Au Sénégal, la mise en place rapide du système de pointage biométrique par le ministère de la Fonction publique et de la Réforme de la fonction publique suscite à la fois intérêt et inquiétude. Si cette initiative vise à renforcer la gestion des horaires de travail des fonctionnaires grâce à une technologie avancée, elle soulève des questions sur les risques potentiels et la préparation en cas de crise.
Préoccupations concernant la sécurité des données : La décision de mettre en œuvre ce système a été prise rapidement, sans communication préalable sur la sécurité du système de contrôle et des données personnelles des salariés. Cette situation suscite des inquiétudes quant à la protection de la vie privée et à la sécurité des informations sensibles des fonctionnaires. Pour apaiser ces inquiétudes, il est impératif que des mesures de sécurité strictes soient mises en place, notamment en ce qui concerne le stockage et le traitement des données biométriques.
Télétravail : Dans un contexte où le télétravail est devenu plus qu’une nécessité, mais une exigence pour assurer la continuité de l’activité en cas de crise, il est inquiétant de constater que ce mode de travail n’est pas pris en compte. A noter que le télétravail peut être vu comme une opportunité pour permettre aux salariés de mieux se familiariser avec les outils numériques. En travaillant à domicile, les salariés sont encouragés à développer leurs compétences numériques pour améliorer leur efficacité au travail.
Il est important de souligner que le télétravail pourrait non seulement réduire la pression sur les infrastructures routières, mais également favoriser un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour les salariés. Il serait judicieux de permettre aux salariés de télétravailler un ou deux jours par semaine, depuis n’importe quel endroit. Cette flexibilité contribuerait à améliorer le bien-être des employés tout en favorisant une utilisation plus efficace des ressources.
Risque d’aggravation des embouteillages : Le système de chronométrage biométrique pourrait accentuer les embouteillages déjà existants sur les routes sénégalaises, surtout si la majorité des fonctionnaires se déplacent en voiture. Une solution efficace pourrait être la mise en place d’une stratégie de décalage horaire, consistant à espacer les temps de service d’une heure en fonction des départements ministériels ou des urgences. Cela réduirait les embouteillages aux heures de pointe, améliorant ainsi la fluidité du trafic et réduisant le stress des employés.
Focus sur la productivité et l’environnement de travail : Plutôt que de se concentrer uniquement sur le contrôle des horaires de travail, il est important de se concentrer sur la productivité, l’épanouissement et l’environnement de travail des employés. Des initiatives telles que la suppression des bureaux individuels au profit d’espaces ouverts favorisent la collaboration, la créativité et le bien-être au travail. Pour améliorer l’environnement de travail, il est également essentiel d’investir dans le développement professionnel des salariés, en leur offrant des opportunités de formation et d’évolution de carrière. De plus, la mise en œuvre de politiques de flexibilité du travail, telles que des horaires flexibles et des congés payés, peut contribuer à améliorer la satisfaction et la fidélité des employés.
Ousmane BA, spécialiste de la gestion des risques et des crises
