Boudin pour un mal au portefeuille du médecin

Boudin pour un mal au portefeuille du médecin
Descriptive text here

Je commence à te connaître, tu me confies même ainsi : “Je ne comprends pas toujours ce que tu dis, mais tu me fais rire.”

Je ne sais pas vraiment comment le prendre. Entre l’ambiguïté et l’ennui, j’hésite à déterminer la pire chose qu’une chronique, même sur les finances personnelles, puisse laisser dans son sillage. Pourtant, je mets tellement d’énergie à clarifier mes messages.

Oui, je fais aussi en sorte que ce ne soit pas trop plat non plus. Lorsqu’il s’agit d’avaler un concept un peu sec, rien de mieux comme excipient doux qu’un savant mélange de références populaires, d’anecdotes personnelles et de blagues. Vous connaissez ma recette.

Exemple de ce processus : mardi, le parallèle avec STATUT d’aborder la notion d’impôt sur les plus-values ​​au sein d’une société d’un professionnel incorporé, tel qu’un médecin.

J’étais fier de mon geste, d’autant plus qu’il me permettait de plaisanter pendant quelques paragraphes sur le frapper émission télévisée de l’année quelques jours avant un ultime rebondissement, en toute fin de saison.

Eh bien, j’ai vite été déçu de mon résultat lorsque j’ai lu le même jour un autre texte sur les plus-values ​​et les médecins 100 fois plus drôle et divertissant.

C’est le communiqué de l’Association médicale canadienne (AMC), un article qui pourrait se retrouver au gala Olivier. Pour preuve de ma modestie, je le reproduis presque intégralement ici, pour vous. Pourquoi se priver de votre plaisir ?

Je vous préviens, c’est un crescendo de choses cocasses qui, arrivées à leur paroxysme, peuvent conduire à la mort par hilarité. J’ai mis en évidence où se situent, à mon avis, les ressorts comiques les plus efficaces.

Donc voila :

[…] Nous croyons que les modifications proposées au taux d’inclusion des gains en capital entraîneront des répercussions négatives importantes pour les médecins, dont la plupart fonctionnent comme de petites entreprises. Ces changements pourraient compromettre les efforts déployés partout au Canada pour recruter et retenir une main-d’œuvre de la santé hautement qualifiée.

Parmi les médecins de communauté, beaucoup exercent au sein de sociétés professionnelles pour pour mieux servir la population canadienne. Ces médecins comptent également sur leur entreprise pour épargner en vue de leur retraite, puisque la plupart n’ont pas accès à un régime de retraite d’employeur. L’augmentation du taux d’inclusion des gains en capital pour les entreprises créera un nouvel obstacle à la rétention et au recrutement des médecinsdans un contexte où notre système de santé et nos prestataires de soins sont déjà sous pression constante.

Les médecins se retrouvent désormais confrontés à la perspective d’une pression financière accrue, notamment en ce qui concerne leur capacité à planifier et à épargner pour leur retraite. En plus de nuire au bien-être des professionnels de la santé, cette situation met en péril la stabilité de notre système de santé déjà médiocre. Le risque que des médecins déjà surmenés quittent la profession ou réduisent leur temps de travail en réponse à cette augmentation d’impôts est réel.

Prenez quelques minutes pour reprendre votre souffle.

Maintenant, soyons sérieux.

Un médecin gagne en moyenne près de 400 000 $ au Canada, plus au Québec. Dans le cas des spécialistes, les revenus peuvent atteindre le double.

En plus d’avoir droit à une rémunération huit à seize fois supérieure à celle de l’ours moyen, les médecins ont le privilège de pouvoir exercer à travers une entreprise. Dans la plupart des cas, il ne s’agit pas « de mieux servir la population canadienne », mais de réduire et de reporter les impôts, de faire fructifier l’argent au sein de leur entreprise.

Même après l’augmentation du taux d’inclusion des gains en capital dans les sociétés, celui-ci demeure avantageux.

En plus de l’argent qui fructifie au sein de leur entreprise, les médecins disposent des mêmes outils que n’importe quel autre contribuable pour épargner en vue de la retraite : le REER et le CELI. Ils sont cependant les rares à pouvoir les remplir tous en même temps, les deux doigts dans le nez. Je ne parle même pas du CELIAPP et du REEE auxquels ils ont aussi accès, et dont ils pourraient facilement se passer pour acheter une maison et payer les études de leurs enfants.

Dans ces conditions qui les placent au sommet, en quoi l’augmentation du taux d’inclusion des plus-values ​​au sein de leur éventuelle « entreprise » risque-t-elle de détourner les intéressés de la profession, me direz-vous ? Et pour faire quoi ? Devenir astronaute ? Vous déménagez aux États-Unis ou aux Émirats ?

C’est comme si la crise du système de santé pouvait être résolue comme par magie en réduisant les impôts sur la profession médicale. Nous avons déjà augmenté leurs salaires, mais cela n’a pas pour autant désencombré les urgences ni réduit le nombre de patients orphelins.

Cette version d’AMC est pour le moins maladroite (comme un vieux blague de Claude Blanchard), d’autant qu’il n’a pas la moindre chance d’être entendu. Aucune fédération (spécialistes, médecins généralistes) n’a fait écho à cela au Québec.

Cela aurait été embarrassant.

***

MytheBusters

Bon, ce n’est plus drôle. Pour alléger l’atmosphère, citons le lecteur André, qui a ainsi réagi à ma chronique sur STATUT :

«Eh bien, Daniel, si nous traitions de fiscalité avec autant d’invraisemblance que de santé et de médecine d’urgence, vous passeriez votre temps comme MytheBusters pour désamorcer les fausses évasions fiscales qui s’y produiraient !

Exactement, c’était l’idée.

***

Le Québec augmente les impôts

Quelqu’un a-t-il cru deux secondes qu’Éric Girard maintiendrait l’impôt sur les plus-values ​​à son niveau actuel ? La décision d’Ottawa s’applique automatiquement dans les juridictions provinciales, à l’exception du Québec. Ici, il faut harmoniser formellement, ce qui a toujours été le cas.

Il était tellement prévisible que le Québec allait s’aligner que tous les calculs présentés dans les médias québécois au lendemain du budget fédéral le tenaient pour acquis.

Le ministre des Finances affirme avoir réfléchi à l’idée. Si c’est vrai, probablement pas plus de trois secondes.

Dire que le gouvernement Legault « augmente les impôts » et comparer cette harmonisation aux « taxes oranges » comme le fait Marc Tanguay du Parti libéral est de pure mauvaise foi.

Si vous souhaitez répondre à cette chronique, écrivez-nous à [email protected]. Certaines réponses pourront être publiées dans notre rubrique Opinions. Si vous souhaitez contacter directement notre chroniqueur, vous pouvez le faire à [email protected].

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Les Canadiens en demi-finale des qualifications olympiques au Japon
NEXT Pourquoi les langues régionales peuvent-elles sauver le tourisme en milieu rural ? – .