Une exposition présente des œuvres inédites et un important corpus de verre

La Galerie Simon Blais a inauguré la semaine dernière une grande exposition rendant hommage à l’artiste visuelle Marcelle Ferron, à qui l’on doit notamment les verrières du métro Champ-de-Mars, dans laquelle on retrouve une quantité impressionnante d’œuvres inédites et très peu exposé.

Faisant partie des signataires du Refus global – elle est la seule femme peintre à avoir signé le manifeste artistique rédigé par Paul-Émile Borduas – Marcelle Ferron, qui aurait eu 100 ans le 29 janvier prochain, sera célébrée tout au long de l’année dans de multiples formes.

Une collection exceptionnelle de près d’une centaine d’œuvres, dont une cinquantaine sur papier, toutes inédites, près d’une trentaine de peintures sur toile illustrant les différentes phases de son travail, et pour un moment rare en galerie, plus d’une trentaine d’œuvres en verre fondu, issue d’expérimentations réalisées entre 1968 et 1980, sera exposée à la Galerie Simon Blais jusqu’au 22 juin.

Marcelle Ferron, qui fut l’une des figures marquantes du mouvement automatiste, a effectué une partie de sa carrière en France, où elle s’est installée en 1953 avec ses trois jeunes enfants pour développer son art. Après sa percée remarquée à Paris, elle revient ensuite au Québec en 1966, en pleine Révolution tranquille. Une période qui a également grandement influencé son œuvre.

« C’est une femme avec une détermination sans faille. […] Elle a eu une carrière de peintre très réussie en Europe. Et elle n’arrêtera jamais d’explorer après ça. Elle gardera toujours en tête cette idée qu’il y avait dans Le Refus global selon laquelle l’artiste a un rôle social à jouer», a décrit le conférencier et administrateur de l’organisme Les amis de la place Marcelle Ferron, Éric Perron.

C’est grâce à ses œuvres en verre qu’elle va toucher le public. Ces dernières furent cependant rarement présentées au public québécois, sauf à la fin des années 1960 et au début des années 1970; plus jamais depuis.

«C’est une femme que je trouve absolument remarquable par son engagement civique, pour la défense du français, pour les droits des femmes, pour la défense des artistes», a ajouté M. Perron, rappelant qu’elle avait été nommée au conseil d’administration du Musée des Beaux-Arts par le Parti Québécois, en 1976, un milieu à l’époque majoritairement masculin et anglo-saxon.

Deux grandes rétrospectives sur l’œuvre de Marcelle Ferron ont eu lieu au Musée d’art contemporain de Montréal (MAC), en 1970 et 2000. « Je suis assez étonné qu’il n’y ait pas d’exposition majeure dans les musées nationaux en 2024 pour sa 100e. Je trouve que les musées nationaux ont raté le rendez-vous de 2024», a souligné M. Perron, saluant toutefois la contribution des petits musées régionaux exposant ses œuvres.

Marcelle Ferron est entrée dans le rang des personnages historiques à l’été 2023, au même titre que Borduas et Riopelle.

Une conférence itinérante sur son œuvre, donnée par Éric Perron au cours de la prochaine année, sera présentée partout au Québec, dont ce dimanche à la bibliothèque Jean-Paul-Plante de Louiseville – sa ville natale –, tandis qu’une vaste exposition extérieure aura lieu sur l’avenue Bernard, dans le quartier Outremont, dès le mois de mai.

En novembre, le film Ferron, Marcelle sera diffusé à la Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce, en présence de la réalisatrice Monique Crouillère.

Marcelle Ferron est décédée le 19 novembre 2001 à Montréal. Elle avait 77 ans.

Pour tous les détails sur le centième de l’artiste, rendez-vous ici.