La police suisse se forme à la gestion de la maltraitance animale – rts.ch

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La police et la justice suisses se spécialisent pour mieux faire face aux violences et abus sexuels commis contre les animaux. Le canton de Genève compte même désormais un inspecteur de police dédié uniquement à la maltraitance animale.

Un cas concret dans lequel cet inspecteur a été sollicité : Une femme arrive avec son chihuahua chez le vétérinaire. Le chien est dans un état catastrophique : il est presque dans le coma et son crâne est fracturé à plusieurs endroits. Le propriétaire explique au vétérinaire genevois s’être pris un coup sur la tête alors qu’il était sous la surveillance de son compagnon. Mais l’histoire ne correspond pas aux blessures. Le vétérinaire signale le cas.

L’inspectrice spécialisée en maltraitance animale Florence Courbat se souvient avoir entendu le compagnon de la maîtresse du chien. Dans un premier temps, il nie toute violence. Mais face aux preuves du rapport vétérinaire, il finit par avouer. “Il a dit que le chien l’avait mordu (ce qui n’était pas prouvé car il n’avait aucune marque), et qu’il s’était emporté”, raconte Florence Courbat dans La Matinale de la RTS. “Il a frappé le chien à deux reprises sur le sol, près de la cheminée.”

Cette fois, l’histoire correspond aux blessures et traces de sang retrouvées près de la cheminée lors de la perquisition. L’homme est reconnu coupable de maltraitance envers les animaux.

Pauvres policiers

A Genève, depuis un an, Florence Courbat est la référence en la matière. L’inspectrice spécialisée en maltraitance animale, qui travaillait à la brigade des mœurs avant la création de son poste, explique que de nombreux policiers ne connaissent pas les infractions impliquant des animaux.

« Nous avons eu des enquêtes qui portaient sur des abus sexuels et des actes de zoophilie sur des juments. Nous étions un peu démunis face à cela », se souvient-elle. Ce nouveau poste dédié au traitement de ces infractions est donc important, selon Florence Courbat, pour que ses collègues puissent s’appuyer sur son expertise en cas de problèmes concernant les animaux.

Le policier travaille un inspecteur du service vétérinaire cantonal. Ceux-ci identifient souvent mieux les abus potentiels, lorsque les blessures d’un animal ne correspondent pas à ce que disent les propriétaires, par exemple. Ils vont parfois jusqu’à pratiquer des autopsies. Plus leur rapport est détaillé, plus l’enquête pourra avancer.

Dans les autres cantons romands, les services vétérinaires cantonaux gèrent seuls ces investigations. Leurs moyens sont alors plus limités : ils ne peuvent pas arrêter ou mettre en détention un suspect qui se met en colère, par exemple. Seule la police cantonale bernoise peut également compter sur des experts en maltraitance animale depuis 2000. Du côté germanophone en revanche, plusieurs cantons le font depuis longtemps.

De nombreux crimes

Une fois l’enquête terminée, le dossier passe entre les mains du parquet. Certains cantons, comme Vaud et Genève, disposent même de procureurs spécialisés. Cette expertise permet de mieux faire respecter les droits des animaux, assez complexes en Suisse. Une loi et plusieurs ordonnances détaillent même les besoins spécifiques de l’espèce, car les abus peuvent prendre différentes formes.

«Il suffit de laisser un animal au soleil et de le faire souffrir quelques heures pour qu’on puisse déjà parler d’un délit», indique le procureur de Genève Frédéric Scheidegger. “Il existe un certain nombre de situations qui sont de nature pénale et qui doivent donc être poursuivies avec sérieux.”

>> Lire aussi : Près d’un adolescent sur dix a déjà maltraité des animaux

L’auteur peut être condamné à une amende pouvant aller jusqu’à 180 jours en cas de négligence, et à la prison si l’abus est intentionnel. Mais les sanctions sont rarement aussi lourdes, déplore la fondation Tier Im Recht, qui recense tous les dossiers traités par les tribunaux suisses. «Nous constatons des lacunes dans l’application de la loi», déclare Bianca Körner, avocate de la fondation. « Les sanctions prévues sont largement sous-utilisées. Ils ne peuvent donc pas déployer leur effet dissuasif.»

Si l’avocate estime que les cantons doivent se former pour juger ces dossiers, elle souligne néanmoins qu’on va vers le meilleur. Les mentalités évoluent et les cas sont davantage signalés et pris au sérieux. Le nombre de jugements prononcés pour maltraitance animale en Suisse est passé de 500 par an il y a 20 ans à plus de 2000 aujourd’hui.

Anouk Pernet/edel

 
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