Qscale prêt à investir 1,5 milliard au Québec sans l’aide du gouvernement

Qscale prêt à investir 1,5 milliard au Québec sans l’aide du gouvernement
Qscale prêt à investir 1,5 milliard au Québec sans l’aide du gouvernement

La demande en centres de données explose partout dans le monde, principalement en raison des progrès de l’intelligence artificielle.

L’entreprise québécoise est actuellement bien positionnée avec son campus à Lévis, mais elle arrivera au terme de son projet le plus tôt possible.

« L’intelligence artificielle devient de plus en plus énergivore. Au début, nous louions un mégawatt, maintenant les clients demandent entre 10 et 20 mégawatts et cela va augmenter. À Lévis, nous avons une capacité de 140 mégawatts fournie par Hydro-Québec », explique Martin Bouchard, président-directeur général de Qscale.

Les deux premières phases du campus Qscale à Lévis avec au premier plan, le terrain vacant où seront érigés les modules 5, 6, 7 et 8. Les phases 3 et 4 seront situées derrière les deux premiers bâtiments déjà construits. (Frédéric Matte/Le Soleil)

« Nous avons dû construire les bâtiments sur huit ans. Nous voulions nous assurer de remplir les espaces avant de commencer la construction, mais nous avons dû accélérer. La demande est très forte», ajoute-t-il.

Sur les huit phases, deux sont déjà terminées. M. Bouchard estime que l’ensemble des immeubles seront loués d’ici 6 à 18 mois et construits d’ici la fin 2026.

Refus d’Hydro-Québec

Pour répondre à la demande, Qscale va donc devoir se développer si l’entreprise veut poursuivre sa croissance.

Le problème ? Hydro-Québec et le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) ont considérablement réduit l’attribution de blocs électriques. En effet, face aux défis énergétiques auxquels fait face le Québec, un processus plus rigoureux de sélection des projets industriels de plus de cinq mégawatts a été mis en place en 2023.

« Il y a quatre ans, on nous disait : « pas de problème, nous vous donnerons l’électricité ». Hydro-Québec vendait le surplus à l’extérieur. Du jour au lendemain, on nous a dit que c’était fini.

— Martin Bouchard, PDG de Qscale

La société d’État a refusé l’agrandissement à Lévis de quatre modules supplémentaires. Toutefois, selon Martin Bouchard, Qscale pourrait augmenter sa station à 250 mégawatts.

Un projet de 50 mégawatts a également été refusé à Saint-Bruno-de-Montarville, en Montérégie, en février 2024.

« Nous avons offert notre chaleur gratuitement à Saint-Bruno et à Énergir pour chauffer les prochains projets immobiliers de la région. En résumé, les mégawatts d’Hydro seraient utilisés deux fois et il n’y aurait quasiment aucune perte d’énergie », argumente-t-il.

Une boîte de dialogue au lieu d’un formulaire

M. Bouchard ne comprend pas la position du gouvernement, qui n’hésite pas à injecter des millions de dollars pour amener Northvolt au Québec.

« Le plus dur, c’est qu’au début, les gens ne croyaient pas en nous. Mais regardez, les demandes explosent. Nous avons remporté le prix du centre de données nord-américain de l’année. On a atteint un autre niveau», soupire M. Bouchard.

Le PDG de Qscale se dit ouvert à tous les scénarios, sauf celui d’acheter un terrain puis d’en faire la demande à Hydro-Québec via un formulaire.

« J’aimerais avoir une discussion avec le gouvernement pour connaître ses attentes. Nous pouvons nous installer presque partout. L’un des plus grands parcs éoliens en Amérique du Nord sera construit au Saguenay. Nous levons la main. On peut même ajouter de la fibre optique pour tout connecter », propose-t-il.

D’autant que Qscale s’est fixé pour mission d’être le plus écologique possible.

Martin Bouchard, PDG de Qscale (Le Soleil)

« Les ordinateurs fonctionnent comme des radiateurs. Ils chauffent et nous captons 98% de la chaleur pour la redistribuer. Mais mieux encore, puisque nos clients nous demandent d’être opérationnels 24h/24, nous disposons de groupes électrogènes. Nous pouvons nous déconnecter du réseau d’Hydro-Québec aux heures de pointe. Et ce n’est pas l’hiver que l’on consomme le plus. C’est l’été avec la climatisation », dit-il.

« Microsoft va redémarrer la centrale nucléaire de Three Mile Island en Pennsylvanie pour produire 850 mégawatts uniquement pour son centre de données. Une centrale électrique où s’est produit l’accident nucléaire le plus grave aux États-Unis », poursuit-il.

Courtisé par d’autres provinces et pays

Martin Bouchard insiste. Il a besoin d’énergie maintenant, « pas dans cinq ans ».

« Nous détenons 1,5 milliard de dollars. Nous pouvons investir sans aucune subvention. Américains et Européens viennent nous voir. Ils ont besoin d’une place dans notre data center pour développer leur intelligence artificielle », précise-t-il.

« Le Québec peut-il vraiment se permettre de passer à côté ? Si je n’ai pas les blocs énergétiques, je devrai chercher d’autres alternatives. Nous sommes québécois. Nous voulons nous développer ici, créer de la richesse et des emplois, mais les provinces canadiennes et plusieurs pays s’intéressent à nous.

— Martin Bouchard

« Je reviens tout juste d’une conférence aux États-Unis. Les entreprises investissent entre 5 et 20 milliards dans les datacenters. On parle de projets de 1 000 mégawatts et ici on nous a dit que 140 mégawatts, c’était beaucoup », ironise-t-il.

 
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