Ce maire qui décide de baisser les impôts

C’est assez rare pour être souligné en cette période où de nombreux maires augmentent les impôts, même si sur le plan financier, c’est assez « symbolique », admet Yannick Boëdec, le maire de Cormeilles-en-Parisis (Val-d’Oise). Pour un contribuable qui paie 1 500 € de taxe foncière, cela fait 10 € de moins.

Hausse des valeurs locatives : +3,9% pour tous

La Ville a décidé lors du dernier conseil municipal de baisser le taux de la taxe foncière sur les propriétés bâties de 0,25 point, soit 0,7% par rapport à 2023.

Un effort qui compense l’augmentation des valeurs locatives cadastrales, votée par le Parlement (+3,9%, qui augmente d’autant la taxe foncière). Mais aussi la hausse de 6,5% du taux communal votée par les élus de Cormeilles l’an dernier.

Azur et Gemapi également en baisse

« Le syndicat Azur applique quasiment la même réduction et normalement la Gemapi (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) serait également très légèrement réduite. Ainsi à Cormeilles nous préférerions voir une augmentation de l’ordre de 3% au lieu de 3,9%. Cela représente un effort de 150 000 € », a souligné Yannick Boëdec.

Le maire s’inquiète d’un ministre de l’Économie qui veut « faire les poches » des collectivités locales

Comment la Ville a-t-elle réussi à baisser les impôts ?

« Le résultat 2023 est meilleur que ce que nous avions prévu », confie l’élu. Nous avions prévu une augmentation du coût de l’énergie de 2,5 millions, mais elle ne sera que de 1,8 million. Nous rendons donc 150 000 € sur 700 000 € car nous préférons être prudents, avec un ministre qui a annoncé vouloir vider les poches des collectivités locales en leur faisant financer le quart des efforts budgétaires. Nous verrons “.

Pour l’opposition, la mairie aurait pu faire plus

Michel Jallu, élu d’opposition (Pcf), a estimé que la Ville aurait pu pousser le curseur un peu plus loin.

« Il y a une notion que vous oubliez, explique Yannick Boëdec, ce sont les coûts qui vont augmenter. Dans le budget initial, la masse salariale passe de 18,8 millions d’euros à 20,2 millions, soit 1,3 à 1,4 million de plus, avec seulement deux embauches supplémentaires, liées à l’école de sport. Cette augmentation doit être financée (…) On aurait peut-être pu pousser plus loin… Par contre, si vous trouvez actuellement une ville qui baisse son taux de taxe foncière dans le contexte actuel, vous me donnez son nom ! »

“Selon les chiffres de la direction générale des finances publiques”, poursuit Michel Jallu, “le taux d’imposition à Cormeilles est légèrement supérieur à la strate”.

« Vous avez un an de retard, ce sont les chiffres de l’année dernière. On se retrouve dans un an, avec une taxe foncière qui aura baissé pendant que d’autres l’augmentent ! », sourit Yannick Boëdec.

L’année dernière, dans un contexte marqué par une forte hausse des prix de l’énergie (+400% pour le gaz, +100% pour l’électricité), la revalorisation des points d’indice des fonctionnaires, la réduction des transferts de droits et tous les contrats qui avaient subi des augmentations , représentant au total 3 millions de dépenses supplémentaires, la Ville avait voté une augmentation du taux de +6,5% et les assiettes votées par l’Assemblée nationale avaient été augmentées de 7,1%.

Une hausse du taux de 6,5% en 2023

Face à la colère d’un Cormeillais furieux de voir ses taxes foncières augmenter de près de 14%, Yannick Boëdec a estimé qu’à ses yeux ce n’était pas le cas.

« Ce n’est pas normal que seuls les propriétaires paient les services municipaux, sauf que je n’ai rien demandé, je l’endure. Une loi votée par la majorité parlementaire ayant décidé de supprimer la taxe d’habitation, seule subsiste la taxe foncière. Pour être honnête intellectuellement, les impôts locaux que les gens paient en 2023 sont inférieurs de 40 % à ceux de 2020 en raison de la suppression de la taxe d’habitation », a-t-il reconnu.

La baisse du taux de la taxe foncière a été votée à l’unanimité, avec deux abstentions. Quant à l’avenir, Yannick Boëdec ne veut pas prendre de l’avance :

« Chaque année suffit à sa punition. Des décisions nous coûteront cher : la participation à la mutuelle des agents, la garantie salariale… Je reste donc prudent. Peut-être avons-nous besoin d’une gestion dynamique des tarifs, en augmentant lorsque cela est nécessaire et en redonnant un peu lorsque les choses vont mieux.

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