Les vignerons et arboriculteurs de l’Icaunais s’organisent pour lutter contre les risques liés au gel sur leurs vignes et vergers, alors qu’une vague de froid frappe la France fin avril. Récit d’une nuit mouvementée scrutant heure par heure la baisse des températures.
La baisse des températures fait craindre le pire pour les vignerons et vergers de l’Yonne en cette dernière semaine d’avril 2024. La redoutable nuit du dimanche 21 avril au lundi 22 avril n’a finalement pas causé trop de dégâts sur l’ensemble du pays chablisien. Constamment réveillés par leurs systèmes d’alerte directement liés aux sondes, les professionnels du secteur n’ont en revanche pas dormi de la nuit. « Quand la sonde est à +0,5°CI je suis dans mon lit, mais à +0,4°C, je suis déjà au bout de la vigne ! ironise Vincent Laroche du domaine Lameulière, à Fleys.
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Chères bougies
Lorsque le moment critique arrive, des choix doivent être faits, car les ressources humaines et matérielles sont trop limitées pour protéger l’ensemble de la production. « Nous privilégions ce que nous valorisons le plus : les premiers crus et le bas du coteau. Nous avons brûlé l’équivalent de 800 bougies hier soir, soit près de 10 000 €. Sur ce que nous avons chauffé, nous n’avons fait « qu’environ 3 % de pertes », relativise Vincent Laroche. Chez nous, le mercure descendait précisément « à -0,92°C et à -0,53°C dans les premiers crus ».A Auxerre, au Clos de la Chainette, les vignerons ont allumé les bougies dans la nuit de dimanche à lundi. Photo Julie Rougeot
A Chablis, Louis Poitout n’a dormi qu’une demi-heure avant d’être alerté vers 22h30 « Ma sonde m’a réveillé à +2,5°C. Les arroseurs fonctionnaient dans tout Chablis. Les tours de Maligny commencèrent. Il y avait aussi quelques bougies vers Fleys. Vers 8 heures, nous éteignons tout.
Les vergers préservés
Du côté des arboriculteurs, « l’effet yoyo » des températures, entraîné par les passages nuageux, a été favorable. « Il y a eu une première alerte à 0°C vers 23h30 puis une seconde vers 13 heures. J’ai démarré la protection antigel par pulvérisation. Tout a tenu le coup », se souvient Vincent Lorne, arboriculteur à Cuy.
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A Dicy, Pauline Gois-Raout, la gérante du Clos de Rochy, pousse un soupir de soulagement. « On est descendu à -0,6°C et on agit à partir de -1,5°C. Nous n’avions pas besoin d’allumer les bougies. Une chance, quand on sait que les pommiers sont actuellement en fleurs et que les poiriers ont atteint la fin de leur floraison. « Si nous n’intervenons pas, les fleurs sont brûlées par le gel. Les gelées d’avril sont celles que nous redoutons le plus.
Dégâts au Clos de la Chaînette
A Auxerre, le vignoble du Clos de la Chaînette a souffert. « Une partie des vignes a souffert du gel. Nous avons utilisé les quelques bougies restantes de l’année dernière. L’arrivée du froid en avril n’était pas forcément attendue», regrette Guillaume Fagnou, le directeur du Centre hospitalier spécialisé de l’Yonne (CHSY). Ce dernier assure que d’autres moyens de protection sont à l’étude pour l’année prochaine. Mais la procédure est longue. « Il y a un marché public et l’utilisation de ventilateurs à air chaud nécessite d’amener l’électricité aux vignes », explique-t-il.
A Auxerre, au Clos de la Chainette, les vignerons ont allumé les bougies dans la nuit de dimanche à lundi. Photo Ludovic Riou
Le risque de gelées matinales persistera toute la semaine. Mardi matin, Météo France prévoit 0°C dans une bande allant de Saint-Fargeau à Noyers et 1°C à Auxerre, Tonnerre ou Saint-Florentin. Mercredi matin, le passage de pluies éparses sur une grande majorité du département favorisera une légère hausse des températures sous couverture nuageuse : 2 à 3°C au sud de l’Yonne, 4 à 5°C au nord. «Nous avons déjà remis les bougies en place pour les prochaines nuits», explique Vincent Laroche. “Je pense qu’on a de quoi tenir toute la semaine, mais chaque jour suffit à sa punition”, renchérit Louis Poitout.
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Thomas Ribierre
