Encre bleue du 25 avril

Un rhume qui vous empêche de dormir dehors. La nature souffre et ceux qui la cultivent meurent chaque nuit par peur de nouvelles gelées matinales. Printemps maudit. Vraiment? Nous ne sommes décidément pas tous égaux face aux variations de température. S’il fallait se réincarner pour échapper au froid, Julie choisirait la glycine sans hésiter.

Cette plante ornementale à floraison spectaculaire nous fait oublier la morosité actuelle. Elle vit sa vie, fidèle à sa réputation. Vigueur et rusticité sont les deux qualités reconnues de cette plante grimpante caduque, volubile et ligneuse.

« Ma vie de Glycine », c’est maintenant. Julie décide de contacter son contact en suivant les adresses qui apparaissent sur le fil de son agence locale. Rive gauche d’abord, en remontant les boulevards Philosophes et Helvétique. A l’intersection des deux, le mur en pierre de taille d’un hôtel particulier. Il sent si bon, orné d’un éventail de fleurs papilionacées rassemblées en grappes suspendues de couleur violette. Plus loin, vers Jean-Sénébier et Jaques-Dalcroze, on retrouve la même moquette odorante.

Julie se prend au jeu et en redemande. L’image envoyée depuis Plan-les-Ouates annonce un spot incroyable. Il est. Une cascade de glycines dévalant une façade. C’est Versailles. Non, un immeuble coopératif sur l’avenue du Millénaire. Quatre arbustes, plantés en 2006. Ils s’invitent à dîner dans chacun des dix appartements, en passant par les balcons, un bouquet bourdonnant à la main.

Les abeilles participent à la fête. La nature en ville est là. Elle a son étang, ses amphibiens et ses jardiniers attitrés au rez-de-chaussée qui, toute l’année, balayent les feuilles, les fleurs et les graines de cette plante vivace envahissante. Ses tiges sont si puissantes qu’elles parviennent à tordre les montants de la balustrade. Stylé, la force végétale qui habite cette adresse où Julie rêve de s’installer.

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