L’endroit est très apprécié des touristes. Trop peut-être. Un collectif s’est constitué qui appelle à une manifestation pacifique ce samedi 27 avril, pour dénoncer un bar à huîtres installé dans les marais d’Olonne, en Vendée. Selon ce collectif, La Cabane ne dispose pas des autorisations nécessaires à son activité qui nuit à l’environnement.
« La Cabane est une attraction très demandée en été. C’est quelque chose qui est très souvent épuisé. Cette polémique est surprenante.
C’est ce que nous dit l’Office de Tourisme du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, en Vendée.
« La Cabane » est un ancien bâtiment ostréicole, à Brem-sur-Mer, que Romain Commarieu a loué en 2013 pour le transformer en bar à huîtres. Problème : nous sommes dans un lieu classé Natura 2000 et donc, à ce titre, protégé.
Un collectif dirigé par David Mounier, animateur nature de la Ville des Sables d’Olonne, tente de fermer ce bar à huîtres au motif qu’il ne dispose pas des autorisations nécessaires et qu’il perturbe gravement la faune locale.
“Ils sont aujourd’hui en infraction avec le code de l’urbanisme, confirme le maire de Brem-sur-Mer qui a hérité du dossier lors de son élection en 2020. Ils auraient dû demander un changement d’activité. Mais ils ne l’auraient pas eu à cause du classement Natura 2000.»
David Mounier ne comprend pas pourquoi « La Cabane » existe encore. D’un lieu pittoresque où l’on vient déguster des huîtres en contemplant le magnifique paysage des marais vendéens, le lieu est devenu un site prisé des touristes où l’on peut également se faire servir une assiette de charcuterie, de crevettes, le tout arrosé d’eau. Vin de Brem ou bières locales. Si l’on ajoute l’activité de location de kayaks, cela fait beaucoup de monde qui vient ici pour passer un bon moment en été.
« Il y a des impacts évidents sur la biodiversité, alerte David Mounier. Cette présence constante des humains fait fuir les oiseaux migrateurs. Sans oublier l’Avocette élégante, la Barge à queue noire et l’Échasse blanche qui, selon l’animateur nature, désertent les marais à cet endroit.
« Ce sont des oiseaux qui ont tout intérêt à trouver le calme et la tranquillité dans ces lieux »se défend-il, pointant du doigt les kayakistes qui, sur une boucle de 3,6 km, font trop de bruit et dérangent ces migrateurs-nideurs.
De son côté, le gérant de « La Cabane », se défend en évoquant un conflit personnel avec David Mounier qu’il aurait, un jour. “licencié” de son bar. L’homme, depuis, lui en veut au point de vouloir fermer son établissement.
Quant aux règlements, il affirme ne pas les violer et préfère parler de harcèlement.
“Nous avons subi tous les contrôles de l’Etat, il a dit, Hygiène, commission de sécurité, URSAFF… Tout est en ordre !
L’activité perturbe-t-elle l’environnement ? il répond qu’il a réduit son volume et que les kayakistes ne font que le tour de l’île où se situe son établissement, sans jamais descendre sur les berges qui sont privées.
« David Mounier profite de son label d’hôte nature. Il manipule tout le monde”, accuse le gérant de La Cabane qui rappelle que, par deux fois, la Justice a statué et n’a rien eu à dire sur la présence du bar à huîtres.
Le journal vendéen « Le sans Culotte » qui a enquêté sur cette affaire en 2022 (et encore ce mois-ci), a révélé que les services de l’État, la Direction départementale des territoires et de la mer, avaient signé un procès-verbal «constatant plusieurs délits de non-respect des règles d’urbanisme, mais sans évoquer de manquements précis aux l’environnement ni observé de pollution ».
“Ça previent, a continué en 2022 le journal satiriqueque si la zone est protégée, ce n’est pas pour rien.
Alors, comment se fait-il que, malgré cette non-déclaration de changement d’activité et cette violation des lois environnementales, « La Cabane » prépare sa douzième saison ?
Plus que les oiseaux nicheurs, Romain Commarieu estime déranger ses voisins, peut-être même les braconniers de civelles dont l’activité les empêche de prospérer.
«Je veux que la loi s’applique, conclut Yann Thomas, le maire de Brem-sur-Mer. J’ai écrit au procureur de la République pour en savoir plus et connaître les suites qui peuvent être prises à ce sujet. C’est une question dont nous continuons à discuter.
Prochaine étape, David Mounier voit bien à quoi cela pourrait ressembler : une fermeture administrative. Et c’est au Préfet de Vendée de trancher. Les raisons ne manquent pas, dit-il, parmi lesquelles le mauvais état, dit-il, du pont qui mène à l’établissement.
“Cela fait sept ans que j’alerte sur la situation, j’ai même reçu des menaces” » déplore David Mounier.
Pour faire pression une nouvelle fois sur les pouvoirs publics, le collectif « Balance Ta Cabane » a donné rendez-vous ce samedi près du bar à huîtres, à 10 heures. Un rendez-vous citoyen et apaisé, précisent les organisateurs.
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