et certaines réclament des mesures plus concrètes.
LE CIUSSS Et CISSS de chaque région ont entrepris des démarches auprès des organismes communautaires afin d’établir un portrait complet de chaque territoire.
Cet exercice permet de dresser un inventaire des ressources d’hébergement, de collecter des données administratives sur ces ressources – comme le nombre de places disponibles ou le nombre de personnes hébergées – ou de comparer certaines estimations avec des décomptes antérieurs.
Les résultats de ce rapport fourniront notamment des outils aux organismes communautaires.
Qu’est-ce que l’itinérance hébergée ?
Situation dans laquelle une personne qui ne dispose pas d’un logement permanent et sécurisé se trouve dans une structure d’hébergement et d’hébergement d’urgence, temporaire et autre de transition pour une nuit donnée (c’est-à-dire celle du 23 avril 2024).
Définition du MSSS
Cet exercice appelé dénombrement est différent du dénombrement, qui a eu lieu en 2022, où l’on dresse un portrait plus précis de l’itinérance. Aucune enquête ne sera réalisée et aucun questionnaire ne sera remis aux principales parties prenantes
précise le ministère dans un courriel envoyé à Radio-Canada.
L’exercice de recensement permettra de faire la lumière sur l’offre de services d’hébergement destinés aux personnes en situation d’itinérance et de suivre l’évolution de l’itinérance hébergée, en comparant les données du 23 avril 2024 avec celles collectées en 2018 et 2022 sur l’itinérance hébergée, précise le ministère.
Photo : Radio-Canada / Frédéric Vigeant
Le service de communication du ministère ajoute que le dénombrement constitue un exercice moins énergivore et moins coûteux qu’un décompte […] Cette méthode nécessite un déploiement de ressources important, ce qui explique pourquoi il a plutôt été décidé d’alterner entre les deux manières de faire.
Un exercice de comptage aura lieu au printemps 2025.
Les lieux ciblés par cette enquête :
- Logement pour personnes dépendantes (RHD)
- Centre de crise
- Mixte – Hébergement dépendance et centre de crise
- Ressources de transition pour les délinquants
- Centre de réadaptation en toxicomanie
- Hébergement d’urgence
- Hébergement de transition
- Logement de transition
- Mixte – Hébergement d’urgence, hébergement de transition et/ou logement de transition
- Violence 1ère étape et 2ème étape
- Arrêt de la chaleur
Loin de refléter la réalité
À Lévis, le Centre d’aide et de prévention à la jeunesse (CAJP) offre depuis l’automne 2022 le service Accueil inconditionnel, Le 55, pour accueillir les personnes en situation d’itinérance ou à risque de le devenir. Elle fait partie des organisations qui ont participé au recensement du 23 avril.
Son directeur, Richard Bégin, admet que le processus de dépouillement est lourd et pénible
mais il ne croit pas que le dénombrement donner quelque chose de plus
dans le portrait de l’itinérance au Québec.
Le décompte a permis de parcourir les rues, d’atteindre des personnes qui se cachent dans l’itinérance et qui ne sont pas forcément hébergées dans des refuges. […] Le dénombrement disposait également d’un questionnaire qui permettait de récolter des données sur les déplacements des personnes, alors que le dénombrement est très mathématique.
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Richard Bégin, directeur du Centre d’aide à la jeunesse et de prévention de Lévis (Photo d’archive)
Photo : Radio-Canada / Marie Maude Pontbriand
Dans son organisation, du 1er avril 2023 au 31 mars 2024, 451 personnes ont demandé de l’aide, principalement des hommes dans la quarantaine, mais aussi de plus en plus de femmes et de personnes issues de l’immigration.
Lors du dernier décompte en 2022, l’itinérance avait augmenté dans toutes les régions du Québec.
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Cela reste un portrait très fragmentaire, une image à un instant donné
indique M. Bégin. Il donne un portrait sommaire, il est loin d’être complet et loin de refléter la réalité
fait-il remarquer.
Passer à l’action
Il est important que les décideurs soient conscients
, mentionne de son côté le directeur général de Lauberivière, Éric Boulay. Même si l’exercice de comptage est plus précis, il reste le le sommet de l’iceberg
selon M. Boulay, car cela représente aussi un jour dans l’année.
Nous devrions multiplier par 10 ce que nous voyons dans un décompte [pour s’approcher davantage de la réalité]
croit le directeur général de Lauberivière.
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Éric Boulay est directeur général de Lauberivière.
Photo : Radio-Canada / Anne-Sophie Roy
Je pense que ce serait trop énergivore de faire un comptage chaque année
, ajoute M. Boulay. Il précise que la liste est relativement rapide à compléter et qu’elle est utile pour donner un aperçu de l’évolution de la situation. minutes”, “texte”: “Cela prend deux minutes”}}”>Cela prend deux minutes
il dit.
Oui, il faut faire des portraits, et c’est important, mais il faut aussi des actions. […] Nous y travaillons toujours !
En entrevue téléphonique, Boromir Vallée Dore, du Réseau Solidarité Itinérance du Québec, estime également qu’il existe un risque d’accumuler des données
.
Le gouvernement a déjà dit que nous sommes dans une situation de crise, pourquoi revient-on à la calculatrice ?
se demande-t-il.
Boromir Vallée Dore attend également des mesures concrètes pour venir en aide aux personnes en situation d’itinérance.
Avec la collaboration d’Audrey Paris, Magalie Masson et Christiane Latortue