Faut-il avoir peur des microplastiques dans l’eau potable ? – .

Faut-il avoir peur des microplastiques dans l’eau potable ? – .
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Lorsque les plastiques finissent dans l’environnement, ils sont progressivement dégradés par toutes sortes de processus – souvent l’action des rayons ultraviolets et/ou de l’oxygène, en plus d’« attaques » plus mécaniques comme l’érosion – qui les briseront en morceaux de plus en plus petits. . Les définitions varient , mais on parle généralement de « microplastiques » lorsque la taille est inférieure à 0,5 ou 0,1 millimètre.

Or, il n’y a pas tellement de ces microplastiques dans les eaux de surface au Québec. En tout cas, bien moins qu’on ne le pensait déjà.

« Il y a eu beaucoup d’études sur les microplastiques, et c’était un peu le far west au début », explique Mathieu Lapointe, chercheur en traitement des eaux à l’École de technologie supérieure. Il y a eu de nombreuses erreurs méthodologiques où les chercheurs ont eux-mêmes contaminé leurs échantillons, entraînant des concentrations qui semblaient très alarmantes. Mais lorsque nous avons adopté de meilleures méthodes, nous avons réalisé qu’il y en avait beaucoup moins que nous le pensions. »

Ici : dans un rapport publié en 2019, l’Association pour la protection du lac Saint-Charles et du Marais du Nord (APEL) a prélevé des échantillons d’eau en 11 points du lac Saint-Charles, d’où le Québec tire une grande partie de son eau potable. En moyenne, cette eau contenait environ entre 0,02 et 0,1 particule de microplastique par litre, ce qui signifie qu’il fallait filtrer entre 10 et 50 litres pour retrouver un seul morceau de microplastique.

Des concentrations comparables se retrouvent dans le Saint-Laurent, précise M. Lapointe. Et ailleurs dans le monde aussi, d’ailleurs.

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Des microplastiques et des débris mésoplastiques sont photographiés sur la plage d’Almaciga, sur la côte nord de l’île canarienne de Tenerife. (Désirée Martin/Archives de l’Agence -Presse)

Et encore, ajoute-t-il, « même s’il y en avait plus, nos usines d’eau potable les captent très bien ».

Dans ces usines, on force la précipitation de nombreux contaminants, dont les plastiques, en ajoutant du sulfate d’aluminium qui, au contact de l’eau, va précipiter et former des sortes de « flocons de neige » qui vont capter les contaminants. . Cela élimine déjà une grande partie des (rares) microplastiques présents, et ceux qui restent ont de fortes chances d’être captés par la prochaine étape du traitement de l’eau potable, la « filtration granulaire », où l’on fait passer l’eau à travers une sorte de filtre fin. sable.

Bref, il n’y a pas beaucoup de microplastiques au départ, et il en reste très très peu après traitement.

Faible toxicité

De toute façon, ces plastiques ne sont pas particulièrement toxiques — même si on s’accorde sur le fait qu’ils ne sont pas exactement recommandés par le Guide alimentaire canadien… En général, les plastiques ne sont pas digérés par nos intestins, ce qui entre a tendance à simplement passer à travers.

Bien entendu, de nombreuses études ont encore montré qu’ils présentent un certain potentiel nocif. Mais la plupart des doses ou concentrations testées n’ont absolument rien à voir avec les conditions réelles.

Par exemple, l’un d’eux voulait voir si les microplastiques étaient nocifs pour les cellules du côlon humain. Les auteurs les ont donc exposés, dans des éprouvettes, à des concentrations supérieures à 2,5 grammes par litre (g/l) d’eau pendant 14 jours.

À titre de comparaison, si l’on prend les poids moyens par particule trouvés dans une étude de 2021 publiée dans Microplastiques et nanoplastiquesle rapport APEL mesurait des concentrations de l’ordre de 0,001 g/l, soit 2500 fois inférieures à la solution dans laquelle les cellules humaines étaient « trempées »…

Bref, jusqu’à preuve du contraire, il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter avec le « micro ».

Et qu’en est-il des « nanos » ?

Cela dit, certaines zones d’ombre demeurent toutefois, prévient M. Lapointe. Le premier concerne les nanoplastiques qui, comme leur nom l’indique, sont aussi de minuscules particules de plastique, mais encore plus fines que les « micro ».

“Nous sommes moins capables de les mesurer”, a-t-il déclaré. Même dans mon labo avec toutes les ressources dont nous disposons, on est plutôt dans le semi-quantitatif, dans le « il y a ou il n’y a pas ». Nous ne savons donc pas, fondamentalement, si nous parvenons ou non à éliminer les nanoplastiques de l’eau.

— Mathieu Lapointe, chercheur en traitement des eaux à l’École de Technologie Supérieure

« Et c’est un peu plus inquiétant car les nanoplastiques sont plus petits que les microplastiques, donc ils traversent probablement plus facilement les différentes barrières du corps humain. C’est une règle générale en toxicologie : plus c’est petit, plus ça passe.

Dans une étude récemment publiée dans Nature – Eau, M. Lapointe et son équipe ont ajouté des nanoplastiques fluorescents (plus faciles à détecter et à mesurer) dans l’eau non traitée, pour constater la performance des procédés actuels de traitement des eaux usées (qui sont quand même différents du traitement de l’eau potable, faut-il le souligner). Conclusion : ceux-ci n’enlèvent qu’entre 40 et 70 %, ce qui est sans doute mieux que rien, mais pas génial non plus.

«Pour l’eau potable, on ne le sait pas encore, on fait présentement l’étude», précise M. Lapointe.

Mais de manière générale, poursuit-il, c’est surtout le traitement des eaux usées qui pose question, car on y trouve beaucoup plus de micro- et nanoplastiques lorsqu’ils sont dans les eaux de surface – en grande partie à cause des microfibres des vêtements qui se défont au lavage.

« Ce qui nous inquiète d’un point de vue environnemental, explique le chercheur, c’est l’accumulation dans la nature. Si un polluant reste stable, nous pouvons vivre avec. Mais s’ils s’accumulent, cela nous inquiète davantage, et c’est ce qui arrive aux microplastiques dans la rivière.

« Même si nous parvenons à les éliminer des eaux usées, il en reste encore 5 à 10 % qui vont dans les rivières. […] Et après, c’est le fleuve Saint-Laurent qui devient une grande carafe.»

Dans certaines zones du fleuve, les recherches ont révélé jusqu’à 1 000 particules de plastique par litre de sédiments. La question de leur effet sur les écosystèmes se pose alors.

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