Me Amadou Aly Kane met en garde le président Diomaye Faye sur son mandat qui risque selon lui d’être une bataille judiciaire. L’avocat, invité ce dimanche de l’émission du JDD sur iRadio, a été interrogé sur instructions du chef de l’Etat concernant la mise en place d’une commission d’indemnisation des victimes des événements de janvier 2021 à février 2024.
Le défenseur des droits humains rappelle qu’au moment du vote de la loi d’amnistie, il avait soutenu qu’il s’agissait d’un mal nécessaire. ” En tant que défenseur des droits humains, je suis pour cette loi d’amnistie. Je reconnais qu’il existe un droit à un juge où toute personne qui se sent lésée doit faire appel devant un juge qui traite son cas selon les règles de droit. Mais nous sommes dans un pays où nous avons remarqué qu’il est difficile de juger certaines catégories», selon M. Kane.
Difficile de traduire certaines catégories en justice…
Pour l’avocat, « nous avons vu tout ce qui s’est passé récemment dans les hôpitaux. Et nous avons vu qu’il était extrêmement difficile de porter ces questions devant la justice. Parce que si vous le faites, le syndicat et la profession médicale se mettront tous en grève et paralyseront le système. Au tribunal, lorsqu’il s’agissait d’inculper un greffier, on a vu son corps se dresser comme un seul homme pour s’y opposer. Cela signifie qu’il est très difficile au Sénégal de juger certaines catégories. Je me demande s’il est plus facile de juger les forces de défense et de sécurité ? Je ne pense pas. Sans en être sûr et puisque le but de la justice est de réguler la société, de faire régner la paix. Est-il opportun de prendre des initiatives dans le domaine judiciaire qui ont pour conséquence de déstabiliser le pays ? »
” Évitez de vous lancer dans une chasse aux sorcières…
” C’est un aspect du problème. L’autre aspect est la réédition des comptes. Il y a des gens qui ont réussi et qui ont parfois mal géré. Si l’on entre dans ce combat, le mandat du président Diomaye Faye ne risque-t-il pas d’être un combat judiciaire ? Car on se souvient que le président Macky Sall, à ses débuts, voulait se lancer dans toutes les aventures. Les personnes qui ont mal géré doivent être tenues pour responsables. Maintenant, comment faire pour ne pas aboutir à des règlements de comptes ? Ce qui me préoccupe, c’est qu’il faut éviter de se lancer dans une chasse aux sorcières. Mon souci est que les choses se passent d’une manière qui n’entraîne pas une déstabilisation de la nation sénégalaise, de l’État même du Sénégal.», soutient Me Amadou Aly Kane.
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