il fait « bon vivre » dans le quartier du Blosne

il fait « bon vivre » dans le quartier du Blosne
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Beaux discours : présence républicaine, reconquête, harcèlement, ligne de crête…

“Aujourd’hui, c’est la République qui contre-attaque”, avait lancé le Premier ministre Gabriel Attal à Viry-Châtillon ; il s’adressait aux adolescents « dysfonctionnels » et aux parents « défaillants ». Bref, il s’agit de“un véritable élan d’autorité” et un «mobilisation générale de la nation». Pas moins. Plus modestement, il pourrait lancer un “mobilisation générale » dans le quartier du Blosne à Rennes. Là, les bandes rivales « parlent » à coups de kalachnikov ; ce fut le cas dans la nuit du 9 au 10 mars pendant plus d’une heure avec une dizaine de gars cagoulés et équipés de gilets pare-balles. Il s’agit en effet d’une lutte pour le contrôle du point de vente de médicaments situé au 4 place du Banat. C’est un quartier très « commercial » puisqu’il y a douze points de deal à Blosne vendant de la cocaïne, de l’héroïne, du cannabis et du crack. Selon un policier, ce point de deal tourne à plein régime, “entre 12 000 et 15 000 euros par jour”exclusivement pour l’héroïne (Ouest de la mercredi 13 mars 2024). « Les stupéfiants rapportent un chiffre d’affaires estimé entre 50 000 et 75 000 euros par jour à Rennes »explique Yannick Blouin, directeur interministériel de la Police nationale d’Ille-et-Vilaine (Le télégrammeBretagne, samedi 13 janvier 2024).

Au 4 place du Banat, on reste avec le « classique » : la cocaïne. Cette grosse affaire était « spécialisée dans la cocaïne qui attire, au moins, une centaine de clients par jour pour des doses de 0,5 gramme à 30 euros ou d’un gramme entre 50 et 60 euros. « Les acheteurs se présentent à l’entrée du bâtiment et quelqu’un vérifie s’ils sont réellement là pour acheter de la cocaïne. Ensuite, ils sont envoyés aux étages où se déroulent les transactions.détaille un policier (Ouest de la France, Rennes, jeudi 11 janvier 2024). Mais, depuis quelques temps, nous sommes passés au crack. Derrière le parking du Monténégro, à Blosne, un deal point a été installé ; pour l’instant il est le seul à Rennes à proposer ce produit – situation de monopole « Un gramme de crack coûte trois à quatre fois moins cher qu’un gramme de cocaïne. Sa consommation reste encore marginale, mais elle croît de plus en plus et cela nous inquiète”» reconnaît un policier spécialisé dans les stupéfiants (Ouest de la FranceRennes, mercredi 3 avril 2024)

« Aujourd’hui, nous vivons dans la peur. »

D’une part on retrouve l’avis des habitants. Ainsi une femme témoigne : « Je vis ici depuis la fin des années 1970. C’était la famille. Aujourd’hui, nous vivons dans la peur. Les concessionnaires sont présents sept jours sur sept. Presque 24 heures sur 24. Je demanderai à quitter les lieux, à contrecœur. » (Ouest de la France, Rennes, mardi 12 mars 2024). De l’autre, celle des élus qui pédalent dans la semoule. C’est le cas de Jeanne Larue, vice-présidente du conseil départemental d’Ille-et-Vilaine, et élue du canton du Blosne : « La présence républicaine doit être intensifiée (…) Il faut assurer une présence républicaine visible […] Il y a des locaux disponibles dans la région. Investissons-les ensemble. Certes, notre présence ne changera rien à la circulation. » (Ouest de la France, Rennes, mardi 12 mars 2024). Nathalie Appéré (PS), maire de Rennes, tient un discours tellement boiteux : « Avec toute l’équipe municipale, nous apportons notre soutien aux habitants du quartier du Blosne, qui ont vécu une nuit traumatisante et sont confrontés à l’extrême violence du trafic de drogue » (Ouest de la France, Rennes, lundi 11 mars 2024). Pour elle, à Rennes, il n’y a pas « territoires perdus de la République »seulement « une trentaine de points de deal ». « Chacun est un enfer pour les habitantsElle ajoute. Je reçois quotidiennement des témoignages. Avec les autorités judiciaires et policières, il y a un travail de harcèlement, de reconquête de chacun de ces mètres carrés. Mais ce sont des points localisés. On ne peut pas envisager que des quartiers entiers soient complètement abandonnés par l’action publique et livrés aux trafiquants de drogue. Ce que nous faisons n’est peut-être pas toujours visible, mais cela produit des résultats. Il y a une volonté collective de ne rien céder. » (Le Mensuel de Rennes, avril 2024). En effet, une opération « espace libre » a débuté à Blosne le 5 avril. Frédéric Gallet, secrétaire départemental du syndicat Alliance, ne se fait pas d’illusion : « Les opérations de Net Place sont très bonnes. Nous sécurisons, nous fouillons, nous produisons des produits et procédons à des arrestations. Et après ? Les dealers se déplacent, sont remplacés et reprennent leur place une fois l’opération terminée. » Il poursuit : « Nous avons besoin de personnel. A Rennes, environ 150 personnes sont portées disparues. Une politique pénale ferme. Il faut s’en prendre aux têtes de réseaux, qui se trouvent souvent à l’étranger, et multiplier les saisies de biens et avoirs criminels. » (Ouest de la France, Rennes, jeudi 18 avril 2024). Valérie Faucheux (Les Ecologistes, anciennement du NPA), adjointe au maire de Rennes, préfère souligner que « Le trafic de drogue ne peut se réduire à la sécurité et à la répression » et estime qu’il est nécessaire de prendre en considération les questions de « santé publique, éducation, intégration » (Ouest de la FranceRennes, mardi 16 avril 2024)

Sécurité : les écologistes et Nathalie Appéré (PS) ne sont pas d’accord

Certes, les habitants de Blosne, qui sont des gens réalistes, préféreraient du concret. Par exemple l’ouverture d’un commissariat place du Banat, en fait seule une présence permanente des « bleus » peut produire des résultats. Avec les 150 policiers de Gallet, cela doit être possible. Le bon sens suggère un effort partagé : l’État fournit le personnel et la Ville les locaux. Puisque Nathalie Appéré a pu « baiser » les écologistes dans le dossier Safran, elle pourrait refaire la même chose pour Blosne. « Faut-il rappeler que la maire n’a pas le soutien de sa propre majorité, dont une partie n’a pas voté pour sa stratégie locale de sécurité » ? », rappelle Carole Gandon, chef de file du groupe d’opposition Révéler Rennes (Renaissance), alors que le gouvernement déployait « 90 policiers supplémentaires dans la zone de sécurité de Rennes pour trois ans » (Ouest de la France, Rennes, lundi 11 septembre 2023). En tout cas, il y a urgence selon Philippe Gustin, préfet d’Ille-et-Vilaine et de Bretagne : « Rennes est sur une ligne de crête. Il faut faire attention à ne pas tomber du mauvais côté. À mon avis, nous sommes encore capables de contenir et de bloquer la situation. » (Ouest de la FranceIlle-et-Vilaine, jeudi 14 mars 2024)

Bernard Morvan

Crédit photo : Electzic/Wikimedia (cc)
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