FranceStrategie affine les estimations

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France Stratgie a estimé les prélèvements d’eau en 2020 à 31 milliards de mètres cubes pour 4,4 milliards consommés. Même 5,4 avec l’évaporation des réservoirs. Focus sur ces estimations, première étape d’une étude sur les tensions potentielles.

Un premier pas vers une meilleure connaissance des prélèvements et des consommations d’eau vient d’être franchi grâce à une analyse de France Stratgie (1) : l’institution rattachée au Premier ministre a regardé les données disponibles pour l’année 2020 et les a ajustées (2) pour aller de l’avant. niveau plus fin que les statistiques officielles.

Résultats? Concernant les prélèvements, les auteurs estiment qu’environ 31 milliards de mètres cubes d’eau douce sont extraits chaque année des lacs et rivières (82 %) et des eaux souterraines (18 %). Sont exclus les usages hydroélectriques et les départements et régions d’outre-mer (Drom).Les prélèvements d’eau sont parfois considérés à tort comme n’ayant aucun effet une fois l’eau restituée dans l’environnement. Cependant, toute collecte, quelle que soit sa part non restituée, aura un effet sur les milieux aquatiques et les usages en aval, peut-on lire dans le rapport. Les conséquences peuvent prendre la forme de pollutions diverses, d’une augmentation de la température de l’eau, d’une restitution dans un site différent de celui d’origine ou encore d’un retard dans le retour à l’environnement.

« Le croisement et l’interopérabilité des différentes bases de données apparaissent indispensables pour constituer une base de données nationale. » Stratégie France

SiAujourd’hui l’eau des turbines pour la production d’électricité n’est pas considérée comme un prélèvement, le secteur de l’énergie en utiliserait cependant près de 14 milliards de mètres cubes. Les prélèvements liés au refroidissement des centrales nucléaires en circuit ouvert situées sur le Rhône (huit réacteurs sur les trente-huit situés en bordure du fleuve) représentent près de 75 % des soutirages du secteur de l’énergie, et 38 % du total des soutirages (tous secteurs), précise France Stratgie.

L’un des premiers prélèvements consisterait à alimenter les canaux, avec un volume extrait de 5,5 milliards de mètres cubes. Ces prélèvements vont augmenter du fait de la mise en service du canal Seine-Nord en 2030soulignent les auteurs.Les fuites de canal peuvent être importantes, de l’ordre de 25 %.

Entre 4 et 4,4 milliards de mètres cubes collectés pour l’usage domestique

Viennent ensuite les échantillons destinés à un usage domestique. L’institution les estime entre 4 et 4,4 milliards de mètres cubes. Mais les auteurs soulignent qu’il faut ajouter à ces volumes, les échantillons via forage national, qui représenterait 200 millions de mètres cubes par an. Pour mémoire, tout prélèvement inférieur ou égal à 1 000 m est considéré comme un usage domestique de l’eau.3 par an, qu’elle soit réalisée par une personne physique ou une personne morale.Cette pratique en expansion est probablement liée aux arrêts de plus en plus fréquents pour cause de sécheresse : les forages domestiques contourneraient, pour certains, les interdictions de différents usages (interdiction d’arroser, de remplir les piscines ou de laver les voitures), ils projettent. Un premier bilan laisse penser qu’environ 1,5 million de forages domestiques pourraient être en service, ce qui correspondrait à près de 9% des maisons individuelles, dont seulement 1 sur 50 serait déclarée.

Prélèvements d’eau (à gauche) et consommation (à droite) par bassin versant.© France Stratgie

Dans le cadre du Plan Eau, l’encadrement de ces petits prélèvements doit être renforcé, avec l’abaissement du seuil de déclaration des forages et la simplification de la procédure.

Le secteur agricole utilise 3,3 milliards de mètres cubes, principalement destinés à l’irrigation. Les superficies irriguées sont essentiellement destinées aux produits exportés, qu’ils soient destinés à l’alimentation animale ou humaine (34% des superficies irriguées). Vient ensuite la production d’aliments pour animaux (28%), puis celle pour les humains (26%), développer les auteurs.Sous l’hypothèse que les produits ont la même utilisation qu’ils soient exportés ou destinés à un usage interne, les volumes prélevés pour l’eau d’irrigation sont principalement destinés à la consommation humaine (44%), puis à l’alimentation animale (39%).

Augmentation de l’irrigation, en particulier dans le nord

Cette irrigation est également en augmentation, notamment dans le nord de la France (+ 78 % en Artois-Picardie) où elle reste peu présente.

Agences Part des exploitations équipées Superficie équipée (milliers d’hectares) Evolution des superficies 2010-2020
Rhin-Meuse 13% 82 22%
Artois-Picardie 20% 196 78%
Seine-Normandie 9% 395 24%
Loire-Bretagne 16% 890 22%
Adour-Garonne 26% 793 12%
Rhin-Méditerranée 33% 463 29%
la Corse 46% 21 49%
Total 21% 2843 23%

Source : France Stratgie

Concernant le secteur industriel et le BTP, les auteurs estiment qu’ils prélèvent 1,8 milliard de mètres cubes dans l’environnement et 0,5 milliard dans le réseau d’eau potable. Les industries chimiques, pharmaceutiques et agroalimentaires représentaient 58 % de ces échantillons en 2020, en France métropolitaine. Les bâtiments publics et le tertiaire commercial (3) (hors loisirs) ont consommé 467 millions de mètres cubes en 2020 et les activités de loisirs (4), 157 millions de mètres cubes.

Selon France Stratgie, ces chiffres devraient encore pouvoir être affinés. A titre d’exemple, l’institution indique que sur le bassin versant Adour-Garonne, selon qu’elles proviennent des bases de données de l’agence de l’eau ou du Registre national des émissions de polluants (IREP), les valeurs des prélèvements pour les établissements industriels ne sont pas pareil : 71 millions pour le premier contre 76 millions pour le second.Le croisement et l’interopérabilité des différentes bases de données (BNPE, OUGC, IREP, bases de données de la police de l’eau sur les ouvrages de prélèvement) apparaissent indispensables pour constituer une base de données nationale. Cela bénéficierait également de l’inclusion d’échantillons en dessous de 10 000 m3 , notent les auteurs.

Une consommation totale de 4,4 milliards de mètres cubes

Quant à la consommation de ces volumes collectés, France Stratgie estime qu’en 2020 elle était de plus de 4,4 milliards de mètres cubes.Le stockage artificiel de l’eau – hydroélectricité, réservoirs agricoles, plans d’eau ornementaux, etc. – ne sont actuellement pas considérés comme des consommateursrappelle France Stratgie.Une première estimation du phénomène d’évaporation montre que ces stockages pourraient générer une consommation de l’ordre d’un milliard de mètres cubes par an, portant ainsi la consommation annuelle à 5,4 milliards de mètres cubes..

Estimation des consommations : comment ça marche ?

Comment passer d’un échantillonnage à une estimation de consommation ? Pour se rapprocher de la réalité, la Direction des Données et Etudes Statistiques du ministère de la Transition écologique utilise des facteurs de consommation (part d’eau vaporisée ou incorporée) appliqués au volume prélevé pour les différents usages : eau potable, eau industrielle, agricole ou énergétique. . remarque : pour le moment, la consommation du canal est considérée comme nulle.
France Stratgie a formulé des estimations alternatives, en tenant compte notamment de la littérature scientifique. Elle propose ainsi un facteur de consommation des réseaux d’eau de 12 % (contre une convention appliquée aujourd’hui de 20 %), de 100 à 20 % selon le système d’irrigation utilisé, entre 8 et 27 % selon l’activité industrielle. (contre 7% aujourd’hui), et 0,3% pour les chaînes.

L’institution souligne qu’il existe près de 670 000 prélèvements et réserves artificielles en France.

Le principal consommateur reste l’irrigation agricole qui représente près des deux tiers (irrigation des cultures principalement concentrée dans le sud et l’ouest de la France). En France, l’impact de la consommation d’eau est plus important en période estivale (de juin à août), principalement en raison des besoins d’irrigation, note France Stratgie.Selon le Sdes, la consommation d’eau [ cette priode] représenterait alors environ 60 % du total annuel, alors que l’eau douce transitant par les rivières ne correspond qu’à 15 % du volume annuel.

Plus généralement, le service du Premier ministre souligne qu’une étude plus approfondie de la dynamique saisonnière est nécessaire, compte tenu de la grande variabilité des volumes d’eau disponibles et de la demande en eau au cours de l’année.

À l’avenir, les ressources en eau devraient évoluer en raison du changement climatique et la demande varier en fonction de la dynamique démographique et des politiques de décarbonation et d’industrialisation, pour n’en citer que quelques-unes, souligne France Stratgie. La question de l’eau doit être mieux prise en compte dans l’élaboration des différentes politiques publiques et dans leur territorialisation.C’est dans cet objectif quedes travaux prospectifs sous différents scénarios d’usage et sous différents scénarios climatiques sont en cours. Ces travaux, qui culmineront au second semestre 2024, permettront d’identifier les territoires et les périodes où des conflits d’usage pourraient potentiellement surgir..

Article publié le 23 avril 2024

 
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