Dialogue Suisse-Corée sur la montagne

Dialogue Suisse-Corée à la Fondation Baur

Publié aujourd’hui à 11h40

Tisser des fils entre créateurs, arts, époques et pays. C’est l’ambition du cycle de rencontres contemporaines de la Fondation Baur, lancé en 2019 avec « De terre et de soie » et continué deux ans plus tard par « Eloge de la Lumière ». Baptisé “Jusqu’à présent, si proche”la troisième partie fait dialoguer la Suisse et la Corée du Sud à travers une éminence paysagère aussi essentielle qu’emblématique pour les deux nations : la montagne.

Organisée par Laure Schwartz-Arenales, l’exposition prend le prétexte d’un double anniversaire : les 60 ans des relations diplomatiques suisse-coréennes et le centenaire de l’unique séjour effectué à Séoul par les créateurs du musée, le couple Alfred et Eugénie. Baur – célébrations auxquelles s’ajoutent les six décennies d’existence de la fondation. Afin de réunir tradition et modernité, matières et motifs, travail de la porcelaine et du papier, le directeur de l’institution a invité deux artistes du Pays du Matin Calme, Parc de démolition Ji-Young et Lee Lee Nam. Leurs œuvres font écho à des pièces conservées rue Munier-Romilly et à des objets prêtés par le Musée Guimetà Paris.

Des céladons aux teintes claires

« L’idée était d’explorer la Corée au sens large autour d’une thématique et d’ancrer la rencontre artistique dans la collection », explique Laure Schwartz-Arenales. De plus, Alfred Baur et sa femme aimaient beaucoup la montagne, nous avons de belles photos d’eux dans les Alpes.» La visite s’ouvre sur une ou deux photos des Genevois se rendant à Gyeongseong, l’actuel Séoul, en 1924.

Eugénie Baur devant le musée Changgyeong (aujourd'hui disparu), Séoul, 1924.

On découvre également les objets rares de l’art coréen réunis par le couple : des éléments architecturaux datant du VIIIee siècle ainsi que de délicats céladons aux teintes claires comme le ciel ou aux reflets de jade, ici nus, là incrustés de motifs, dont un exceptionnel vase monumental du XIIIee siècle décoré de grues et de nuages ​​faisant référence à l’immortalité. Leur éclat et leur minéralité reflètent le caractère sacré des Montagnes de Diamant, massif abondamment représenté par Jeong Seon, maître de la peinture coréenne du XVIIe siècle.e siècle qui continue d’inspirer les créateurs contemporains ; vous pourrez apprécier une reproduction d’un de ses paysages semi-réalistes dans la première salle.

Le deuxième espace est dédié aux panoramas du parc Ji-Young Demol. Né en Corée du Sud en 1970, l’artiste s’est installé il y a près de trente ans en Haute-Savoie, tout près de la frontière suisse. «J’aime beaucoup son travail, que je suis depuis longtemps», déclare le commissaire de l’exposition. Elle est venue en France pour étudier l’art occidental et depuis dix ans elle consacre son pinceau à la splendeur des paysages alpins, explorés avec son sac à dos.

« Gongnyong Ridges », encres et aquarelles, 2022

Laure Schwartz-Arenales propose à la plasticienne de retourner dans son pays natal, afin de peindre collines et lignes de crêtes. C’est le fruit de ce pèlerinage qui s’affiche à l’encre et à l’aquarelle sur les murs et que l’on parcourt comme on longerait les sommets. Laissant une large part aux marges et au blanc, son trait d’une exquise subtilité allié à son talent de suggestion font de ces panoramas un summum de délicatesse et de poésie.

Pot lunaire, dynastie Joseon, XVIIe-XVIIIe siècle, porcelaine blanche.

Même Source de création

Il y a un mélange de maîtrise technique et d’une dimension émotionnelle liée à « l’impression », selon ses mots, où convergent tradition et contemporanéité. La clarté de ces œuvres sur papier contraste avec les revêtements de porcelaine immaculée exposés au centre de la pièce, tel un célèbre pot de lune, dont la rondeur pure et frugale semble puisée à la même Source créatrice que l’écriture elliptique du peintre.

Plongée dans le noir, la petite salle attenante accueille les créations non moins magiques de Lee Lee Nam. Il vaut la peine de s’asseoir un instant pour profiter de ses films féconds qui incitent à la contemplation. Représentant majeur de l’art vidéo en Asie, ce spécialiste de l’animation né en 1962 réinterprète les chefs-d’œuvre du passé – comme Les Montagnes de Diamant de Jeong-Song.

Partant de l’original, il crée une lente chorégraphie visuelle, revisitant les paysages montagneux au gré des saisons et des époques, les peuplant d’animaux ou les recouvrant de villes futuristes et scintillantes, avant qu’ils ne retrouvent leurs contours originels et sacrés. . Autour de lui sont présentés un paravent et des objets du quotidien tirés du « cabinet des lettrés », contenant tous les outils nécessaires au calligraphe et rappelant à quel point cet art est celui du geste.

« Genève et le Salève », encres et aquarelles, 2022.

Le dernier chapitre replonge dans l’univers de Ji-Young Demol Park – et en Suisse. Cette fois, sous l’œil émerveillé du visiteur, se dévoilent des vues alpines, notamment sur le Cervin, et même un panorama sur Genève, avec le Salève, le jet d’eau et la cathédrale.

Jusqu’au 30 juin à la Fondation Baur, 8, rue Munier-Romilly. De 14h à 18h du mardi au dimanche.

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