“L’argent de la Haute-Loire doit rester en Haute-Loire” : focus sur ces circuits courts du Chemin de Saint-Jacques

“L’argent de la Haute-Loire doit rester en Haute-Loire” : focus sur ces circuits courts du Chemin de Saint-Jacques
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Sur le GR65, dans les petites communes autour du Puy, hébergeurs, producteurs locaux et commerçants se côtoient. Ensemble, nous devons maintenir l’économie locale en vie. Du compte bancaire au tiroir-caisse, en passant par le portefeuille, l’argent ne doit pas quitter les frontières de la Haute-Loire.

Un ici, un autre là. Encore un dernier creux. A peine 120 habitants à Montbonnet, et une densité d’hébergements surprenante pour ce hameau rattaché aux Bains. La petite place prospère grâce au sac des pèlerins.
Au gîte La Première Étape, Anne et Didier ouvrent leurs portes aux aventuriers du Chemin tous les jours de toute la période jacobéenne. Et même les heures supplémentaires sont nécessaires hors saison. Leur hospitalité est basée sur « l’amour, le partage et la générosité ». Capitalisme oblige, c’est aussi leur gagne-pain.
Souvent le gîte est plein. Dans ce cas, pas question de laisser sur place des randonneurs épuisés. Le couple préfère les orienter vers les établissements de leurs confrères. « Nous avons tout intérêt à nous serrer les coudes », justifient les deux amis. Sur le Chemin, « nous, les commerçants, sommes tous les maillons d’une chaîne. Si un seul casse, tout s’effondre. »
Il arrive parfois qu’un pèlerin, trop ambitieux dans ses prétentions et épuisé par les kilomètres déjà parcourus, soit contraint de s’arrêter plus tôt que prévu. Il trouve alors refuge chez Anne et Didier. « Si le voyageur souhaite séjourner chez nous et a déjà réservé un hébergement ailleurs, nous lui demandons de le prévenir pour annuler. » Politesse et fair-play.
La règle d’or entre hébergeurs est la suivante : « Nous ne nous volons pas injustement les clients les uns des autres. » Il y en a pour tous les goûts, il y a de la place pour tout le monde et « pas de concurrence » sur ce GR65 à la réputation de plus en plus commerciale. A Montbonnet, hébergeurs, commerçants et producteurs locaux ont choisi de jouer collectivement. Pour faire tourner l’économie locale, « il faut se serrer les coudes ».
Verveine, Fin gras du Mézenc, ou Agneau noir du Velay. Anne est formelle. Ici, on joue la carte ultra-locale : « L’argent de la Haute-Loire doit rester en Haute-Loire. »
Elle privilégie, comme la plupart de ses collègues, les produits locaux : il est important de « faire fonctionner l’économie locale ». D’ailleurs, la ferme-auberge L’Arche de Gabriel en a fait son maître-mot. Située à Saugues, elle achète exclusivement des denrées alimentaires dans un rayon de 10 km à la ronde. « Les fruits et légumes proviennent du maraîcher du Gévaudan. Viandes et charcuteries du boucher Julien Bonhomme. »

« La qualité, ça paye »

Même son de cloche pour Sandrine, gérante du gîte Lenti you au hameau de Ramourouscle. Pour le fromage et le beurre, « nous mettons les agriculteurs du secteur au travail. Pour le pain, nous l’achetons à la boulangerie Bouquet, au Puy. Pour d’autres petites courses en plus, « on garde en vie le petit Vival du coin ». Pour la bonne continuité de ce précepte, il faut puiser plus allègrement au portefeuille. Mais « la qualité est payante », donc le « coût » en vaut la peine. Sur toutes les tables, bien sûr, le produit phare : les lentilles du Puy. Hors de question de rechercher la légumineuse du Berry, les blondes de Saint-Flour, encore moins le masoor daal du Rajasthan. Ici, de nombreux propriétaires cultivent leur propre or vert. Faut-il voir dans ce système d’économie circulaire un entre-soi vertueux ou un protectionnisme chauvin ?

Chloé Lopez et Jeanne Barraud

Tous les articles des étudiants en journalisme sur l’économie autour du Camino de Santiago dans notre dossier spécial

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