Un chien pour aider les enfants victimes de maltraitance à se confier

Depuis septembre, un nouveau membre a rejoint l’équipe SIAM (Integrated Abuse and Mistreatment Services). Lili, un Labrador de deux ans, accompagne le sergent-détective Marie-Claude Castonguay lors d’entrevues avec des jeunes victimes d’abus et de maltraitance des régions de Québec et de Lévis.

Ces entretiens vidéo permettent aux enfants de dévoiler une seule fois les abus qu’ils ont subis. Les enregistrements sont ensuite soumis comme preuve au tribunal.

« Les commentaires que nous recevons des enfants, c’est que Lili les aide à se calmer, les aide à rester concentrés. Quand ils la flattent, les choses qu’ils ont du mal à dire deviennent plus faciles à dire », observe Marie-Claude Castonguay, la sergent-détective responsable du chien d’assistance juridique.

« Elle m’a fait changer d’avis, m’a beaucoup calmé. Elle m’a aidé dans les moments difficiles.

— Témoignage d’un enfant sur Lili

« L’étape de la divulgation par vidéo n’est pas une étape facile pour les enfants victimes. […] Il est clair pour nous que l’enfant bénéficiera du contexte où il est stressé, il doit parler de choses difficiles, avec des mots difficiles, à un enquêteur qu’il ne connaît pas», estime Paule Vachon, coordonnatrice du SIAM.

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Un enquêteur et un intervenant observent le témoignage de la victime grâce aux caméras. (Caroline Grégoire/Le Soleil)

À mesure que les enfants se familiarisent avec le confort du chien, ils sont capables de parler davantage et plus longtemps, observent les enquêteurs. Les silences pesants entre les questions deviennent des silences apaisants avec le chien, témoigne Marie-Claude Castonguay.

« Se concentrer, ne pas s’écarter du sujet. C’est la première fois que cela arrive, je souffre de TDAH.

— Témoignage d’un autre enfant sur l’aide de Lili

Les enquêteurs en abus et maltraitance au Québec et à Lévis peuvent demander que Lili accompagne une victime lors de son entrevue. Les agents de la DPJ évaluent ensuite si le chien est approprié, bénéfique et disponible pour le cas en question.

Pour ne pas nuire à la validité du témoignage rendu au tribunal, le chien d’assistance juridique reste immobile dans la salle d’interrogatoire, à la hauteur de l’enfant. La jeune victime peut donc la caresser sans que l’animal ne soit une distraction.

Les jeunes qui peuvent être accompagnés par Lili sont victimes d’abus sexuels, de violences physiques ou de négligence grave âgés de 0 à 17 ans.

Une première en son genre

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Lili, la chienne d’assistance judiciaire, a déjà accompagné 35 victimes dans leurs témoignages devant les enquêteurs. (Caroline Grégoire/Le Soleil)

« Ce qui est vraiment innovant, c’est que Lili est à plein temps au SIAM. Elle pourra travailler avec les services de police, elle pourra faire un grand volume d’entrevues vidéo et chacune des entrevues vidéo sera documentée et évaluée par l’équipe de recherche du SIAM», fait valoir Paule Vachon.

La coordinatrice estime que Lili pourra accompagner plus de 200 enfants par an lors des entretiens de divulgation.

A terme, Lili pourrait également accompagner les enfants au tribunal lorsqu’ils doivent témoigner en personne.

« Lili est un chien dressé, qui fait très bien son travail. Elle peut faire des entretiens de plus de deux heures, elle peut faire plus d’un entretien par jour.

— Marie-Claude Castonguay, sergent-détective au SPVQ et responsable du chien d’assistance juridique

De plus, les enregistrements d’entretiens avec Lili sont analysés à des fins de recherche.

L’équipe de recherche du SIAM rassemble une multitude de données qui permettront de documenter l’efficacité du chien d’assistance juridique et d’inspirer d’autres régions.

Tous les services sous un même toit

Le SIAM, dont les locaux sont situés à Sainte-Foy, regroupe depuis 2018 tous les services destinés aux enfants victimes de maltraitance sous un même toit.

L’enquête policière, y compris la divulgation des abus, est menée dans une salle prévue à cet effet, plutôt qu’au commissariat. Les agents de la DPJ sont présents, directement sur place.

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L’examen médical ou gynécologique est réalisé dans les locaux du SIAM, ce qui est beaucoup moins traumatisant pour les victimes. (Caroline Grégoire/Le Soleil)

Ensuite, la visite médicale a lieu au même endroit, auprès de médecins spécialisés dans la maltraitance des enfants et des adolescents.

Les jeunes victimes ont également accès aux services d’organismes et d’intervenants qui les suivent tout au long du processus judiciaire lié aux actes criminels commis.

Ce regroupement de tous les services permet une démarche judiciaire beaucoup moins traumatisante pour les victimes.

 
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