Face à la prolifération du frelon asiatique, l’Indre s’arme de 500 pièges sélectifs

Face à la prolifération du frelon asiatique, l’Indre s’arme de 500 pièges sélectifs
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Ce vendredi 26 avril, dans la paisible campagne proche de l’aéroport de Châteauroux-Déols, un bourdonnement perceptible touche les sens. C’est le bruit familier des abeilles, ceux de Philippe Fauchère, apiculteur amateur de Castelroussin et membre du syndicat des apiculteurs de l’Indre et du Berry. Près du rucher, un petit coffre en bois attire le regard. À l’intérieur, prisonniers et morts de stress, se trouvent les ennemis redoutés des butineurs : deux frelons asiatiques et un frelon européen.

« Cette opération ne doit pas se limiter à un coup d’épée dans l’eau »

Récemment installé, le piège de Philippe Fauchère, apiculteur amateur, avait déjà piégé ce vendredi deux frelons asiatiques et un frelon européen.
© (Photo NR, Matthieu Renard)

Ce vendredi, 500 pièges destinés à capturer les frelons asiatiques ont été distribués par le département de l’Indre au syndicat des apiculteurs. Une initiative sans précédent, qui témoigne de la ferme détermination à lutter contre la prolifération de cette espèce invasive dont les premiers spécimens sont apparus en en 2004.

Pièges sélectifs

En présence de plusieurs apiculteurs, membres du syndicat, Marc Fleuret a détaillé les raisons de ce soutien : « Après plusieurs échanges, nous avons réfléchi à la manière de mettre en place une opération efficace contre les frelons asiatiques – un phénomène préoccupant pour nos apiculteurs – mais aussi réfléchie. Cette opération ne doit pas se limiter à un coup d’épée dans l’eau. » Ces pièges, spécialement conçus pour les professionnels, sont placés au plus près des ruches. Le principe est simple : on place un appât dans une cuve, composé d’un mélange de bière, de vin blanc pour éloigner les abeilles et de sirop. Une grille filtrante laisse entrer et sortir les abeilles, les papillons, les mouches, etc. Seul le frelon asiatique sera bloqué. Stressé, il succombe rapidement à une autre grille qui lui évite de se noyer dans l’appât et de le salir.

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C’est en kilos, le poids des insectes consommés par un seul nid de frelons. Sachant que 40 % de leur alimentation est constituée d’abeilles, cela équivaut à plus d’un kilo d’abeilles, soit environ 10 000 individus. En moyenne, une ruche est composée de 40 000 pollinisateurs.

Chaque piège coûte 21 €, soit un investissement total de 10 500 € pour les 500 pièges. «Cet appareil est parmi les plus sélectifs en termes de capture», précise l’un des apiculteurs, Jean-François Fradet. Au-delà de l’investissement financier, c’est une étape décisive vers une gestion plus précise et proactive de ce fléau que mène le Département. En créant un réseau de suivi et d’évaluation, il permettra d’avoir une vision plus claire de la situation du frelon asiatique dans l’Indre. Philippe Fauchère assure néanmoins que« Il ne faut pas se faire d’illusions, nous n’éradiquerons pas le frelon. Jusqu’à présent, nous n’avions aucune arme pour combattre. Mais désormais, avec ces pièges, nous pourrons au moins réduire la pression sur nos ruches. Chaque apiculteur remplira une fiche sur le nombre de frelons capturés et à quel moment, afin d’avoir un bon suivi. »

Un appât est placé dans une cuve, composé d’un mélange de bière, de vin blanc pour repousser les abeilles et de sirop. Une grille sur le piège évite aux frelons de s’y noyer et de contaminer l’appât.
© (Photo NR, Matthieu Renard)

“Aucun de nous n’a été épargné”

Pour les apiculteurs, l’enjeu est de taille, comme le souligne Jean-Michel Prompt, président du syndicat Indre et Berry : « Nous avons subi et continuons de subir d’importantes pertes de ruches à cause de ces prédateurs. En août et septembre, lorsque les nids sont à leur apogée, les attaques se multiplient. Les frelons forment une véritable barrière à l’entrée des ruches, perturbant l’activité des abeilles qui se retrouvent en mode défensif plutôt qu’en phase de pollinisation. Depuis leur arrivée il y a vingt ans, aucun d’entre nous n’a été épargné. »

Selon Didier Kerner, apiculteur à la retraite, le problème est que « La plupart des nids sont découverts en septembre, mais à ce stade ils sont souvent vides, les frelons ayant abandonné le site ». L’idée est donc plutôt d’installer ces pièges en amont dès février pour capturer les reines fondatrices, cachées durant l’hiver.

Activités du syndicat des apiculteurs

> Le syndicat des apiculteurs de l’Indre et du Berry existe depuis plus de cinquante ans. Auparavant, on l’appelait syndicat des apiculteurs du Centre et du Berry.

> Lors de la dernière assemblée générale, 150 adhérents ont été identifiés, dont une quarantaine de professionnels. « Un nombre record », selon le président. Cependant, le nombre de ruches membres a diminué. Alors que 9 500 ruches sont recensées aujourd’hui, il y a trente ans, ce nombre s’élevait à 25 000.

> Depuis six ans, le syndicat organise régulièrement des formations pour ses adhérents sur des sujets variés comme la lutte contre le frelon, le changement des reines, les maladies, les récoltes, etc.

Comment reconnaître un frelon asiatique ?

> Le frelon asiatique est facilement reconnaissable. Les adultes sont de couleur noire et leur thorax est entièrement brun noir et présente des segments abdominaux bruns, bordés d’une fine bande jaune. Sa tête est noire, sa face est jaune orangé et ses pattes ont des pointes jaunes. Le frelon asiatique s’étend sur 3 cm de longueur, il est donc un peu plus petit que son homologue européen (4 cm).

> Lors d’une attaque, ce frelon peut décimer plus de 40 abeilles.

> Les personnes allergiques peuvent présenter un gonflement, des complications respiratoires, un choc anaphylactique et un œdème de Quincke.

 
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