Des colibris pour Gaza

Des colibris pour Gaza
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Aux animaux qui se moquent, il répond : « Je fais ma part. »

C’est Marcel Arteau qui m’a raconté la légende, c’est ce qui lui a donné l’idée il y a un peu moins de deux mois de se rendre devant le parlement, pendant une heure chaque samedi, pour montrer son soutien, même à des milliers de kilomètres, aux Palestiniens. de . Depuis le début de la contre-offensive israélienne suite au massacre du 7 octobre par le Hamas, plus de 30 000 civils ont été tués.

Quatre sur dix sont des enfants.

Marcel ne supportait plus de regarder les informations sans rien faire, de voir monter des mathématiques désastreuses, d’entendre les histoires d’une population affamée prise au piège. « Je ne supportais plus de me sentir impuissante, ça me rendait malade. Je me suis dit : “Il faut que je bouge, que je fasse quelque chose avec mon corps, je vais aller une heure devant le Parlement, pour que l’impuissance ne se transforme pas en différence.”

Le 7 mars, il a publié cette invitation sur Facebook. « Je ferai un piquet d’une heure devant l’Assemblée nationale du Québec tous les samedis à 12 heures, à compter du samedi 9 mars prochain. Ce sera ma façon d’exprimer ma colère face à l’horreur qui se passe sous mes yeux à la bande de Gaza avec la complicité de mes deux gouvernements. Je n’aurai aucun signe ni signe ostentatoire, seulement ma présence physique. Ceux qui souhaitent me rejoindre sont les bienvenus.

Ploc.

Une première goutte d’eau.

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Selon l’UNICEF, un enfant est blessé ou tué toutes les 10 minutes à Gaza. Les femmes et les enfants représentent 70% des victimes depuis le début du conflit. (Archives de l’Agence France-Presse)

Quatre colibris l’ont rejoint le premier samedi, à peu près pareil les samedis suivants. Christian Simard s’est joint au groupe, il est là presque chaque semaine, tout comme Raynald Laflamme. « Nous sommes le noyau dur », m’a dit Christian samedi dernier lorsque je suis allé les voir.

On les identifie grâce au joli logo dessiné par Christian, qu’il a simplement apposé sur un petit tréteau acheté dans une quincaillerie. « Ce qu’a fait Marcel m’a touché », confie celui qui a été député bloquiste de 2004 à 2006 à Beauport-Limoilou, très impliqué dans les coopératives d’habitation, qui donnent aujourd’hui de la popote roulante.

Raynald fait également partie des fidèles colibris. « Je connais Marcel depuis un moment. Ce n’est pas habituel pour moi de faire ça, mais je me suis dit : « je me lève, j’y vais ! Cela me permet de suivre plus précisément, au lieu d’éteindre la télé. Pour éviter, comme son ami, de passer de l’impuissance à l’indifférence.

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Christian Simard s’est joint au groupe, il est là presque chaque semaine, tout comme Raynald Laflamme. (Facebook)

Un policier s’est arrêté devant eux, a demandé qui était l’organisateur et a noté les coordonnées de Marcel. Il leur demanda ce qu’ils faisaient là, si ce rituel durerait longtemps. « Tant qu’il y aura la guerre, encore un moment ! »

“Vous auriez pu commencer il y a 70 ans”, a répondu l’agent.

S’ensuit une discussion sur ce conflit qui ne laisse personne indifférent, où les deux parties ont à la fois raison et tort. Ils ont parlé de la solution à deux États, qu’Israël refuse d’envisager, de la démesure de la contre-attaque à Gaza.

Plop, plop.

Marcel, qui a manifesté pour la première fois à 18 ans contre le projet de loi 63 au Cégep de Sainte-Foy, n’a pas l’intention de transformer les Colibris pour Gaza en un mouvement. Il est là, chaque semaine, avec ceux qui veulent simplement le rejoindre. Il aurait pu quitter son pays pour l’Ukraine, pour les conflits dont on parle peu en Afrique, mais Gaza résonnait plus fortement en lui.

Et cela a réveillé le colibri.

En lisant cette légende, j’ai appris qu’il y en avait une autre, selon laquelle l’oiseau ne se contente pas de transporter des gouttes d’eau inutiles pour faire sa part. Dans cette autre légende, le colibri fait appel à des renforts auprès d’autres animaux, dont le pélican qui peut transporter bien plus d’eau, de quoi enfin vaincre l’incendie.

L’idée d’un effort collectif, de tous pour un.

Tout près des trois hommes, au sol, une affiche plantée dans le sol, entourée de lucarnes et de lanternes. Le mot « HOMMAGE » en lettres majuscules noires sur un carton jaune et, au centre, le visage de Jacob Flickinger, ce Beauceron de 33 ans tué le 1er avril à Gaza alors qu’il assurait la sécurité d’un convoi humanitaire de la Centrale mondiale Cuisine.

Ce jour-là, la guerre s’est rapprochée de nous.

D’où l’importance de cette heure, une heure très courte, pour se lever et sortir de la maison, se tenir devant le Parlement, pour ne pas oublier. C’est cette voie qu’a trouvée Marcel, c’est l’appel qui a résonné pour Christian et Raynald, et pour tous les autres qui, chaque semaine, les rejoignent pour des temps d’échange, de réflexion.

Pouvoir dire « je fais ma part », même si elle est toute petite.

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