Chantier naval de Casablanca, port de Nador West Med, GNL, réacteur nucléaire, banques, céréales… La stratégie RUSSE pour le Maroc

Les domaines de l’énergie et des infrastructures sont considérés comme prioritaires par le Kremlin.

Géostratégie : Le Maroc est au cœur de la nouvelle stratégie russe pour le continent africain où la Russie « poutinienne » tente par tous les moyens de trouver une base durable face aux Occidentaux mais aussi face aux alliés asiatiques. Aperçu.

En décembre 2016, le secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie Nikolai Patrushev a effectué une visite de travail dans le Royaume. Le timing de cette visite, qui intervient quelque temps après l’annonce du projet de gazoduc Maroc-Nigéria, et la composition de la délégation russe démontrent que la relation et le partenariat avec le Maroc relèvent désormais de la sécurité nationale de la Russie. Depuis lors, les autorités russes ont multiplié leurs efforts pour s’impliquer davantage dans l’économie marocaine, qui a fait preuve au cours des deux dernières décennies d’un dynamisme et de performances remarquables à l’échelle du continent. Les domaines de l’énergie et des infrastructures sont considérés comme prioritaires par le Kremlin. L’accent est principalement mis sur les infrastructures portuaires. Les tensions sur le Vieux Continent poussent les armateurs russes à rechercher des alternatives fiables sur la rive sud de la Méditerranée ainsi que sur la côte atlantique. Les ports marocains ont ainsi très vite « touché » les radars russes.

C’est notamment le cas du chantier naval de Casablanca. Dans ce sens, le chef du bureau de représentation de l’Agence fédérale des pêches (Rosrybolovstvo) au Maroc, Mikhaïl Tarasov, a déclaré à l’agence de presse russe TASS que « dans le cadre de l’ouverture prochaine d’un nouveau chantier naval dans le port de Casablanca, des travaux de réparation d’un groupe de navires de pêche russes opérant dans la zone Atlantique Centre-Est seront également réalisés dans des entreprises marocaines”, précisant qu’il est “envisagé de déplacer la base de réparation de Casablanca, ce qui apportera une coopération russo-marocaine dans le domaine”. de la pêche à un nouveau niveau. Cela implique des centaines de millions d’euros qui seront versés aux entreprises locales de réparation navale, ainsi que des centaines d’emplois pour les Marocains. A l’avenir, il sera possible d’attirer des entreprises russes spécialisées pour effectuer des travaux de réparation dans le port de Casablanca. Les installations de réparation navale de Casablanca pourront pleinement concurrencer les chantiers navals des îles Canaries. La concurrence devient très rude concernant le chantier naval du port de Casablanca. Outre les Français de Naval Group, des opérateurs turcs, coréens et espagnols, sans oublier les Russes, se positionnent déjà sur ce projet stratégique qui pourrait avoir à l’avenir un volet militaire.

Les opérateurs russes s’intéressent au port de Nador West Med en raison de la vocation énergétique de ce port.

Les opérateurs russes s’intéressent également au port de Nador West Med en raison de la vocation énergétique de ce port. Un intérêt qui ne date pas d’aujourd’hui. Dès 2019, un accord pour la construction d’un complexe pétrochimique d’une valeur de près de deux milliards d’euros au Maroc avait été signé à Sotchi, en marge du Forum économique Russie-Afrique. L’accord prévoit la construction d’une raffinerie utilisant le savoir-faire russe et les dernières technologies de raffinage et de stockage des produits pétroliers. Ce projet s’inscrit également dans une démarche respectueuse de l’environnement et permettra au Royaume de contribuer à la réglementation « IMO 2020 » qui implique la réduction des émissions de soufre, dont le Maroc est signataire dans le cadre des engagements de la COP22 à Marrakech. Selon les initiateurs de ce projet, le développement et la mise en œuvre de ce dernier se feront en partenariat avec différents acteurs russes du domaine et qui apporteront l’expertise, la technologie et les équipements nécessaires. Par ailleurs, les appels d’offres lancés par le Maroc concernant le GNL (Gaz Naturel Liquéfié) intéressent au premier chef les acteurs russes, notamment en ce qui concerne les bateaux de stockage et les usines de gazéification.

Finance

Mais les responsables russes semblent se heurter depuis quelque temps à un écueil lié notamment au secteur financier, justement pour effectuer les transferts nécessaires et pouvoir soumissionner facilement.
«Les représentants des milieux d’affaires des deux pays s’interrogent périodiquement sur la nécessité de la présence du secteur bancaire et financier russe au Maroc pour faciliter la participation aux appels d’offres gouvernementaux dans le Royaume, ainsi que pour réaliser des opérations bancaires d’importation. et exporter avec des partenaires marocains », a déclaré le chef de la mission commerciale russe au Maroc. Pas grave! Bank Al-Maghrib et Banque de Russie (banque centrale de la Fédération de Russie) ont signé un protocole d’accord visant à améliorer et renforcer les relations de coopération entre les deux institutions. Le protocole d’accord conclu entre les deux parties porte sur l’échange d’informations et d’expertise dans plusieurs domaines, à savoir la conception et la mise en œuvre de la politique monétaire ; politique macroprudentielle et préservation de la stabilité financière ; le développement des systèmes et moyens de paiement ; la réalisation et la mise en œuvre de stratégies d’inclusion financière et, enfin, la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. D’autres secteurs intéressent également les autorités russes.

En effet, le gouvernement russe a approuvé en 2022 un accord de coopération entre Moscou et Rabat dans le domaine de l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques. L’accord visant à mettre en œuvre la coopération entre les deux pays dans au moins 14 domaines a été négocié du côté russe par la société d’État Rosatom et coordonné avec le ministère russe des Affaires étrangères, ainsi qu’avec d’autres autorités et préalablement convenu avec la partie marocaine. Dans le secteur agricole, la Russie s’est déclarée prête en octobre à fournir du blé au Maroc à un prix raisonnable. Selon l’ambassadeur de Russie au Maroc, Vladimir Baïbakov, dans un entretien à l’agence TASS, « la Russie et le Maroc exportent vers les deux pays les produits les plus demandés sur leurs marchés respectifs. Le charbon et les produits pétroliers représentent une grande partie des importations marocaines, tandis que la Russie achète des agrumes et du poisson. Nous sommes prêts à fournir du blé au marché à un prix raisonnable. Dans un contexte de nouvelles conditions géopolitiques et d’exacerbation des crises énergétique et alimentaire, un tel partenariat est particulièrement important.

Les appels d’offres lancés par le Maroc concernant le GNL (Gaz Naturel Liquéfié) intéressent au premier chef les acteurs russes.

Coopération

Forum. Marrakech a accueilli fin 2023 les travaux de la 6ème édition du Forum de coopération Russie-Monde arabe. Cette réunion, à caractère régional, tenue au niveau des ministres des Affaires étrangères, a été présidée par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita.

Cette réunion s’est déroulée en présence du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, du secrétaire général adjoint de la Ligue arabe Houssam Zaki et des délégations ministérielles des États arabes participants. Le Maroc a été désigné pour accueillir cette édition du Forum lors de la précédente édition tenue en avril 2019 à Moscou. Il a été convenu que cette édition se déroulerait sous la forme d’une Troïka élargie composée du secrétaire général de la Ligue arabe, des trois membres de la Troïka ministérielle arabe et de la présidence du Sommet arabe.

Cette édition a examiné les questions de coopération entre la Russie et le monde arabe, conformément aux pratiques actuelles. L’importance de ce Forum s’est accrue ces dernières années en tant que plate-forme d’échange de vues et de coordination des positions sur diverses questions aux niveaux régional et international, en tenant compte des intérêts et des priorités liant les partis arabes et russes dans les domaines politique, économique et commercial. des champs.

Dates clés

Accord de libre-échange

En 2023, Vladimir Poutine a annoncé que des accords de libre-échange étaient prévus avec toute l’Afrique du Nord, dont le Maroc. Selon le président russe, la zone de libre-échange nord-africaine sera intégrée à l’Union économique eurasienne (EAEU).

Nucléaire

Le gouvernement russe a approuvé en 2022 un accord de coopération entre Moscou et Rabat dans le domaine de l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques. L’accord, qui prévoit la mise en œuvre d’une coopération entre les deux pays dans au moins 14 domaines, a été négocié du côté russe par l’entreprise publique Rosatom et coordonné avec le ministère russe des Affaires étrangères.

Raffinerie

En 2019, un accord pour la construction d’un complexe pétrochimique d’une valeur de près de deux milliards d’euros au Maroc avait été signé à Sotchi, en marge du Forum économique Russie-Afrique. L’accord porte sur la construction d’une raffinerie pour le raffinage et le stockage de produits pétroliers.

 
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