Chaque matin, Nicolas Turon rend hommage à son département avec un texte drôle, tendre et complice, en forme de déclaration d’amour à la Moselle. Il choisit un emblème appartenant à l’histoire ou à l’actualité et le traite de manière décalée.
Un vrombissement.
Est-ce le voisin qui tond sa pelouse ? C’est bien trop tôt.
Est-ce l’usine au bout de la rue qui reprend du service ? Je doute.
Est-ce un drone, un paramoteur, un hélicoptère ?
Non, ce rugissement est celui du bombyle ! Insecte commun dans notre région, qui habite les lisières des forêts, les pelouses calcaires et les jardins.
Le mignon petit diptère (longueur 8 à 12 millimètres) ressemble à une boule de poils. Si vous n’y faites pas attention, vous pourriez la prendre pour une abeille ou un petit bourdon, mais non ! La grosse mouche à moustache, aussi discrète qu’un panzer, est en partie pompon, en partie Popples (cette peluche qu’on pouvait retourner sur elle-même pour faire un sac de couchage avec sa paroi intestinale), en partie M&M’s avant sa chimio.
Le bombyle adulte est trapu, ventru, poilu, apparemment couvert de fourrure et possède de longues pattes velues qui pendent pendant le vol. (Frédéric Viallet sur son scooter un matin d’hiver). Il utilise sa longue trompe proéminente pour se nourrir du nectar des fleurs, comme les papillons, et affectionne particulièrement les primevères.
Et c’est cette performance qui le rend unique : comme le colibri, il est capable de battre des ailes si rapidement qu’il maintient sa masse imposante en vol stationnaire, créant un oxymore que seule la nature sait nous offrir. Face à la fleur, le kilo de plomb devient un kilo de plume, la lumière obscure devient la légèreté de l’enclume…
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