“Notre horizon sera rempli d’éoliennes.” Ces riverains s’opposent à un nouveau projet de 4 mâts autorisé par la préfecture des Deux-Sèvres

“Notre horizon sera rempli d’éoliennes.” Ces riverains s’opposent à un nouveau projet de 4 mâts autorisé par la préfecture des Deux-Sèvres
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La préfecture des Deux-Sèvres vient de donner son feu vert à la construction de quatre éoliennes à Soudan, Sainte-Eanne et Salles. Certains riverains dénoncent la saturation du secteur qui compte déjà plus d’une vingtaine de mâts actifs, et une dizaine d’autres à venir.

“Je me retrouverai, devant chez moi, avec une ceinture complète d’éoliennes”, peste Michel Massé. Dans quelques mois, cet habitant de Salles, petite commune située au sud des Deux-Sèvres, verra quatre éoliennes s’élever dans son champ de vision. Des mâts pouvant mesurer jusqu’à 200 mètres de haut.

Dans un arrêté publié le 18 avril, la préfecture du département autorise le projet prévu pour trois communes : Salles, Sainte-Eanne et Soudan. Un feu vert donc, malgré l’avis défavorable du commissaire enquêteur. Malgré également l’opposition des communes et des deux communautés de communes concernées.

Il faut dire que le secteur ne manque pas d’éoliennes. Vingt-trois mâts sont actifs dans un périmètre de dix kilomètres, et «dix sont autorisés, mais pas encore construits», indique la préfecture dans son rapport. Trop, beaucoup trop pour le collectif StreSSS qui regroupe tous les opposants au projet.

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Dans un rayon d’une dizaine de kilomètres autour de Salles, vingt-trois mâts sont en activité et dix seront prochainement construits.

© Cyril Paquier, France Télévisions

« Nous avons déjà deux parcs actifs dans la région. Il y a un mât à 1,5 km, un autre à 1,7 km, encore un autre à 700 mètres, puis encore un autre à 1 km », liste Michel Masset, qui a pris la tête de la révolte. La loi prévoit une distance minimale de 500 mètres entre les habitations et les mâts. “Avec ce nouveau projet, notre horizon sera rempli à 110 degrés de mâts d’éoliennes”, se lamente-t-il. Un encerclement anxiogène inacceptable, selon lui.

Prendre ta main. Faites un angle de 90 degrés, ouvrez jusqu’à 110. Faites-le pivoter horizontalement. Et regardez à quoi ça ressemble : c’est énorme !

Michel Massé, président du collectif StreSSS

Pollution visuelle, nuisance sonore, atteinte à l’environnement… Les arguments anti-éoliens sont bien connus, notamment dans les Deux-Sèvres. Le département, bien desservi par les vents dominants nécessaires au fonctionnement des pales, est celui qui accueille le plus d’éoliennes de Nouvelle-Aquitaine, juste devant la Vienne et la Charente-Maritime. Les cinq départements d’Aquitaine n’en possèdent pas.

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La grande majorité des parcs éoliens sont situés dans l’ancienne région Poitou-Charentes.

© Préfecture de Nouvelle-Aquitaine

Ce n’est donc pas un hasard si l’entreprise Éolise qui porte le projet a choisi d’implanter ce parc dans ce département, et surtout dans ce secteur. “Cette zone est historiquement identifiée pour l’énergie éolienne. »précise Baptiste Wambre, le responsable « développement » de l’entreprise poitevine, la toute première éolienne du département a également été installée à Sainte-Eanne..

C’est une zone très favorable à l’éolien, mais clairement pas saturée si l’on compare avec d’autres départements français. Notre projet est donc entièrement compatible avec les parcs environnants.

Baptiste Wambre, compagnie Éolise

Éolise compte une douzaine de projets en développement ou à l’étude dans l’ancienne région Poitou-Charentes où chaque nouveau projet suscite une levée de bouclier quasi systématique. Le dossier de la plaine dite de Balusson ne fait pas exception.

Et pourtant, à l’origine, le projet était soutenu localement. Baptiste Wambre n’hésite pas à le rappeler, “Mais depuis, certains élus ont changé d’avis.” Pas Régis Billerot, partisan du projet depuis le début. Le maire (SE) de Salles ne s’en cache pas. A la tête de la commune depuis 2007, il a voté « pour », «à cause de l’argent. Chaque mât installé sur son territoire rapporte 11 000 €. Le maire en voulait deux, la préfecture n’en a approuvé qu’un.

>Le maire de Salles Régis Billerot a voté en faveur du projet pour des raisons financières.
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Le maire de Salles Régis Billerot a voté en faveur du projet pour des raisons financières.

© Cyril Paquier, France Télévisions

« Cela fait quand même 11 000 euros qu’on n’aura pas besoin d’aller chercher ailleursexplique l’élu, avec la baisse des subventions de l’État, nous avons du mal à joindre les deux bouts avec notre budget.» Entretenir les routes, créer des voies d’accès, Régis Billerot ne manque pas d’idées pour exploiter cette aubaine qu’il perçoit comme «bon pour la communauté » et pour l’autonomie énergétique du pays. Et de conclure avec l’adresse des anti-éoliennes : « On ne peut pas faire d’omelettes sans casser des œufs ! »

Comme souvent dans ces dossiers, l’incompréhension est totale entre les deux parties. Le collectif STReSSS, qui se réunit en assemblée générale ce vendredi soir, envisage de porter plainte. « Les Deux-Sèvres ont donné, et trop donné en matière d’éolien », juge Christian Massé qui, outre une injustice dans la répartition territoriale des parcs, dénonce également un déni de démocratie. “Ils refusent de nous écouter et ils forcent l’implantation en milieu rural au détriment des avis et des dégâts déjà causés sur place.”

 
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